DEBAT :
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COUPURES D'ÉLECTRICITÉ CONSÉCUTIVES À LA TEMPÊTE M. le président. La parole est à M. François
de Rugy, pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine. M.
François de Rugy. Monsieur le Président, je ne ferai aucun commentaire
sur l'attitude de nos collègues du groupe socialiste, radical, citoyen et divers
gauche. Mais nous souhaitons tous que les conditions d'un débat serein soient à
nouveau réunies dans notre assemblée. (Exclamations sur les bancs du groupe
de l'Union pour un mouvement populaire.) M. le
président. Je vous en prie, mes chers collègues. M. François
de Rugy. Monsieur le Premier ministre, ma question porte sur les
conséquences de la tempête qui vient de frapper durement le Sud-Ouest de la
France. Je voudrais tout d'abord exprimer notre solidarité, qui est sans
aucun doute celle de l'ensemble de l'Assemblée nationale, à tous les habitants
touchés par les dégâts de la tempête, et d'abord à celles et ceux qui ont
malheureusement perdu un de leur proche. J'associe tout particulièrement mon
collègue Noël Mamère, député de la Gironde, à ma question : il est actuellement
empêché de siéger avec nous, mais il suit la situation de très près. Sans
revenir sur le fait que les tempêtes que nous connaissons peuvent être un des
premiers effets des changements climatiques, je pense que tout le monde
conviendra qu'il faut nous préparer à une multiplication de ces événements
météorologiques dramatiques. Une des conséquences de la tempête a
particulièrement marqué les esprits : il s'agit des coupures de courant. Plus de
1,3 million de familles ont été privées d'électricité juste après la tempête, et
plus de 200 000 le sont encore aujourd'hui. Même s'il faut saluer
l'engagement des agents d'EDF pour effectuer les réparations au plus vite,
personne ne peut comprendre que l'on fasse le même constat après chaque tempête,
par grand froid ou lors de fortes chutes de neige. Il serait d'ailleurs logique
- et conforme au rôle de l'Assemblée - qu'une commission d'enquête soit créée
sur ce sujet, de manière à analyser les causes de ces dysfonctionnements et à
formuler des propositions pour y remédier. C'est en tout cas la demande que nous
formulons et qui, je l'espère, ne se heurtera pas au refus que votre
gouvernement nous a opposé sur d'autres sujets. Concrètement, l'Allemagne a
déjà enterré plus de 75 % de son réseau de transport et de distribution
d'électricité. En 1999, lors de la précédente grande tempête, EDF s'était
engagée à faire de même. Dans un premier temps, il avait été annoncé qu'aucune
ligne à haute tension ne serait plus construite, de manière à ne pas accroître
les risques. Cependant, non seulement cet engagement n'a pas été tenu, mais
l'État soutient actuellement plusieurs projets de création de lignes - dont une,
particulièrement importante, entre la Normandie, la Bretagne et les Pays de la
Loire - pour assurer un débouché au projet de centrale nucléaire
EPR. Monsieur le Premier ministre, ma question est simple : quelles mesures
concrètes comptez-vous prendre à court, à moyen et à long termes, pour sécuriser
durablement le réseau français de transport et de distribution d'électricité ?
(Applaudissements sur les bancs du groupe de la Gauche démocrate et
républicaine.) M. le président. La parole est à Mme
Michèle Alliot-Marie, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des
collectivités territoriales. Mme Michèle Alliot-Marie,
ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales.
Monsieur le député, vous me permettrez également de penser d'abord aux
familles des victimes de la tempête, qui a frappé dix-sept départements. Le
bilan humain est lourd, puisque nous déplorons quatre victimes directes. Deux
personnes sont décédées, faute d'électricité, parce que leur appareil
respiratoire s'est arrêté. Une autre est tombée d'un toit en essayant de réparer
les dégâts. On compte également d'autres victimes indirectes. Certaines ont été
blessées gravement par les émanations d'oxyde de carbone provenant des
générateurs mis en place pour pallier le défaut d'électricité. Ce bilan, s'il
est regrettable, est beaucoup moins lourd qu'en 1999 : on déplorait alors
quatre-vingt-douze morts et des milliers de victimes. Au-delà des pertes
humaines, il faut aussi dresser un bilan en termes de qualité de la vie. Au plus
fort de la tempête, 1,7 million de foyers ont été privés d'électricité. Mais,
grâce à l'action de tous, notamment des secours prépositionnés mis en place dès
l'alerte, à la solidarité qui s'est exprimée au niveau tant national
qu'européen, et à l'extrême rapidité des interventions, on ne compte plus que
207 000 foyers encore privés d'électricité. De plus, si, en 1999, il avait fallu
trois semaines pour restaurer le réseau, on peut espérer que, dès la fin de la
semaine, la quasi-totalité des foyers disposera de nouveau de l'électricité.
Nous devons cette efficacité aux conséquences que nous avons tirées de
l'expérience de 1999. J'en viens plus précisément à votre question sur
l'enfouissement des lignes. Depuis 1999, un effort important a été consenti par
RTE et surtout par EDF pour enterrer de nouvelles lignes. Il est en effet
impensable d'enterrer tout le réseau : une telle mesure coûterait 100 milliards
d'euros et elle s'avérerait techniquement impossible pour les lignes à très
haute tension. Cependant, il faut évidemment progresser dans tous les
domaines. C'est la raison pour laquelle nous organiserons dans une dizaine de
jours une réunion de retour d'expérience, en vue de tirer toutes les
conséquences de ce qui, dans les secours, a bien fonctionné ou s'est avéré
insuffisant. De cette manière, si nous sommes confrontés à de nouvelles
catastrophes du même type, nous serons encore plus performants.
(Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
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