Texte de la QUESTION :
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M Michel Giraud attire l'attention de Mme le ministre delegue a la francophonie sur le fait que, dans le cadre de la defense de la francophonie, le Liban fait souvent figure de parent pauvre. Alors que certaines ecoles libanaises n'hesitent pas a refuser les propositions de pays de langue anglaise (comme la fourniture de materiel informatique et video, l'amenagement complet de bibliotheques en echange de l'abandon de l'apprentissage du francais) pour maintenir l'usage de notre langue nationale, garante de liberte pour tous les Libanais, il lui demande de bien vouloir lui preciser les mesures que prend la France dans ce domaine pour aider le Liban qui veut parler, lire et continuer d'esperer en francais.
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Texte de la REPONSE :
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Reponse. - La France consacre a sa cooperation culturelle avec le Liban des credits - de l'ordre de 70 millions de francs en 1991 et 80 millions de francs en 1992 - qui situent ce pays au premier rang de ses interventions au Proche-Orient. Ces credits sont repartis entre deux priorites definies et mises en oeuvre en etroite concertation avec les autorites libanaises : l'aide a la reconstruction d'un pays sortant de plus de quinze annees de combats et de violence et le soutien a la diffusion de la langue francaise. A ce second titre nos interventions, diversifiees, portent notamment sur : la scolarisation des enfants libanais qui representent plus de 90 p 100 des quelque vingt mille eleves frequentant les onze etablissements scolaires francais ou franco-libanais actuellement subventionnes ; l'acces a la langue et la culture francaise dans un reseau de six etablissements culturels ; le recyclage de mille cinq cents enseignants libanais ; l'aide a la renovation de l'institut qui formera, en francais, les enseignants techniques libanais ; le soutien par des aides financieres, a la diffusion du libre francais ; la promotion de la diffusion d'emissions en langue francaise sur les chaines de radio et de television libanaises ; l'octroi de plus de quatre cents bourses de formation en France, dont 150 offertes a des futurs professeurs de francais. Ces interventions representent, en 1992, un effort de l'ordre de quarante millions de francs. Elles temoignent du prix que la France attache a la place de notre langue et de notre culture au Liban. C'est a ce titre egalement qu'une subvention exceptionnelle d'un million de francs a ete octroyee au seul quotidien beyrouthin paraissant en francais, L'Orient-Le Jour. Malgre cette action et la vitalite des relations franco-libanaises, dans le domaine de la francophonie, certaines questions ont pu naitre ici et la. Ainsi en a-t-il ete du changement de nom de quelques rue de Beyrouth, que les Beyrouthins continuent d'ailleurs d'appeler par leurs anciens noms. Les noms de Rachid Karame ou de Omar Daoud ont sans doute plus de signification pour la population libanaise actuelle que ceux de Verdun ou de Georges Picot. Les quelques changements intervenus ne concernent du reste pas seulement des rues portant des noms francais. L'avenue « Fouad Ier » est devenue l'avenue « President Abdallah Al Yafi » et celle « de l'Independance » l'avenue « President Elias Sarkis ». Il n'en reste pas moins que, si de nouveaux changements devaient etre decides, les noms francais ou d'origine francaise, majoritaires dans la capitale libanaise, seraient inevitablement affectes. Il ne semble pas qu'il faille pour autant en conclure a un nouveau recul de la francophonie au Liban qui reste attache a notre langue. Membre des instances francophones, le Liban appatient au monde arabe. C'est cette seconde appartenance qui est invoquee par les partisans de l'adhesion du Liban a l'organisation arabe pour l'education, la culture et les sciences, qui serait dans la logique des choses : le Liban n'est-il pas un membre fondateur de la ligue des Etats arabes ? La richesse culturelle de leur pays, les Libanais la doivent aussi a un systeme educatif qui a, en son temps, forme les elites du monde arabe. C'est a la reconstruction de ce systeme que la France apporte aujourd'hui son soutien. Ainsi, pendant les annees de guerre civile, pour preserver la qualite d'une formation initiale qu'elles ne pouvaient plus assurer, les autorites libanaises ont-elles avalise les diplomes francais, notamment notre baccalaureat. Elles entendent aujourd'hui, avec notre aide, retablir des diplomes nationaux. Les decisions ont encore ete repoussees de quelques annees. Elles viendront en leur temps. L'aide de la France devrait permettre au ministere libanais de l'education d'offrir aux jeunes Libanais un niveau de formation et une qualite de diplomes qui leur ouvrent les portes des etablissements superieurs francais.
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