Texte de la QUESTION :
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M Pierre Ducout attire l'attention de M le ministre de l'agriculture et de la foret sur les problemes de protection du massif forestier des Landes de Gascogne. L'incendie de Salaunes-Carcans en Gironde a ravage plus de 5 000 hectares de foret d'un seul tenant le week-end du 1er avril 1990. Venant apres l'incendie du Porge-Lacanau l'ete dernier, il necessite de prendre des mesures plus lourdes que celles etudiees depuis, en renfort de materiel incendie. Le massif forestier des Landes de Gascogne, cree aux XVIIIe et XIXe siecles, a connu de graves problemes particulierement dans les annees 1940-1950, avec de grands incendies, comme en 1949, celui qui en quelques jours a ravage pres de 40 000 hectares et provoque la mort de 82 heroiques sauveteurs et a la suite desquels ont ete mis en place les corps departementaux de sapeurs-pompiers forestiers, et mis en culture des zones de ce massif par la Compagnie d'amenagement des Landes de Gascogne. Est venu ensuite la fin du gemmage liee a la baisse constante du cours de la gemme, activite qui representait de tres nombreux emplois et une production capitale pour le massif. Depuis, l'ensemble de la filiere bois a travaille d'arrache-pied et reconstitue une foret unique en Europe, avec une productivite sans cesse croissante en qualite et en quantite qui depasse les 9 metres cubes/hectares/an actuellement. Aujourd'hui, la filiere bois en Aquitaine est la premiere activite et represente plus de 40 000 emplois. Cet effort qui se poursuit aussi bien au niveau des sylviculteurs, que des exploitants des scieries et des transformateurs avec des investissements lourds prevus en particulier dans le secteur du papier carton, risque d'etre remis en cause par les interrogations que l'on se pose sur la perennite de notre effort, cette annee particulierement qui voit s'additionner aux attaques les plus fortes que nous ayons connues des chenilles processionnaires (200 000 hectares touches), ces incendies et les risques certains pour le prochain ete. On peut diffilement reprocher aux sylviculteurs landais de ne pas entretenir leur massif, cependant, a cote des mesures necessaires en matiere de lutte contre les incendies il conviendrait au maximum en matiere de prevention, d'eviter, par un cloisonnement du massif, qu'un incendie parcoure pres de 30 kilometres avant d'etre arrete quand les conditions naturelles (chaleur, vent, secheresse) sont contraires. Il lui demande d'envisager l'etude et les conditions pratiques de mise en place d'un cloisonnement du massif pouvant permettre, par exemple, de limiter a un maximum de 1 000 hectares (3 km « 3 km) la superficie de foret d'un seul tenant, separe par des bandes de 500 metres minimum mises en culture. Cette etude pourrait etre realisee en liaison avec l'etude en cours dans ses services departementaux, des zones pouvant permettre une extension moderee des cultures sans mettre en peril l'equilibre foret-culture dans le massif, equilibre auquel les Aquitains sont tres attaches.
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Texte de la REPONSE :
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Reponse. - L'honorable parlementaire a bien voulu faire etat de ses preoccupations relatives a la protection du massif forestier landais a la suite des recents incendies qui ont detruit pres de 5 000 hectares de foret. Compte tenu de l'importance de ce massif pour l'economie locale, il est suggere de cloisonner le massif par ilots de 1 000 hectares en procedant a la mise en culture de bandes peripheriques de 500 metres minimum de largeur. L'organisation actuelle de la prevention des incendies de foret dans le massif landais qui s'appuie sur les corps de sapeurs-pompiers forestiers et les associations syndicales autorisees de defense contre l'incendie a montre son efficacite avec la disparition des grands incendies forestiers tel que celui qui, en 1949, a ravage 40 000 hectares de foret. L'analyse des statistiques des superficies forestieres detruites par le feu portant sur les quinze dernieres annees montre en effet qu'en moyenne les incendies detruisent annuellement environ 1 350 hectares. Les conditions exceptionnelles de secheresse qui sevissent dans le Sud-Ouest depuis 1988 expliquent en grande partie l'ampleur des incendies du Porge et de Carcans-Sainte-Helene. Le cloisonnement du massif tel que le propose l'honorable parlementaire conduirait a consacrer 26,5 p 100 des superficies a la mise en culture. Ceci aurait pour consequence de remettre en cause les equilibres economiques de la region Aquitaine, alors que les industries de transformation du bois, comptant sur la ressource du massif, se developpent et seront peut-etre confrontees, de facon ponctuelle, a des difficultes d'approvisionnement. En outre, l'important accroissement des superficies mises en culture serait en contradiction avec la politique communautaire qui tend actuellement, par le biais de primes au retrait, a reduire les excedents de productions agricoles et a encourager au boisement des superficies agricoles alors que le deficit communautaire dans le secteur de la foret et du bois s'eleve a 115 millions de metres cubes de bois ronds. Il n'en demeure pas moins que la coupure du massif par des ilots de culture constitue certainement un des moyens les plus efficaces pour eviter la propagation des incendies sur de trop grandes superficies. Aussi le ministere de l'agriculture et de la foret examinera avec attention toute demande de defrichement des superficies boisees qui contribuerait efficacement au cloisonnement du massif des lors que la conservation du boisement ou de la destination forestiere du sol n'aura pas ete reconnue necessaire au maintien des equilibres biologiques. Le sensible accroissement des moyens de lutte consacres au massif ainsi qu'un renforcement de la politique de prevention menee par les ASDFCI avec l'appui financier du ministere de l'agriculture et de la foret et de la Communaute economique europeenne devraient permettre, a l'avenir, de reduire les risques d'atteinte du massif par le feu.
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