15ème législature

Question N° 1098
de M. Ugo Bernalicis (La France insoumise - Nord )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Premier ministre
Ministère attributaire > Premier ministre

Rubrique > sports

Titre > coupe du monde et pratique sportive

Question publiée au JO le : 18/07/2018
Réponse publiée au JO le : 18/07/2018 page : 7558

Texte de la question

Texte de la réponse

COUPE DU MONDE ET PRATIQUE SPORTIVE


M. le président. La parole est à M. Ugo Bernalicis, pour le groupe La France insoumise.

M. Ugo Bernalicis. Quelle compétition de dingue ! Quelle victoire ! Bravo et merci à cette équipe de France de football qui a remporté cette deuxième étoile ! (Applaudissements sur tous les bancs.)

Le foot a permis de rassembler toutes les Françaises et tous les Français, bien au-delà des fans. N'en déplaise à la « start-up nation », ce ne sont pas des individualités, archétypes du modèle du self made man, qui ont gagné. Non, c'est la victoire d'un collectif, solidaire et fraternel, qui revendique fièrement de proclamer « Vive la République et vive la France ! ». (Applaudissements sur les bancs du groupe FI et sur quelques bancs des groupes LaREM et LR.)

Le modèle du sport français a permis d'être sur le toit du monde depuis vingt ans. Aujourd'hui, c'est le foot, mais nous n'oublions pas le handball, le triathlon mixte dimanche dernier, le rugby à sept féminin, ou encore le volley-ball où, la semaine dernière, nous sommes devenus vice-champions du monde. (Mêmes mouvements.)

Ce qui a fait la force de la France doit être pérennisé ; or le Gouvernement le fragilise. (Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. Erwan Balanant. Bravo la récupération !

M. François Cormier-Bouligeon. Vous feriez mieux d'expliquer les propos de votre ami Maduro qui parle honteusement de la victoire de l'Afrique !

M. Ugo Bernalicis. Pour mémoire, le foot, ce sont 2,2 millions de personnes licenciées en France et environ 14 000 clubs amateurs. Il y a un sentiment d'urgence, car, chaque jour, deux clubs mettent la clé sous la porte. Si le sport amateur est devenu, depuis trop longtemps, une variable d'ajustement pour la réduction des déficits, cette victoire est pourtant aussi la sienne.

Voilà le défi que nous devons relever, madame la ministre des sports : comment accueillir à la rentrée prochaine, dans tous les clubs, les petites Françaises et les petits Français qui auront envie de pratiquer le foot et tous les autres sports,…

M. Pierre Cordier. C'est vrai !

M. Ugo Bernalicis. …et qui seront peut-être les champions de demain qui nous feront rêver ? (Applaudissements sur les bancs du groupe FI et sur quelques bancs des groupes LaREM et LR.)

Grâce à cette victoire, la Fédération française de football empoche notamment un chèque de 32,5 millions d'euros de la part de la FIFA. Son président a annoncé que 30 % de cette somme seraient reversés aux joueurs mais n'a rien dit sur l'allocation du reste de cette enveloppe.

M. Patrick Mignola. Ce n'est pas de la récupération, c'est un hold-up !

M. Ugo Bernalicis. Il faut que cette victoire profite à tous et qu'elle ruisselle sur le sport amateur.

D'ailleurs, s'agissant du sport en général, nous constatons la baisse des subventions publiques ainsi que la suppression des emplois aidés qui venaient utilement compléter le bénévolat.

M. Pierre Cordier. Eh oui !

M. Ugo Bernalicis. Cette année, le budget du Centre national pour le développement du sport – CNDS – connaît une baisse de près de 27 %, laissant les collectivités territoriales et les associations un peu plus seules face aux dépenses nécessaires.

M. Éric Coquerel. Eh oui !

M. Ugo Bernalicis. Madame la ministre, le sport amateur n'a pas à être rentable. Il a besoin de passes décisives, même si cela coûte un pognon de dingue ! (Applaudissements sur les bancs des groupes FI et GDR, ainsi que sur quelques bancs des groupes LR et NG.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Edouard Philippe, Premier ministre. Monsieur le député, je me joins évidemment à vous, ainsi qu'au président de l'Assemblée nationale, dans le message de félicitations et, à bien des égards, d'admiration que vous adressez aux joueurs de l'équipe de France, après leur magnifique victoire dans cette compétition.

M. Maxime Minot. Personne n'applaudit ?

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Vous avez cité de nombreuses équipes et de nombreuses disciplines, en insistant sur les excellents résultats français. Vous auriez pu, monsieur le député, mentionner aussi d'autres sports – je pense notamment à la boxe, où nous avons obtenu d'excellents résultats lors des derniers Jeux olympiques. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et UDI-Agir.)

Non sans esprit d'à-propos, vous avez essayé de nourrir un propos de politique générale à partir de ce succès. Au fond, vous nous dites que, si cette équipe est championne du monde, en dépit de notre politique (Sourires),…

M. Ugo Bernalicis. Et de la politique des gouvernements précédents !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . …elle devrait permettre d'illustrer vos idées et vos propositions. (Nouveaux sourires. – Exclamations sur les bancs du groupe FI.)

M. Sylvain Maillard. Bien résumé !

Mme Danièle Obono. Non, la question porte sur le sport amateur !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Nous devons nous réjouir, monsieur le député – c'est, au fond, le sens de votre question –, parce que ce qui a gagné, dimanche, à Moscou,…

M. Ugo Bernalicis. C'est le collectif !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . …c'est un système qui fait émerger l'excellence et qui l'assume. C'est un système qui est fondé sur un travail d'équipe et qui l'assume. C'est un système qui repose sur des prises de responsabilité, ce qui suscite d'ailleurs parfois des critiques vives formulées à l'encontre de ceux qui font des choix. Je salue ici le sélectionneur Didier Deschamps. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes LaREM, MODEM, LR, UDI-Agir et NG.)

C'est un système qui repose sur une passion, une passion française pour le football. Certains la partagent depuis longtemps tandis que d’autres l'ont découverte plus récemment, y compris dans vos rangs, monsieur le député. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. – Exclamations sur les bancs du groupe FI.) Il en est en cette matière comme dans d'autres : on peut toujours y venir, et c'est très bien ainsi. (Nouvelles exclamations sur les bancs du groupe FI.)

M. Pierre Cordier. Vous ne vous y intéressez que depuis les quarts de finale !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Je conclus, monsieur le député. Au fond, il n'y a rien de pire…

M. Ugo Bernalicis. Que la récupération ?

M. Edouard Philippe, Premier ministre . …que d'essayer d'affirmer – vous ne l'avez pas vraiment fait, vous avez tenté de le faire – que des sportifs ou une équipe démontrent vos idées. (Exclamations sur les bancs du groupe FI et sur plusieurs bancs du groupe LR.)

M. Aurélien Pradié et M. Charles de la Verpillière . C'est l'hôpital qui se moque de la charité !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Il n'y a rien de pire que d'essayer de mettre dans la bouche des sportifs des paroles que l'on aimerait dire soi-même. (Mêmes mouvements.)

M. Pierre Cordier. Et les contrats aidés ? Répondez à la question !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . C'est la raison pour laquelle je vais faire l'inverse, monsieur le député : je vais formuler ce que j'ai entendu chez ces footballeurs, qui ont fait honneur à leur pays…

Mme Danièle Obono. Nous parlons de sport amateur !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . …et qui l'ont dit très tôt dans la compétition, avec une immense fierté : « Vive la République ! Vive la France ! » (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM, MODEM et UDI-Agir.)

M. Fabien Di Filippo. Et les contrats aidés ? Et le budget du CNDS ?