Texte de la QUESTION :
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Mme Yann Piat M le secretaire d'Etat a la mer a propos de la propagation et la proliferation d'une algue en mer Mediterranee. Cette algue, nommee « caulerpa taxifolia », semble alerter les scientifiques et les professionnels marins par son caractere hegemonique, et peut-etre toxique. Sa presence, par ailleurs, apparait tout a fait anormale, selon eux, dans cette region du globe. C'est pourquoi elle lui demande quelles dispositions il compte prendre afin de definir reellement la menace de cette proliferation, et les moyens a mettre en oeuvre afin d'y repondre en concertation avec les pays concernes en Mediterranee.
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Texte de la REPONSE :
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Reponse. - La Caulerpa taxifolia est une plante tropicale qui a envahi progressivement le littoral mediterraneen, depuis 1984, date ou elle est observee pour la premiere fois. Son expansion est un phenomene preoccupant. Aussi, mon predecesseur, M Jean-Yves Le Drian, avait-il installe, le 23 janvier 1992, lors d'une reunion au centre Ifremer de La Seyne-sur-Mer, un comite de coordination preside par le directeur interregional des affaires maritimes en Mediterranee, dont l'action s'appuie sur les travaux d'un comite scientifique et technique. Ce dernier, qui s'est reuni le 21 janvier a Luminy au laboratoire de biologie marine et ecologie du Benthos, a propose un programme de recherche comprenant les sept actions suivantes : la cartographie du littoral des regions Provence-Alpes-Cote d'Azur et Languedoc-Roussillon ; l'etude de l'impact de l'invasion de la Caulerpa taxifolia sur les herbiers a posidonies, et plus generalement sur la faune et la flore indigenes ; la toxicite afin de determiner s'il peut y avoir danger pour la sante humaine : la genetique, la biologie, l'ecologie et la lutte. Ce dernier point, qui a retenu toute mon attention, porte sur l'inventaire des materiels existants et des methodes d'eradication utilisables ; l'evaluation sur le terrain des materiels apres modification eventuelle de ces equipements selon des criteres d'efficacite, de conservation des sols marins et de rendement economique. Les sites ou aura ete pratiquee une experience d'eradication seront surveilles a intervalle de 1-2 mois afin de verifier qu'il n'y a pas de repousses de Caulerpa taxifolia. Le comite de coordination reuni le 24 fevrier 1992 a decide de mettre en place des structures complementaires plus « legeres » : un groupe de travail juridique charge d'etudier les problemes poses au plan reglementaire par l'introduction d'especes nouvelles ; une commission de financement chargee d'assurer la gestion du controle de l'utilisation des fonds affectes aux differentes actions. Le programme d'action dont le cout s'eleve a 1 900 000 F est finance par le secretariat d'Etat a la mer et l'Ifremer, le ministere de l'environnement, avec des contributions du conseil regional Provence-Alpes-Cote d'Azur, des conseils generaux des Alpes-Maritimes, du Var, des Bouches-du-Rhone. Le ministere de la sante vient d'etre saisi, ainsi que la CEE, d'une demande de financement complementaire. La 3e reunion du comite de coordination qui s'est tenue a Marseille le 22 juin 1992 a rendu compte des resultats des premiers tests d'eradication operes courant juin sur une zone situee a l'est du Cap-Martin. Une dizaine de procedes ont ete mis en oeuvre sur des substrats de nature variee. Il en ressort qu'il ne peut y avoir de methode unique d'eradication. Le rapport cout/efficacite des procedes utilises doit etre egalement evalue. Un point precis des differentes actions de recherche en cours sera effectue dans le courant du mois de septembre a l'occasion de la 4e reunion du comite de coordination. Par ailleurs, une concertation avec nos voisins mediterraneens est engagee par le president du comite de coordination. Deux scientifiques espagnols sont attendus dans les jours qui viennent a l'universite de Luminy ou ils seront accueillis par le professeur Boudouresque.
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