Texte de la QUESTION :
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M Jacques Brunhes s'inquiete aupres de M le ministre de la recherche et de la technologie de la suspension fin juin 1988 des activites de recherche-developpement de la division du groupe Thomson-CSF, sise a Colombes, Cimsa-Sintra, dans le domaine des supercalculateurs, programme intitule « Marie ». Alors que le solde industriel civil de la France a perdu plus de 8 milliards de francs entre mai 1987 et mai 1988, que notre pays enregistre des pertes de marches dans la filiere electronique et accuse un retard important dans le domaine de la recherche-developpement sur nos principaux concurrents. Le Conseil economique et social vient de remettre un rapport aux termes duquel il reconnait que « l'avenir de l'informatique se joue egalement dans la course a la puissance », les supercalculateurs repondant a cette fonction. Apres avoir constate le quasi-monopole americain dans ce domaine (Cray controlant 70 p 100 du marche et Control Data 20 p 100), il s'inquiete de l'absence de l'Europe sur ce marche, car elle organise notre « propre dependance pour toutes les futures grandes percees technologiques qui conditionnent () notre securite ». Les supercalculateurs sont utilises et le seront a terme de plus en plus, dans des secteurs strategiques (les supercalculateurs ont des applications dans le domaine militaire, l'astrophysique, la physique des plasmas, toutes les recherches concernant le nucleaire et l'espace, et ouvrent des perspectives dans le domaine de l'intelligence artificielle). Le Gouvernement de la France peut-il prendre la responsabilite de laisser notre pays rester absent d'un marche appele a connaitre une forte croissance - le taux de croissance est evalue a quelque 30 p 100 par an - et offrant les perspectives d'application les plus diverses au risque d'accentuer notre dependance dans un domaine particulierement strategique ? Dans sa declaration de politique generale du 29 juin dernier, M le Premier ministre affirmait que « la recherche constitue l'investissement prioritaire pour notre pays. () Un programme de recherche est un acte long dont les retombees ne sont pas immediatement perceptibles, mais qui, s'il n'est pas engage, obere gravement l'avenir ». Aussi, alors que le comite central d'entreprise du groupe Thomson-CSF en date du 13 juin dernier a decide la mise en oeuvre d'un plan de licenciement de quelque 200 salaries hautement qualifies de la division Cimsa-Sintra, il lui demande quelles mesures entend prendre le Gouvernement pour que soit poursuivie une activite hautement strategique.
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Texte de la REPONSE :
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Reponse. - Le projet Marie, elabore par la division Cimsa-Sintra du groupe Thomson, est pilote par le ministere de la defense et constitue une des composantes du projet national « grand ordinateur scientifique » auquel sont associes les ministeres de la defense, de l'industrie et de la recherche. Il concerne le creneau des mini-superordinateurs pour le calcul numerique. Le groupe Thomson a decide d'interrompre ce projet a la suite d'une analyse technico-economique : il etait apparu que les delais necessaires pour atteindre les objectifs fixes conduiraient a l'obtention d'un prototype n'ayant pas des performances competitives par rapport aux produits dont les societes concurrentes disposeraient. Cette decision ne devrait pas avoir de consequence directe sur l'evolution des effectifs au sein de Cimsa-Sintra. Sur le plan strategique, l'arret de cette operation ne signifie pas que la France abandonne toute action dans le domaine des superordinateurs. En ce qui concerne le groupe Thomson en particulier, bien que le projet n'ait pas ete poursuivi jusqu'a la creation d'un produit operationnel, les retombees technologiques et l'acquisition de savoir-faire ont ete tres importantes et sont utiles dans les domaines des techniques de conception d'architecture et d'assemblage a plusieurs niveaux. Les travaux francais portant sur les superordinateurs se poursuivent notamment dans le cadre de projets menes en cooperation au sein du programme Esprit. Ceci permettra d'atteindre un niveau de competences mieux adapte et offrira davantages de chances de succes dans un secteur difficile ou aucun constructeur europeen n'est encore implante. Par ailleurs, les ministeres de la defense, de l'industrie et de la recherche menent une reflexion sur une serie d'actions susceptibles de preserver et d'augmenter le savoir-faire des laboratoires et firmes nationaux.
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