15ème législature

Question N° 121
de Mme Béatrice Descamps (Les Constructifs : républicains, UDI, indépendants - Nord )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Économie et finances
Ministère attributaire > Économie et finances

Rubrique > industrie

Titre > fusion Alstom-Siemens

Question publiée au JO le : 04/10/2017
Réponse publiée au JO le : 04/10/2017 page : 2772

Texte de la question

Texte de la réponse

FUSION ALSTOM-SIEMENS


M. le président. La parole est à Mme Béatrice Descamps, pour le groupe Les Constructifs : républicains, UDI, indépendants.

Mme Béatrice Descamps. Je tiens d'abord à dire que le groupe Les Constructifs s'associe pleinement et avec émotion aux hommages qui ont été rendus en début de séance. (Applaudissements sur les bancs du groupe LC.)

Monsieur le ministre de l'économie et des finances, à la suite à l'annonce de la fusion d'Alstom avec Siemens, vous vous êtes rendu il y a quelques jours – nous étions ensemble – sur le site d'Alstom à Petite-Forêt, près de Valenciennes. Vous avez en effet tenu à rencontrer les salariés afin de répondre à leurs questions, et je vous en remercie.

La fusion de grands groupes européens semble importante, pertinente, voire indispensable pour faire face à la concurrence – j'oserai dire, pour le ferroviaire, face à l'ogre chinois qu'est CRRC. Vous avez expliqué les engagements des deux groupes, qui devraient permettre de renforcer la compétitivité, l'avance technologique et la capacité d'innovation du constructeur ferroviaire français, assurant que tout serait mis en œuvre pour consolider l'activité du site, et vous engageant par ailleurs à prendre la direction du comité de suivi.

Légitimement, toutefois, des questions et des inquiétudes subsistent chez les employés, les syndicats et les élus, particulièrement au sujet de ce qu'il adviendra des sites français au terme de l'engagement de quatre ans pris par Siemens. Les inquiétudes touchent aussi les employés de Bombardier Transport à Crespin, qui se trouve également dans ma circonscription : Bombardier est à la fois concurrent et partenaire privilégié d'Alstom, notamment pour les contrats SNCF et pour l'appel d'offres RATP.

Monsieur le ministre, je ne peux qu'approuver le courage de votre démarche, mais les salariés concernés et leurs familles ont besoin que vous apportiez des précisions sur les perspectives d'avenir de l'industrie…

M. le président. Merci, madame la députée.

La parole est à M. le ministre de l'économie et des finances.

M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie et des finances. Madame la députée, Alstom est une magnifique entreprise qui fait la fierté de la nation française. (Exclamations sur les bancs des groupes FI et GDR.) Ses salariés, ses savoir-faire sont exceptionnels.

Il y a ceux qui proposent des solutions d'hier, celles qui ont échoué (Exclamations sur les bancs du groupe NG),…

M. David Habib. On connaît la chanson !

M. Bruno Le Maire, ministre. …celles du repli sur soi, et il y a ceux qui regardent la réalité telle qu'elle est.

M. Pierre Cordier. Quelle condescendance ! C'est incroyable !

M. Bruno Le Maire, ministre. En 2000, il n'y avait pas d'industrie ferroviaire chinoise dans le monde ; en 2017, le premier constructeur ferroviaire au monde est chinois, et sa capitalisation représente quatre fois celle d'Alstom.

M. Thibault Bazin. C'est pour cela qu'on abandonne Alstom aux Allemands ?

M. Bruno Le Maire, ministre. En 2016, la Chine ne vendait pas un train aux États-Unis ; à la fin de l'année 2016, le géant industriel chinois CRRC a gagné tous les appels d'offres ferroviaires aux États-Unis. Le prochain sur la liste, c'est l'Europe !

M. Pierre Cordier. Et grâce à vous, on va gagner ?

M. Bruno Le Maire, ministre. On s'unit ou on se divise ? On reste seul ou on se rassemble avec les meilleurs ? Avec le Premier ministre, et avec le Président de la République, nous avons fait le choix d'unir le meilleur des compétences européennes en fusionnant Siemens et Alstom, et c'est une bonne nouvelle pour l'industrie française, pour les salariés français, pour les sites et pour nos savoir-faire ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes REM, MODEM et LC. - Exclamations sur les bancs du groupe FI.)

Oui, il y a des inquiétudes ; elles sont légitimes. Oui, nous sommes allés ensemble voir les salariés d'Alstom et échanger avec eux. Nous avons mis en place un comité de suivi que je présiderai moi-même, avec mon homologue allemand dès qu'il sera nommé, pour garantir le respect des engagements de Siemens (Exclamations sur les bancs du groupe LR) vis-à-vis d'Alstom et de l'État français : des engagements concernant l'emploi, les sites – aucun site d'Alstom ne fermera en France (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes FI, NG et LR) –,…

M. Christian Hutin. Oh là là !

M. Bruno Le Maire, ministre. …des engagements concernant les savoir-faire et les compétences. Nous nous assurerons que cette fusion de Siemens et Alstom garantit la création d'un géant industriel ferroviaire européen capable de rivaliser avec les meilleurs géants industriels au monde ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes REM et MODEM.)

M. Daniel Fasquelle. Ce n'est pas sérieux !