15ème législature

Question N° 3498
de Mme Françoise Dumas (La République en Marche - Gard )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Armées
Ministère attributaire > Armées

Rubrique > politique extérieure

Titre > Situation au Sahel

Question publiée au JO le : 11/11/2020
Réponse publiée au JO le : 11/11/2020 page : 9344

Texte de la question

Texte de la réponse

SITUATION AU SAHEL


M. le président. La parole est à Mme Françoise Dumas.

Mme Françoise Dumas. Madame la ministre des armées, je rentre ce jour de la bande sahélo-saharienne où je me suis rendue avec une délégation de la commission de la défense. Ce déplacement fait suite à ceux que vous-même et M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères aviez effectués au début du mois. Avec Sereine Mauborgne et Nathalie Serre, corapporteures d'une mission d'information sur l'opération Barkhane, ainsi que Jean-Jacques Ferrara, nous sommes allés à la rencontre de nos forces déployées tant à Niamey qu'à Gao. Nous avons également échangé avec les autorités civiles locales, en particulier le gouverneur de Gao, ainsi qu'avec les membres des forces armées maliennes et les militaires des autres pays engagés au sein de la force conjointe du G5 Sahel.

Nous avons constaté les incontestables progrès réalisés depuis le début de l'année. La dynamique de sahélisation engagée par le sommet de Pau du 13 janvier 2020 fait ses preuves, en témoigne le récent succès de l'opération Bourrasque. Conduite en partenariat avec les forces locales, elle a mobilisé plus de 3 000 soldats dont 1 600 Français, 1 100 Nigériens et 300 Maliens. Véritable succès tactique et opérationnel, elle a également associé les forces spéciales franco-estoniennes de la task force Takuba, en coopération avec une unité légère de reconnaissance et d'intervention malienne. Si elle a porté un coup dur aux groupes armés terroristes dans la zone des trois frontières, le succès de Bourrasque tient aussi et surtout à la parfaite collaboration entre les forces locales, la force conjointe du G5 Sahel, la force Barkhane et nos partenaires, y compris américains, engagés sur ce théâtre. Elle nous montre donc la voie à suivre.

D'importants défis se dressent néanmoins devant nous. Il faut intensifier la formation et l'équipement des forces locales et accroître la participation de nos alliés occidentaux, en premier lieu européens. Quelles sont, selon vous, les perspectives et les priorités en la matière ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre des armées.

Mme Florence Parly, ministre des armées. Madame la présidente de la commission de la défense, il y a les perspectives et il y a le bilan. Vous avez mentionné l'opération Bourrasque, marquée par une coordination d'ampleur avec les armées du Niger et du Mali ; ce fut, en effet, une vraie démonstration de force qui a permis, ensemble, de porter des coups sévères à l'État islamique dans le Grand Sahara. Il y a également eu des actions d'opportunité, dont la dernière s'est déroulée ce week-end avec la neutralisation de plus de soixante terroristes grâce à la combinaison de nos moyens aériens, y compris des drones armés, et des forces terrestres – les troupes au sol. Enfin, il y a la force Takuba, composée pour l'instant de forces spéciales françaises et estoniennes, qui a conduit ses premières opérations en soutien des forces armées maliennes. Ces opérations et ces succès confirment, me semble-t-il, que nous sommes sur la bonne voie et qu'il faut donc la poursuivre avec détermination dans les mois à venir.

Pour commencer, je voudrais insister sur l'effort de nos partenaires du Sahel, puisque c'est eux que nous voulons renforcer et aider à s'aguerrir pour reprendre peu à peu le terrain – et j'ai constaté par moi-même que lorsque le terrain est réoccupé, la vie revient.

Il y aura aussi, demain, plus d'Européens au Sahel. La task force Takuba sera renforcée : nos camarades tchèques se préparent à nous rejoindre ; les Suédois doivent également arriver au début de l'année 2021 ; les Italiens devraient fournir des capacités d'évacuation médicale ; le Portugal et l'Ukraine envisagent eux aussi leur participation avec volontarisme. La mission EUTM – la mission de formation de l'Union européenne – sera doublée à l'horizon 2021. La coordination sera renforcée : cet aspect, que vous avez évoqué, est essentiel pour permettre la montée en gamme de la force conjointe et des forces armées nationales.

Il faut aussi continuer à maintenir la pression sur Daech, mais aussi sur Al-Qaïda qui a appelé encore récemment au djihad individuel sur notre sol. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et Dem.)