FICHE QUESTION
9ème législature
Question N° : 58196  de  Mme   Stirbois Marie-France ( Non-Inscrit - Eure-et-Loir ) QE
Ministère interrogé :  éducation nationale et culture
Ministère attributaire :  éducation nationale et culture
Question publiée au JO le :  25/05/1992  page :  2277
Réponse publiée au JO le :  29/06/1992  page :  2930
Rubrique :  Patrimoine
Tête d'analyse :  Archeologie : Gard
Analyse :  Nimes. fouilles. perspectives
Texte de la QUESTION : Mme Marie-France Stirbois souhaiterait savoir quelles sont les mesures que M le ministre d'Etat, ministre de l'education nationale et de la culture, entend prendre afin que le chantier de fouilles qui a permis de mettre a jour a Nimes un exceptionnel sanctuaire gaulois, puisse etre mene a bien. Il semble en effet que plusieurs decouvertes realisees sur ce site se revelent etre d'un interet remarquable. Aussi, certains organes de presse se sont inquietes, a juste titre, de menaces qui peseraient sur ce chantier de fouilles, menaces qui seraient dues en particulier a des projets de construction de complexes immobiliers. Si tel etait le cas, elle se permettrait d'insister aupres du ministre afin que tout soit mis en oeuvre pour preserver ce site et laisser travailler en toute latitude les archeologues qui oeuvrent inlassablement pour proteger notre patrimoine et ameliorer la connaissance que nous avons de ce lointain passe.
Texte de la REPONSE : Reponse. - Conformement a une convention signee entre l'Etat et l'amenageur, une importante campagne de fouilles archeologiques a ete realisee, pendant une duree de dix mois, prealablement a la realisation du projet de la ZAC « Villa Roma ». Deux centres d'interet majeur, sur le plan scientifique, ont ete definis a l'issue des fouilles qui ont entraine deux options de conservation adaptees a chaque cas. Ainsi, pour la premiere fois a Nimes, la fouille a revele la presence d'un quartier d'habitation gallo-romain, sur une surface d'environ 5 000 metres carres sur le bas de pente du Mont-Cavalier. Quatre ilots batis s'individualisent facilement, grace a un reseau de voies qui s'adaptent a la topographie naturelle du terrain. Le plus bel exemple est materialise par une rue pavee, remarquablement conservee. La moisson scientifique est d'importance puisque ce sont en tout douze habitations - domus - qui ont pu etre etudiees et relevees. Ces domus, dotees de pieces decorees de peintures murales, s'organisent autour d'une cour a peristyle, equipee d'un bassin et parfois d'un puits. Des caracteristiques architecturales permettent de distinguer l'habitat du sommet de pente, plus rustique, de celui se developpant en partie basse, plus luxueux. La solution retenue a ete le principe de l'integration et de la presentation de plusieurs unites d'habitation, en relation avec le reseau viaire dans le futur musee de site. Ces structures fragiles doivent etre mises hors d'eau pour favoriser leur conservation mais aussi permettre une evocation du quartier antique pour le grand public. Elle permettra la mise en situation d'objets archeologiques ou d'elements significatifs, comme les peintures murales deposees lors de la fouille, dont le detail sera precise par le programme museographique en cours d'elaboration, en liaison etroite avec la direction des musees de France. La partie basse du terrain, en bordure du quai de la Fontaine, a livre quant a elle les vestiges d'un batiment de forme allongee, partiellement conserve et degage sur une vingtaine de metres. Cet edifice de grande dimension, adosse a un mur de terrasse, est construit en blocs de grand appareil, parfaitement assises, et sa facade principale presente un amenagement de piliers caracteristique d'un batiment a portique. Sa construction est a placer dans le premier quart du Ier siecle avant J-C La decouverte d'elements lapidaires en reemploi dans les abords immediats du portique - element d'une statue d'homme assis en tailleur, linteau creuse d'alveoles cephaliformes, fragment d'inscription gallo-grecque - confirme l'hypothese de la proximite d'un sanctuaire indigene dans le secteur des jardins de La Fontaine, non encore decouvert a ce jour. Devant l'importance scientifique de la decouverte, des solutions conservatoires ont ete recherchees, avec la collaboration de l'amenageur, afin de preserver ces vestiges lors des travaux de construction et pour permettre, a court ou a plus long terme, tout projet de presentation au public. Apres une campagne de releves, en collaboration avec l'institut de recherches sur l'architecture antique (CNRS, Aix-en-Provence), les vestiges du portique ont ete remblayes, avec des materiaux calibres, sous controle archeologique. Un plan de fondations, par puits chemises, epargnant totalement le monument, a ete retenu, comme seule solution adaptee a la preservation des constructions antiques et a une eventuelle mise en valeur. Dans l'emprise exacte correspondant au projet immobilier, l'essentiel du programme de fouille est a ce jour totalement acheve et l'etude va se poursuivre durant huit mois en laboratoire afin de rediger les rapports scientifiques et preparer la publication des principaux resultats. Cette ultime etape, outre ses apports attendus pour la connaissance historique, sera necessaire pour alimenter la reflexion sur l'amenagement de ce secteur primordial de la ville de Nimes, a travers la realisation d'un musee de site, la presentation du batiment a portique d'epoque republicaine mais aussi les travaux de mise en valeur du temple de Diane.
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