Texte de la QUESTION :
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M Henri Bayard demande a M le Premier ministre quel sentiment il a pu eprouver lors des obseques des deux dirigeants independantistes, en Nouvelle-Caledonie, en voyant que les corps etaient recouverts d'un drapeau autre que le drapeau francais. S'agissant d'un territoire francais, de personnes de nationalite francaise, et tout en respectant les morts, il est pour le moins curieux que le chef du Gouvernement puisse se trouver face a l'embleme d'un « Etat » qui n'a aucune existence legale.
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Texte de la REPONSE :
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Reponse. - En le priant de l'excuser de devoir se citer, le Premier ministre entend rappeler a l'honorable parlementaire la signification du drapeau canaque, telle qu'il l'avait commentee le 27 aout dernier, en s'adressant aux habitants de la cote Est de Nouvelle-Caledonie a Poindimie : « Aujourd'hui, j'ai rencontre des jeunes Canaques qui portaient un embleme. Et je leur ai demande de m'en expliquer le sens. Ils m'ont parle avec gravite : du vert qui represente la terre des ancetres, du bleu qui evoque le ciel et la mer du Pacifique, ces deux horizons du destin ; ils m'ont montre le rouge de la couleur du sang de ceux qui sont morts, et puis le jaune qui - comme partout - signifie le soleil et la vie, avec au milieu cette fleche faitiere comme celle que j'ai vue hier dans un village de Lifou. Eh bien, mes chers compatriotes, il faut que rien ne puisse opposer cet embleme au drapeau tricolore de la Republique, car, en verite, rien ne les oppose. Ce drapeau tricolore est ne, il y a aujourd'hui cent quatre-vingt dix-neuf ans, quand l'Assemblee nationale adoptait la Declaration des droits de l'homme et du citoyen. Il est le drapeau de la revolution de 1848, au nom duquel Victor-Schoelcher fit prononcer l'abolition de l'esclavage. Il est le drapeau pour lequel vos peres se sont battus, il y a quarante-cinq ans, a l'appel du General de Gaulle, dans le grand combat de la liberte et de la democratie contre le nazisme ! Et ce message de reconciliation. de liberte et de democratie, il est celui, mes chers compatriotes, que je vous apporte au nom du Gouvernement de la France. » C'est donc bien parce qu'il n'y a aucune confusion possible entre « l'embleme national » decrit a l'article 2 de la Constitution et celui d'un parti ou d'une communaute, pas plus que lorsque le drapeau breton, corse ou catalan est arbore par exemple a l'occasion de competitions sportives, que le seul sentiment, qu'eprouvait le Premier ministre dans les circonstances qu'evoque l'honorable parlementaire etaient celui de la tristesse et de la perte que represente la disparition de MM Tjibaou et Yeiwene pour la Nouvelle-Caledonie. Le Premier ministre signale enfin a l'attention de l'honorable parlementaire que, depuis que ces choses simples ont ete dites a propos de l'embleme canaque et du drapeau tricolore, celui-ci flotte a nouveau sur de nombreux edifices d'ou il avait ete longtemps absent.
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