DEBAT :
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DÉLÉGATION DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE EN ISRAËL ET À GAZA M. le président. La parole est à M. Renaud
Muselier, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire. M.
Renaud Muselier. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires
étrangères. Monsieur le président de l'Assemblée nationale, vous avez
conduit, en Israël, en Cisjordanie et en Palestine, une mission parlementaire
qui fut la première à se rendre à Gaza depuis la fin de la guerre. Elle était
composée de M. Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères,
de M. Ayrault, président du groupe socialiste, de M. Sauvadet, président du
groupe Nouveau Centre et de M. Lecoq, membre du groupe de la Gauche démocrate et
républicaine, et de moi-même. Nous avons été reçus par les plus hautes
autorités : par le Président de la République et le Premier ministre en Israël ;
par le Président de l'autorité palestinienne, le Premier ministre et le
secrétaire général de l'OLP à Ramallah. Nous n'avons pas souhaité établir de
contact avec le Hamas, qui ne respecte pas le droit international. M.
Guy Geoffroy. Très bien ! M. Renaud Muselier. À
Sdérot, nous avons pu mesurer combien dramatique était l'angoisse de la
population du sud d'Israël. À Gaza, nous avons rencontré la population et nous
sommes rendus dans les zones industrielles dévastées ; nous nous sommes
entretenus avec les ONG et avons aussi mesuré la terrible souffrance du peuple
gazaoui. Il est clair que la guerre ne résoudra rien et que seule une
solution politique peut apporter la paix, solution qui passe par une
réconciliation au sein de l'autorité palestinienne et par des négociations entre
celle-ci et l'État d'Israël. Il faut également tenir compte de l'influence
néfaste, sur le processus de paix et auprès du Hamas, de la Syrie et de l'Iran,
dont la démarche vise à la destruction de l'État d'Israël. L'attitude des
Présidents Sarkozy et Moubarak a été saluée, de même que le respect de la trêve,
bien qu'il soit aujourd'hui difficile. Toutefois, compte tenu des élections
israéliennes - dont va émerger un nouveau gouvernement -, de l'acceptation, par
le Président iranien, de la main tendue du Président Obama... M.
Jean-Paul Bacquet. C'était quand même autre chose que Kouchner
! Plusieurs députés du groupe socialiste, radical, citoyen et divers
gauche. Et la question ? M. Renaud Muselier. ...et
de l'aide que peuvent apporter les pays musulmans au Fatah, quelle est la
position de la France ? Quelle feuille de route notre pays se fixe-t-il afin que
la médiation tant attendue soit fructueuse pour notre diplomatie et pour la paix
dans cette région du monde ? M. le président. La parole est
à Mme Rama Yade, secrétaire d'État chargée des affaires étrangères et des droits
de l'homme. Mme Rama Yade, secrétaire d'État chargée des
affaires étrangères et des droits de l'homme. Permettez-moi tout d'abord,
monsieur Muselier, de saluer l'engagement des parlementaires français pour la
recherche d'une solution au conflit israélo-palestinien. Après le débat qui
s'est tenu dans cet hémicycle le 14 janvier dernier, votre présence sur place,
monsieur le président de l'Assemblée nationale, à la tête d'une délégation où
étaient représentés l'ensemble des groupes politiques, est un signe fort, à un
moment crucial pour la paix dans la région. Comme vous le savez, la France
multiplie les efforts pour favoriser une sortie de crise et une trêve durable,
seule à même d'alléger les souffrances des populations et de tracer une
perspective politique. Répétons-le encore et toujours : il n'y a aura pas de
solution militaire à Gaza. Le Président de la République et le Premier
ministre restent personnellement très engagés sur le dossier : la semaine
dernière, le premier a reçu George Mitchell, l'envoyé spécial des États-Unis
pour la paix au Moyen-Orient, et le second s'est entretenu avec le Président
Abbas, réaffirmant le plein soutien de la France à l'autorité palestinienne. De
son côté, Bernard Kouchner s'est entretenu avec Mme Clinton le 5 février. Comme
nous, la nouvelle administration américaine considère qu'une trêve durable doit
passer par la lutte contre le trafic d'armes et l'ouverture permanente des
points de passage à Gaza. Enfin, le Président Moubarak était à Paris lundi pour
faire un point sur les négociations au Caire. Il a invité le Président français
à inaugurer la conférence du Caire, prévue le 2 mars prochain, sur le soutien à
l'économie palestinienne et à la reconstruction de Gaza. Je partage
pleinement, monsieur le député, les conclusions formulées à l'issue de votre
déplacement : si l'on veut faire aboutir le processus de paix, la réconciliation
palestinienne est cruciale, comme l'est la relance des négociations entre Israël
et l'OLP. Le gouvernement israélien qui sera formé après les élections d'hier
s'engagera, nous en sommes convaincus, dans ce nouveau processus. C'est pourquoi
la France soutient les efforts égyptiens en faveur de la réconciliation
palestinienne ; elle appuiera tout gouvernement d'union nationale qui respectera
les principes du processus de paix ; elle assumera tout son rôle dans le suivi
de la conférence de Paris de décembre 2007, et participera au plus haut niveau à
la conférence organisée au Caire le 2 mars prochain. (Applaudissements sur
les bancs du groupe UMP et sur quelques bancs du groupe NC.)
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