FICHE QUESTION
9ème législature
Question N° : 57697  de  M.   Cozan Jean-Yves ( Union du Centre - Finistère ) QE
Ministère interrogé :  affaires étrangères
Ministère attributaire :  affaires étrangères
Question publiée au JO le :  18/05/1992  page :  2150
Réponse publiée au JO le :  20/07/1992  page :  3249
Rubrique :  Cultures regionales
Tête d'analyse :  Defense et usage
Analyse :  Langues regionales ou minoritaires. projet de charte europeenne. adoption par le Conseil de l'Europe. attitude de la France
Texte de la QUESTION : M Jean-Yves Cozan appelle l'attention de M le ministre d'Etat, ministre des affaires etrangeres, sur la charte europeenne des langues regionales ou minoritaires qui a fait l'objet de longues negociations au sein d'un comite d'experts du Conseil de l'Europe, nomme par les etats membres dont le notre. Ce texte est considere comme utile pour repondre aux aspirations des communautes linguistiques dans nos pays. Il aimerait connaitre la suite que le Gouvernement francais entend reserver a ce texte et souhaite savoir s'il sera adopte sous la forme d'une convention ou d'une simple recommandation. L'importance de la reponse a cette question est primordiale pour l'avenir des associations et des collectivites attachees a defendre leur identite.
Texte de la REPONSE : Reponse. - Comme le sait l'honorable parlementaire, le Gouvernement francais s'est depuis plusieurs annees preoccupe du developpement de l'emploi des langues regionales ou minoritaires. Il est ainsi possible d'apprendre des langues regionales a l'ecole, au college, au lycee et a l'universite. Pour ce qui concerne les media, la chaine publique FR 3 diffuse des emissions en langue regionale et de nombreuses radios locales en langue regionale existent. Nombre de dispositions du projet de charte europeenne sur les langues regionales ou minoritaires du Conseil de l'Europe, qui a pour but principal la promotion et la protection des langues regionales, sont donc d'ores et deja applicables et appliquees en France sans qu'aucune modification de notre legislation soit necessaire. Le projet qui est soumis aux Etats membres du Conseil de l'Europe pose toutefois a la France des difficultes serieuses sur plusieurs points importants. Cette charte contient en effet des dispositions incompatibles avec nos principes constitutionnels tels que l'egalite des citoyens devant la loi, et contraires a notre legislation pour ce qui concerne l'emploi des langues regionales dans les services publics et dans la vie economique et sociale. En particulier, l'emploi des langues regionales dans les organes juridictionnels serait en opposition avec le principe de l'utilisation de la langue francaise par les juridictions (ordonnance d'aout 1539, dite de Villers-Cotterets). Les dispositions de la charte relative a l'emploi des langues regionales dans les contrats de travail se heurtent au code du travail (art L 121-1) qui exclut meme l'emploi d'un terme etranger. Enfin l'utilisation de langues regionales par les etablissements publics ou prives charges de soigner les personnes qu'ils accueillent ou bien dans les informations destinees aux medicaments parait difficile a exiger. Ces mesures ainsi que d'autres (traduction des debats, formalites dans le cadre des procedures judiciaires), entraineraient une augmentation du prix des services, les rendant moins accessibles alors meme qu'un des buts de la charte est de faciliter l'acces de ces services. En outre, la protection des langues regionales peut difficilement faire l'objet d'une reglementation uniforme et detaillee : aux situations diverses qui sont celles des 27 Etats membres du Conseil de l'Europe doivent correspondre des solutions adaptees au territoire auquel elles s'appliquent. Ce sont ces arguments que les representants de la France ont defendus a Strasbourg sans pouvoir faire prevaloir leurs vues. Cette situation a amene le Gouvernement francais a exprimer le souhait que le texte prenne la forme d'une recommandation. Si la charte devait revetir la forme d'une convention, la France ne s'opposerait pas a l'ouverture a la signature de cette convention. Les Etats du Conseil de l'Europe qui le souhaitent pourront donc contracter une telle obligation.
UDC 9 REP_PUB Bretagne O