14ème législature

Question N° 2215
de M. Axel Poniatowski (Union pour un Mouvement Populaire - Val-d'Oise )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Défense
Ministère attributaire > Défense

Rubrique > politiques communautaires

Tête d'analyse > politique de la défense

Analyse > moyens. perspectives.

Question publiée au JO le : 23/10/2014
Réponse publiée au JO le : 23/10/2014 page : 7718

Texte de la question

Texte de la réponse

POLITIQUE EUROPÉENNE DE DÉFENSE


M. le président. La parole est à M. Axel Poniatowski, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.

M. Axel Poniatowski. Ma question s'adresse à M. le ministre de la défense. Mois après mois, nous sommes nombreux dans cet hémicycle à vous interpeller, ainsi que le Gouvernement et les autres pays d'Europe, à propos de l'absolue nécessité d'une véritable politique européenne de la défense.

Nous avons longtemps envisagé cette politique européenne de défense comme un moyen nécessaire pour renforcer la politique étrangère européenne. C'est toujours le cas aujourd'hui, mais elle paraît indispensable pour de nombreuses autres raisons. Le fondamentalisme se développe dans le monde entier : en Afghanistan, au Proche et au Moyen-Orient, dans le Sahel, en Afrique subsaharienne, dans le golfe Persique, dans la Corne de l'Afrique, et désormais dans l'Asie du Sud-Est. Ce fondamentalisme est aux portes de l'Europe : il représente une menace pour notre sécurité.

Jusqu'à présent, la plupart des pays de l’Union européenne ont refusé de consacrer les moyens budgétaires appropriés à une telle politique de défense. Pour assurer leur protection, ils se sont abrités sous le parapluie américain, sous le parapluie de l'OTAN. Mais l'OTAN n'est pas l'organisation appropriée pour faire face au terrorisme : les atermoiements de la Turquie dans la lutte contre l'État islamique en Irak et au Levant en fournissent tristement – et cyniquement – la preuve.

En guise de prise de conscience, les budgets de la défense des pays européens – y compris celui de la France – continuent à se réduire comme peau de chagrin. Cette attitude est irresponsable.

Monsieur le ministre, ce dont l'Europe a besoin pour être écoutée, influente et puissante, ce dont elle a besoin tout simplement pour se protéger, c'est d'une force européenne de projection pour les opérations extérieures de 50 000 à 100 000 hommes, dotée des équipements appropriés. Ma question est donc simple : quelles initiatives entendez-vous prendre en ce sens ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et sur certains bancs des groupes UDI et RRDP.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de la défense.

M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense. Monsieur le député, je partage assez largement votre analyse. La construction de l'Europe de la défense est un chantier au long cours. Je voudrais toutefois vous faire observer que, sur l'initiative de Laurent Fabius et de moi-même, le Conseil européen de décembre dernier a mis à l'ordre du jour les questions de défense et de sécurité, pour la première fois depuis cinq ans et la deuxième fois depuis dix ans. Vous me direz qu'il était temps ; quoi qu'il en soit, c'est arrivé.

M. Claude Goasguen. Pour quel résultat ?

M. Jean-Yves Le Drian, ministre. Vous avez parlé, monsieur le député, d'une force européenne d'intervention rapide. Le Conseil européen a fixé un certain nombre d'axes de travail dans le domaine opérationnel, afin de rendre les groupements tactiques européens mobilisables plus rapidement, et afin de renforcer l'interopérabilité des forces.

M. Pierre Lellouche. Cela n'existe pas !

M. Jean-Yves Le Drian, ministre . Le Conseil européen a aussi décidé de renforcer la mutualisation capacitaire – en particulier dans le domaine des drones, du ravitaillement en vol et du transport tactique – et de renforcer l'Agence européenne de défense. Il a également décidé de renforcer la coopération industrielle en matière de défense ;…

M. Pierre Lellouche. Laquelle ?

M. Jean-Yves Le Drian, ministre . …c'est tout particulièrement le cas de la coopération franco-allemande dans le domaine de l'armement terrestre. Des avancées ont donc été accomplies ; la plus importante d'entre elles est que le Conseil européen a décidé de parler de ces questions tous les ans. La prochaine rencontre sur ce sujet aura lieu en juin prochain.

Il est vrai qu'un long chemin reste encore à parcourir. Il n'y a pas, à l'heure actuelle, d'autorité politique européenne capable de décider d'intervenir en premier sur un théâtre d'opération. Malgré cela, des progrès sont accomplis ; d'autres seront encore réalisés. Vous savez aussi que des progrès ont été enregistrés, en matière de coopération européenne, au sujet de différentes interventions de la France en Afrique.

Quoi qu'il en soit, sur les enjeux fondamentaux, il importe que la France poursuive ses efforts. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes SRC et écologiste.)