FICHE QUESTION
9ème législature
Question N° : 57020  de  M.   Masson Jean-Louis ( Rassemblement pour la République - Moselle ) QE
Ministère interrogé :  agriculture et forêt
Ministère attributaire :  agriculture et forêt
Question publiée au JO le :  27/04/1992  page :  1945
Réponse publiée au JO le :  13/07/1992  page :  3136
Rubrique :  Energie
Tête d'analyse :  Energies nouvelles : Lorraine
Analyse :  Agro-carburants. perspectives. colza. unite de production diester. creation
Texte de la QUESTION : M Jean-Louis Masson expose a M le ministre de l'agriculture et de la foret que le colza est une production essentielle en tant que tete d'assolement et que la Lorraine, avec 120 000 hectares, est la premiere region productrice de France. Il apparait souhaitable pour ses producteurs que le disposifit transitoire mis en place en 1992 dans le cadre de la PAC tienne compte, dans le montant de la prime a l'hectare, de la situation des agriculteurs lorrains et des conditions pedo-climatiques de cette region intermediaire. Les producteurs en cause demandent qu'une unite de production diester soit implantee en Lorraine. Ils rappellent l'interet ecologique de ce bio-carburant, derive d'une matiere premiere agricole, dont l'utilisation limite, par rapport a l'utilisation des carburants d'origine fossile, l'accumulation du gaz carbonique dans l'atmosphere, principale cause de l'effet de serre. En outre le bilan energetique de ce carburant est positif. Il ne contient pas de soufre, a l'origine des emissions d'anhydride sulfureux responsable des pluies acides, et il diminue les emissions polluantes comme les suies. Il lui demande, appuyant en cela les producteurs lorrains de colza, que soit encouragee cette culture permettant ainsi la couverture optimale de l'espace rural lorrain, et que soient prises les mesures tendant a developper le carburant ecologique auquel il peut donner naissance, contribuant par la a limiter la dependance energetique de la France.
Texte de la REPONSE : Reponse. - L'utilisation des produits agricoles a des fins non alimentaires, et particulierement pour l'obtention des biocarburants, constitue l'une des priorites du ministere de l'agriculture et de la foret. Cette priorite a fait l'objet d'une communication lors du conseil des ministres du 20 decembre 1991. Pour favoriser ce debouche, plusieurs mesures ont ete retenues tant au niveau francais qu'au niveau communautaire : 1o La loi de finances pour 1992 prevoit, dans son article 32, une exoneration complete de la taxe interieure de consommation des produits petroliers (TIPP) pour l'ethanol et ses derives et pour les esters d'huile de colza ou de tournesol, s'ils sont produits a partir de produits agricoles definis, elabores sous controle fiscal dans des unites pilotes, dans le cadre de projets experimentaux. L'arrete du 27 mars 1992 precise les conditions d'application de ce dispositif fiscal. Afin d'assurer une perspective suffisante aux professionnels, cette mesure a ete prise pour cinq ans jusqu'a fin 1996. 2o Au niveau communautaire, a l'occasion du debat relatif aux droits d'accises sur les huiles minerales et les carburants, la France a insiste pour qu'au plan europeen, un regime specifique et harmonise soit applique aux biocarburants. Cette proposition a ete suivie d'effet puisque la commission a depose le 5 mars 1992 devant le conseil un projet de directive qui prevoit l'application pour les biocarburants d'un taux d'accises au maximum egal a 10 p 100 du taux de la taxe appliquee au carburant substitue. 3o A l'occasion de la reforme de la Politique agricole commune (PAC), est prevue la possibilite de pratiquer des cultures destinees a des usages non alimentaires en alternative a l'obligation de jachere et avec la meme aide. 4o L'instauration d'une « ecotaxe », proposee par la commission europeenne, en vue de limiter les emissions de dioxyde de carbone (CO2), favoriserait l'utilisation de la biomasse au depens des combustibles d'origine fossile. Toutes ces mesures sont de nature a contribuer a la mise en place d'une production significative de biocarburants. Ainsi, des la prochaine campagne, une partie des surfaces devenues disponibles a cause de l'obligation de jachere, pourra etre utilisee. En ce qui concerne les esters d'huile de colza ou de tournesol, appeles diesters, la premiere unite francaise de production, actuellement en construction a Compiegne, sera operationnelle en septembre 1992. Dans le meme temps, des essais d'utilisation d'ester en melange dans le gazole sont actuellement realises a l'Institut francais du petrole, sous le controle des ministres charges de l'industrie et de l'agriculture, en vue d'une autorisation du produit au debut de 1993. En ce qui concerne l'ethanol, plusieurs unites pilotes ont deja ete agreees, dans le cadre de la mesure d'exoneration fiscale, pour la mise en oeuvre d'un programme experimental d'utilisation d'additifs dans les supercarburants. D'ores et deja, un developpement significatif de l'utilisation de ces produits est donc attendu puisque, d'une part s'agissant des diesters, une cinquantaine de villes ont ou vont engager un programme d'experimentation sur flottes captives avec des taux d'incorporation differents et que d'autre part, plusieurs grands operateurs industriels ont engage ou envisagent d'engager des projets d'incorporation d'additifs d'origine agricole, par exemple l'ethanol, l'ethyl tertio butyl ether (E T B E). Des l'annee 1993, les volumes mis en oeuvre pourraient depasser 500 000 hectolitres de biocarburants, ce qui constituerait une premiere etape autorisant un developpement ulterieur de ce marche. Dans le cas particulier d'une production d'ester en Lorraine, il sera necessaire de prendre en compte les resultats des travaux engages et decrits precedemment, afin d'evaluer la croissance de ce nouveau marche et definir les outils industriels a mettre en place. Compte tenu de l'avantage fiscal, les premieres estimations de prix de revient du produit font apparaitre la necessite d'optimiser tous les parametres, relatifs au procede utilise et au choix de l'implantation. Ainsi, les futures unites devront mettre en oeuvre un procede continu, ce qui n'est pas encore le cas de l'unite de Compiegne, et devront s'implanter pres d'usines de trituration existantes, afin de reduire les couts logistiques. Comme vous le decrivez, la Lorraine beneficie d'avantages significatifs : cependant, comme elle ne dispose d'aucune unite de trituration installee, il conviendra d'etre prudent et d'observer, des le debut de 1993, les premiers resultats des demarches citees precedemment, afin d'apprecier les consequences d'une eventuelle decision d'investissement dans les meilleures conditions possibles.
RPR 9 REP_PUB Lorraine O