Texte de la QUESTION :
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M Andre Lajoinie attire l'attention Mme le Premier ministre sur la situation preoccupante, apres l'annonce du plan dit « social » du groupe Essilor visant a supprimer 180 des 360 postes de travail, du site de Saint-Mihiel dans la Meuse. Il y a encore cinq ans, Essilor Saint-Mihiel qui fabrique des montures de lunettes, comptait 550 emplois. Le groupe Essilor pratique depuis plusieurs annees une strategie de placements boursiers et financiers au detriment de la production, de la formation, de la recherche et de l'innovation. C'est ainsi qu'une strategie de delocalisation de ses productions vers les USA, le Bresil et le Sud-Est asiatique s'est fraite au detriment des emplois locaux, departementaux et nationaux. Or, le groupe Essilor a beneficie d'aides publiques dans le cadre du centre de recherche optique implante au centre hospitalier de Bar-le-Duc dans la Meuse, s'elevant a 7,5 MF environ pour lequel il s'est engage a hauteur de 0,98 MF La plus grande part a ete versee par l'Etat, la region Lorraine, le departement de la Meuse, le comite d'amenagement, de promotion et d'expansion de la Meuse (CAPEM) et l'ANVAR Il serait incomprehensible pour les lunetiers, les habitants du bassin de Saint-Mihiel, les Meusiens, que ce groupe industriel qui beneficie d'aides publiques, puisse poursuivre dans sa strategie d'affaiblissement de notre patrimoine industriel national, d'abandon de productions francaises, de perte de savoir-faire et de casse humaine. Plus particulierement dans un departement deja gravement frappe par les licenciements et suppressions d'emplois. L'argent existe dans ce groupe puisque la maison-mere possede des disponibilites en portefeuille d'environ 550 MF comme la presse regionale s'en est faite l'echo sans jamais avoir ete dementie. Cet argent doit etre utilise pour investir en France dans la formation des hommes, dans la modernisation de l'outil de production et de creation, dans le developpement de cooperations internationales mutuellement avantageuses. Il lui demande quelles mesures urgentes elle compte prendre pour que l'argent public verse au centre de recherche optique profitant a Essilor serve l'interet public, et que prevalent d'autres solutions preservant tous les emplois a Essilor, tant a Saint-Mihiel qu'ailleurs dans la Meuse et dans d'autres regions francaises.
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Texte de la REPONSE :
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Reponse. - Le groupe Essilor International auquel appartient l'usine de Saint-Mihiel est le leader francais et un des leaders mondiaux de l'optique ophtalmique ; il occupe le premier rang mondial pour la fabrication de verres optiques et detient des positions importantes pour les lentilles de contact, les implants intra-oculaires et les appareils d'ophtalmologie. En ce qui concerne les montures, specialite de l'usine de Saint-Mihiel, l'entreprise est moins bien placee, elle ne possede que 13 p 100 du marche francais et ne fait pas partie des dix premiers fabricants mondiaux. Depuis quelques annees, le groupe est confronte a une conjoncture moins favorable resultant a la fois de la baisse du dollar, de l'aggravation de la concurrence (multiplication des fabricants de verres optiques) et de la concentration de la distribution. Dans le meme temps, sa rentabilite s'est amoindrie : en 1989, pour un chiffre d'affaires de 4,7 milliards de francs, le resulat net s'eleve a plus de 300 millions de francs ; en 1990, pour un chiffre d'affaires de pres de 5 milliards de francs, il s'etablit a moins de 200 millions de francs ; le resultat de 1991 ne devrait pas depasser 150 millions de francs. De plus, la societe supporte des couts de production eleves, un endettement important (60 p 100 de ses fonds propres en juin 1991) et une structure trop lourde et inadaptee aux besoins reels de l'entreprise. Ses resultats ne lui permettent plus en meme temps de soutenir un important effort de recherche (en moyenne 5 p 100 du chiffre d'affaires), de continuer a investir et de compenser les pertes de certaines activites (en particulier la lunetterie) par les benefices degages par la fabrication des verres. Ces facteurs defavorables ont conduit l'entreprise a une plus grande rigueur de gestion et a la recherche d'economies. En 1991, 800 emplois ont ete supprimes en France et dans les unites implantees a l'etranger ; 450 suppressions de postes sont prevues en 1992. Elles porteront principalement sur les sites de Saint-Maur et le siege social de Charenton. Les 180 suppressions envisagees a Saint-Mihiel visent a ajuster les effectifs a la diminution des quantites produites. Elles apparaissent inevitables en raison de la difference de cout existant entre, d'une part, l'usine de Saint-Mihiel et les unites des autres fabricants francais (implantees pour la plupart dans le Jura) et, d'autre part, celles des pays a bas salaires. Des solutions sont recherchees en vue d'attenuer les consequences sociales de ces mesures. Elles prendront la forme de FNE, de departs volontaires et de reclassements. Ces mesures ne remettent pas en cause la perennite des activites nationales d'Essilor et sa strategie de developpement en France et a l'etranger. Bien qu'il realise 70 p 100 de ses ventes sur les marches etrangers, le groupe conserve en France une quarantaine de sites de production et de recherche employant la moitie de ses effectifs (soit 6 000 personnes) ; la moitie des investissements industriels y sont realises et le resteront en 1992. Par ailleurs, le groupe maintient en France l'essentiel de son dispositif de recherche (350 personnes et 5 p 100 du chiffre d'affaires) et consacre d'importants moyens a la formation des salaries de ses differents sites (plus ede 3 p 100 de sa masse salariale en 1992). Quant au laboratoire Meuse Optique Contact, implante au centre hospitalier de Bar-le-Duc, il n'a aucun lien juridique avec le groupe Essilor. C'est une structure independante, regie sous forme d'association par la ville de Bar-le-Duc, le departement de la Meuse et la region Lorraine. Essilor, qui a participe a cote d'autres partenaires publics, a son financement, n'envisage par de reduire sa participation, bien que ses travaux n'aient que des retombees indirectes sur son developpement. A priori, ce laboratoire ne sera donc pas affecte par les mesures s'appliquant a l'usine de Saint-Mihiel.
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