15ème législature

Question N° 33812
de M. Sébastien Nadot (Non inscrit - Haute-Garonne )
Question écrite
Ministère interrogé > Europe et affaires étrangères
Ministère attributaire > Europe et affaires étrangères

Rubrique > politique extérieure

Titre > Situation judiciaire espagnole de partisans de l'indépendance de la Catalogne

Question publiée au JO le : 10/11/2020 page : 7908
Réponse publiée au JO le : 28/12/2021 page : 9220
Date de signalement: 02/11/2021

Texte de la question

M. Sébastien Nadot interroge M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur la situation judiciaire espagnole relative aux partisans de l'indépendance de la Catalogne. Si la France reconnaît et respecte pleinement la souveraineté de l'Espagne et ne saurait par conséquent s'immiscer dans les affaires intérieures espagnoles, le traitement judiciaire de certains dirigeants catalans questionne le respect par l'Espagne de ses engagements européens, notamment en matière de droits fondamentaux garantis dans les traités européens et la jurisprudence de la Cour de justice de l'Union européenne et de la Cour européenne des droits de l'homme. La France, comme tout autre État membre de l'Union européenne (UE) ou État membre du Conseil de l'Europe, a le devoir de veiller au respect des valeurs fondamentales européennes consacrées dans les traités européens. C'est d'ailleurs à ce titre que l'article 259 du traité sur le fonctionnement de l'UE, en son premier alinéa, stipule que « chacun des États membres peut saisir la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) s'il estime qu'un autre État membre a manqué à une des obligations qui lui incombent en vertu des traités ». C'est dans ce même esprit que le plan de relance européen conditionne l'octroi des aides au respect de l'État de droit, des droits fondamentaux et des principes démocratiques. En Espagne, depuis trois ans, neuf citoyens de Catalogne, dont l'ancienne présidente du Parlement catalan, l'ancien vice-président catalan, des ministres régionaux et deux leaders associatifs, sont emprisonnés dans le cadre de condamnations de peines qui vont de neuf à treize ans de prison, accusés de sédition et détournement de fonds suite à l'organisation d'un référendum le 1er octobre 2017 sur l'indépendance de la Catalogne. Quant à l'ancien président catalan et cinq de ses ministres, ceux-ci se sont mis à disposition de la justice d'autres États membres de l'UE. La justice allemande et la justice belge ont rejeté les demandes d'extradition formulées par l'État espagnol. Quatre d'entre eux se sont présentés aux élections européennes et ont été proclamés élus. Pour autant, la cour suprême espagnole a affirmé que, si ces eurodéputés se rendaient en Espagne, ils seraient arrêtés immédiatement, sans respecter leur immunité parlementaire européenne, en contradiction avec la jurisprudence de la CJUE. Enfin, le groupe de travail sur la détention arbitraire (GTDA) des Nations unies a qualifié d' « arbitraire » la détention préventive des membres du gouvernement catalan. Au regard de ces éléments, il lui demande quelles sont les actions que le Gouvernement compte engager aux fins d'amener l'Espagne à respecter les principes fondamentaux consacrés par le droit européen.

Texte de la réponse

S'agissant de la situation en Catalogne, la position des autorités françaises est constante et connue de tous. La France est attachée au strict respect de l'intégrité constitutionnelle et territoriale de l'Espagne et nous avons confiance dans l'État de droit et la vigueur de la démocratie espagnole pour surmonter les tensions en Catalogne. Par ailleurs, il n'appartient pas aux autorités françaises de commenter les décisions des autorités judiciaires espagnoles, qui sont indépendantes. Il ne leur appartient pas non plus de se prononcer sur l'immunité parlementaire des eurodéputés recherchés par la justice espagnole, celle-ci dépendant des décisions du Parlement européen et des procédures en cours devant la Cour de justice de l'Union européenne. Enfin, le régime général de conditionnalité pour la protection du budget européen, adopté en décembre 2020, prévoit qu'il revient à la Commission européenne de décider de son activation ou non au regard de l'incidence de violations de l'État de droit qu'elle aurait constatées sur l'exécution du budget européen.