Texte de la QUESTION :
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M Serge Charles attire l'attention de M le ministre delegue a l'industrie et au commerce exterieur sur la situation de l'entreprise Thomson, LCC, installee a Marly depuis 1988. L'implantation de cette usine, annoncee le 4 octobre 1985 dans le cadre de la politique de reconversion du Valenciennois, devait engendrer la creation de plus de 600 emplois dans un arrondissement particulierement sinistre par la disparition des sites siderurgiques et miniers. Or, apres 4 annees d'activite, avec un effectif maximal d'a peine 200 personnes et un investissement considerable de l'Etat de 43 milliards de centimes, la direction du groupe nationalise envisage la suppression de la ligne de fabrication des condensateurs au tantale, unite de base de l'entreprise de Marly, ce qui conduit a la fermeture pure et simple. Pourtant, Thomson avait fait le pari, grace a ce nouvel etablissement, de representer, en 1991, 8 p 100 du marche mondial des condensateurs de tantale. Mais la realite economique a semble-t-il eu raison de la strategie choisie. Il n'en demeure pas moins vrai que se pose le probleme du respect des engagements pris a l'egard d'une population, dans un bassin d'emploi qui connait un taux de chomage record. Il lui demande en consequence s'il entend prendre une initiative en faveur du Valenciennois au regard du probleme expose et des difficultes que rencontre cet arrondissement.
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Texte de la REPONSE :
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Reponse. - Initialement, la technologie des condensateurs au tantale etait sous controle de la filiale espagnole de LCC de Barcelone. Le centre de Barcelone enregistrant une baisse rapide de rentabilite sur un marche fortement evolutif dans le sens de la miniaturisation et du montage en surface, la decision fut prise des 1986 de lancer la construction d'un nouveau site de production a Marly-les-Valenciennes. L'implantation a Marly s'est developpee sur la base d'un nouveau produit necessitant de nouveaux procedes de production. En effet, le condensateur chip tantale, bien qu'utilisant la meme matiere premiere que le condensateur classique, suppose une mise en oeuvre radicalement differente et des performances techniques ameliorees. Le chip a montage en surface etant appele a etre entierement immerge dans un bain de soudure a 300 degres environ, les exigences de tenue en temperature n'ont rien de comparable a celles du condensateur soude « a pattes ». De plus, le chip participant a la recherche d'une extreme miniaturisation, les performances electriques doivent etre conservees pour un volume moindre. L'implantation des materiels n'a pu debuter qu'en septembre 1988. 200 personnes ont ete affectees au centre de Marly, dont une large majorite de cadres techniques. En trois ans de fonctionnement du centre, les resultats obtenus se sont averes insuffisants : sur le plan quantitatif, en 1990, LCC produisait un million de pieces par mois avec un rendement de 70 p 100. En comparaison, le Japonais Matsuo, le 3e mondial en quantite mais leader en qualite, realisait une production de 40 millions d'unites par mois en 1990, avec des rendements de 95 a 98 p 100 ; sur le plan qualitatif, la teneur en poudre de tantale des chips etant largement superieure a ceux de Matsuo pour des performances moindres, le cout de revient s'en trouvait largement majore ; de plus, la tenue en temperature du chip tantale LCC etait de 50 p 100 inferieure au produit japonais ; sur le plan commercial enfin, le chiffre de Marly est reste tres faible (4 millions de francs en 1988, 9 millions en 1989, 34 millions en 1990). Cet echec commercial est imputable aux consequences d'une rapide evolution des conditions concurrentielles. En 1989, les surcapacites de production creees par les principaux Japonais du secteur (Nippon Electric, Matsushita, Hitachi, Matsuo, Marcon) ont accentue la baisse des prix (-50 p 100 de 1987 a 1989). Les producteurs non japonais ont ete places en difficulte par cette intervention massive sur le marche libre des Japonais aux productions jusqu'alors captives. Parallelement, Siemens et Matsushita, dans le cadre de leur alliance, ont cree un centre de production de chips tantale en Allemagne susceptible de fournir 200 millions de condensateurs par an, sur un marche europeen estime a 600 millions d'unites. L'usine est operationnelle et devrait commencer a fournir des pieces dans les prochains mois. Devant ces difficultes, la societe LCC a decide des le second semestre de 1990 de rechercher un partenaire industriel sous la forme d'une « joint-venture ». Les contacts pris initialement avec les « Europeens » du secteur (AVX, Kemet, Sprague, Philips, Tekelec) sont restes vains, l'offensive japonaise de 1989 ayant place la plupart de ces competiteurs dans une phase defensive de recentrage d'activite. Face a cet echec, LCC a entrepris une phase de negociation avec les entreprises japonaises, qui ont plus ou moins rapidement decline la proposition de reprise. Considerant l'impasse technique et commerciale dans laquelle se trouvait LCC sur le tantale, ainsi que le resultat d'exploitation de moins 73 millions de francs de Marly, integralement responsable du deficit d'exploitation global de LCC en 1990, les dirigeants ne pouvaient envisager d'autre alternative que la fermeture du centre de Marly. Cette fermeture a entraine les consequences suivantes : 1o) la necessite d'entamer une procedure de reclassement des personnels touches par l'arret des lignes tantale et varistance moyenne tension ; 2o) la vente a ABB de l'activite varistance moyenne tension, permettant le maintien de 26 emplois sur le site ; 3o) l'implantation sur le site d'une societe hollandaise specialisee dans la maintenance industrielle et le cablage d'armoires, permettant le maintien de 10 emplois. Des negociations sont en cours pour accentuer l'implantation d'autres industriels sur le site de Thomson a Marly afin de preserver de nouveaux emplois.
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