15ème législature

Question N° 3252
de M. Loïc Prud'homme (La France insoumise - Gironde )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Agriculture et alimentation
Ministère attributaire > Agriculture et alimentation

Rubrique > agriculture

Titre > Transition de l'agriculture

Question publiée au JO le : 22/07/2020
Réponse publiée au JO le : 22/07/2020

Texte de la question

Texte de la réponse

TRANSITION DE L'AGRICULTURE


M. le président. La parole est à M. Loïc Prud'homme.

M. Loïc Prud'homme. Monsieur le ministre de l’agriculture et de l'alimentation, les citoyens et citoyennes demandent une transition de notre agriculture, afin qu'elle produise des aliments sains et respecte la santé des paysans et des consommateurs. L’urgence climatique commande une transition vers l’agroécologie, sobre en intrants et en énergie, économe en eau. La crise du covid-19 exige la relocalisation des productions et l’atteinte rapide de l’autonomie alimentaire.

Le président Macron avait annoncé qu’il obtiendrait de l’Europe une politique agricole renforcée, pour toutes ces raisons essentielles. Nous venons de prendre acte du résultat des négociations budgétaires qui se sont achevées cette nuit, et il n'est pas glorieux : le budget de la politique agricole commune a été ratiboisé de 46 milliards d’euros ! Mais la PAC n’est pas qu’un tiroir-caisse, c’est avant tout une politique. Or celle des six ans à venir sera la même qu’avant, en pire !

Le premier pilier de la PAC, qui comprend les aides directes, perd 27 milliards d’euros, soit une baisse de 10 %. Plus grave encore, le budget dédié à l’agriculture biologique et aux pratiques vertueuses pour l'environnement et l'alimentation, le fameux deuxième pilier, subit une chute vertigineuse : 19 milliards partent en fumée, soit une baisse historique – pour reprendre un qualificatif cher au Président – de 20 % !

M. Hervé Berville. C'est faux !

M. Loïc Prud'homme. C’est une défaite en rase campagne – au sens littéral du terme. Votre prédécesseur m’avait refusé en février dernier l'organisation d'un débat parlementaire sur le plan stratégique national demandé par l’Union européenne. On comprend maintenant pourquoi : de stratégie, vous n’en avez pas ! Même en matière de traités de libre-échange, vous capitulez en coulisse ! (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)

Monsieur le ministre, quand allez-vous enfin tracer un avenir pour nos agriculteurs et les défendre contre le dumping social et environnemental imposé par une Europe des égoïstes, sponsorisée par Bayer-Monsanto, pulvérisateur de cancers, et par Amazon, fossoyeur de nos zones humides et du foncier agricole ? (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation.

M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. La réalité, monsieur Prud'homme, c'est que vous n'aimez pas l'Europe ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM. – Exclamations sur les bancs du groupe FI.)

M. Hervé Berville. Eh oui !

M. Julien Denormandie, ministre . Vous ne reconnaissez jamais ce que l'Europe peut nous apporter et vous allez jusqu'à dire des contrevérités pour mieux la critiquer. C'est scandaleux ! (Mêmes mouvements.)

Monsieur le député, je connais votre parcours ; vous êtes, comme moi, un spécialiste des questions agricoles et vous savez très bien comment le budget et les aides de la PAC sont calculés (Exclamations sur les bancs du groupe FI) : ils sont exprimés en euros courants, parce que c'est cela que les agriculteurs perçoivent. (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe LaREM.) Vous savez donc que, grâce à l'accord obtenu cette nuit, le budget de la PAC, en euros courants, non seulement est stabilisé, mais est même en augmentation, pour ce qui concerne tant le premier que le deuxième pilier. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM. – Exclamations sur les bancs du groupe FI.)

M. Hervé Berville. Eh oui ! Bas les masques !

M. Julien Denormandie, ministre . D'autre part, peut-être auriez-vous pu, par honnêteté intellectuelle, dans les tweets que vous avez publiés cet après-midi, tenir compte, dans vos calculs, du plan de relance, qui, comme vous le savez très bien, abondera l'un des deux piliers de la PAC. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.)

En 1950, Robert Schuman disait…

M. Adrien Quatennens. Oh ! Arrêtez !

M. Julien Denormandie, ministre . …que, pour faire l'Europe, il fallait que chacun soit animé de ce qu'il appelait très justement « un effort créateur ». Eh oui, l'Europe suppose un effort ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) Il est bien plus facile de la détruire que de la construire. Pour faire l'Europe, il faut avoir l'esprit créatif, et c'est bien ce dont les chefs d'État et de gouvernement ont fait preuve cette nuit, à travers cet accord historique. Je serais ravi que cela suscite en vous le même effort créateur ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. – Exclamations sur les bancs du groupe FI.)