14ème législature

Question N° 78450
de M. Jacques Bompard (Non inscrit - Vaucluse )
Question écrite
Ministère interrogé > Affaires étrangères
Ministère attributaire > Affaires étrangères

Rubrique > politique extérieure

Tête d'analyse > Moyen-Orient

Analyse > chrétiens. soutiens humanitaires et militaires. perspectives.

Question publiée au JO le : 21/04/2015 page : 2920
Réponse publiée au JO le : 05/05/2015 page : 3378

Texte de la question

M. Jacques Bompard attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères et du développement international sur la nécessité de réaction de la communauté internationale face aux martyrs des chrétiens persécutés comme le demande le Souverain pontife Sa Sainteté François Ier. Le 6 mars 2015, le pape François Ier en appelait à une solidarité internationale en ces termes : exigeons la « protection de nos frères et de nos sœurs, persécutés, exilés, tués, décapités pour le seul fait d'être chrétiens. Ils sont nos martyrs d'aujourd'hui et ils sont nombreux, nous pouvons dire qu'ils sont plus nombreux qu'aux premiers siècles. Je souhaite que la communauté internationale ne demeure pas muette et inerte face à un tel crime inacceptable, qui constitue une préoccupante dérive des droits humains les plus élémentaires. Je souhaite vraiment que la communauté internationale ne détourne pas son regard ». La France doit réagir à l'appel de ce souverain. La persécution des chrétiens et notamment des minorités au Moyen-Orient doit soulever des réactions en leur faveur de la part de la France. Des soutiens humanitaires et militaires doivent avoir lieu. Il lui demande s'il compte agir en faveur des chrétiens persécutés dans le monde.

Texte de la réponse

La France condamne fermement les violences et les exactions à l'encontre des civils, quelle que soit leur appartenance religieuse ou ethnique. Elle défend le respect des droits des personnes appartenant à des minorités religieuses. C'est notamment le cas des Chrétiens d'Orient, avec lesquels la France entretient des liens spécifiques, hérités de l'Histoire. La montée en puissance de Daech depuis l'été 2014 menace aujourd'hui la stabilité de la région et sa diversité culturelle. Cette organisation terroriste est engagée dans une tentative d'éradication ethnique et religieuse, comme l'illustre l'exode des Chrétiens d'Orient, dont la présence millénaire sur ces terres est remise en cause. Mais la barbarie de Daech ne doit pas nous faire oublier celle du régime de Bachar al Assad, qui commet des crimes contre sa propre population depuis plus de quatre ans et alimente l'extrémisme par sa fuite en avant militaire et son refus de toute ouverture politique. Face aux menaces graves qui pèsent sur les Chrétiens d'Orient et les autres minorités, la France a convoqué une réunion ministérielle du Conseil de sécurité des Nations unies le 27 mars consacrée aux « victimes de violences ethniques ou religieuses au Moyen-Orient ». A l'occasion de ce débat inédit, la France a proposé l'élaboration par les Nations unies d'une Charte d'action autour de quatre volets : l'accompagnement humanitaire d'abord, pour répondre à l'urgence et permettre le retour des populations persécutées sur les terres dont elles ont été chassées ; les solutions politiques inclusives dans les pays en crise ; et enfin la lutte contre l'impunité pour les auteurs des crimes, dont certains sont constitutifs de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. A cet égard, la France appelle tous les Etats à adhérer au Statut de Rome, afin que justice soit rendue aux victimes des crimes les plus graves ayant une portée internationale. Comme le ministre des affaires étrangères et du développement international l'a souligné lors de la réunion du 27 mars, il est indispensable que le Conseil de Sécurité saisisse la Cour Pénale Internationale. Il convient de rappeler que la France a présenté en mai 2014 une résolution au Conseil de sécurité déférant la situation en Syrie à la Cour, soutenue par plus de 100 ONG et par plus d'une soixantaine d'Etats, qui s'est cependant vue opposer les vétos russe et chinois. La France encourage par ailleurs les Etats sur le territoire desquels les membres de Daech ont perpétré des crises ou dont ils ont la nationalité, à poursuivre et juger ces auteurs en vertu de leur compétence au titre des lois nationales et des conventions internationales auxquelles ils sont parties. En tant qu'Etat partie au Statut de Rome, la France continuera de répondre aux demandes de coopération de la Cour en conformité avec les stipulations du Statut de Rome.