FICHE QUESTION
9ème législature
Question N° : 60262  de  M.   Stasi Bernard ( Union du Centre - Marne ) QE
Ministère interrogé :  affaires étrangères
Ministère attributaire :  affaires étrangères
Question publiée au JO le :  27/07/1992  page :  3314
Réponse publiée au JO le :  12/10/1992  page :  4687
Rubrique :  Politique exterieure
Tête d'analyse :  Chine
Analyse :  Tibet. attitude de la France
Texte de la QUESTION : M Bernard Stasi appelle l'attention de M le ministre d'Etat, ministre des affaires etrangeres, sur les violations graves et repetees des droits de l'homme au Tibet. Le probleme de la question territoriale dans cette partie de la Chine ne doit pas, en effet, masquer la repression qui se caracterise par des « amendements par le travail », des detentions administratives et les multiples violations des droits de l'homme. Il lui demande, par consequent, ce que le Gouvernement francais compte faire pour eviter que de tels actes se perpetuent.
Texte de la REPONSE : Reponse. - Le ministere des affaires etrangeres suit avec la plus grande attention la situation des droits des l'homme au Tibet. 1- Tous les temoignages independants confirment en effet que - comme le souligne l'honorable parlementaire - la situation des droits de l'homme au Tibet est tres preoccupante : si les autorites chinoises peuvent faire valoir que, depuis 1950, la situation economique du Tibet s'est amelioree grace a une politique de developpement des services publics et des infrastructures, la situation des droits de l'homme, de l'avis general, n'a pas connu une evolution positive, meme si une certaine liberalisation a pu etre observee de 1978 a 1989. a) Les libertes civiles et politiques ne sont pas respectees : les manifestations d'opposition de la population tibetaine sont, selon les temoignages recus, reprimees avec brutalite et de nombreux cas d'arrestations arbitraires et de mauvais traitements ont ete rapportes - y compris depuis la levee de la loi martiale en mai 1991. b) Les atteintes a la liberte religieuse persistent, meme si la situation s'est amelioree depuis la fin de la revolution culturelle. Les activites du clerge bouddhiste demeurent, selon les temoignages, strictement encadrees et des persecutions contre des moines et nonnes sont signalees regulierement. c) Enfin, la memoire et la culture specifique du peuple tibetain paraissent menacees par la politique du Gouvernement chinois. 2- Comme le rappelle lui-meme l'honorable parlementaire, les questions relatives a la situation au Tibet s'inscrivent dans le cadre de nos relations avec la Republique populaire de Chine. D'une part, la France a reconnu la Republique populaire de Chine en 1964 dans les frontieres internationalement reconnues a cette epoque et qui incluent le Tibet. D'autre part, la question du respect des droits de l'homme par le gouvernement chinois est un element important de nos relations avec la RPC, notamment depuis la repression du mouvement democratique de 1989. Ce probleme se pose avec une acuite particuliere au Tibet. Vivement preoccupee par cette situation, la France souhaite que les droits des Tibetains soient reconnus et respectes. Elle plaide en faveur d'un dialogue constructif entre le gouvernement chinois et le Dalai Lama, chef spirituel des Tibetains, que la communaute internationale reconnait comme une interlocuteur modere et pacifique Le ministre de l'Etat, ministre des affaires etrangeres a eu l'occasion d'evoquer l'ensemble de ces questions avec le Dalai Lama lors de l'entretien prive qu'il lui a accorde a Montignac (Dordogne) le 25 aout 1991, le lendemain de l'adoption d'une resolution sur la « situation au Tibet » par la sous-commission de lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorites des Nations-Unies. 3- Dans cette perspective, la France a engage recemment des actions diplomatiques tant du point de vue multilateral que bilateral : a) La quarante-huitieme session de la commission des droits de l'homme a Geneve en fevrier et mars derniers a ete l'occasion pour la France, avec les Etats membres de la CEE et en liaison avec l'autres pays occidentaux de parrainer, pour la premiere fois dans cette enceinte, un projet de resolution qui condamnait les atteintes aux droits de l'homme commises par les autorites chinoises, avec une mention specifique du cas du Tibet. Ce projet n'a toutefois pas ete adopte. b) D'autre part, M Ismail Ahmat, president de la commission d'Etat (ministre) pour les minorites nationales de RPC - par ailleurs vice-president de la commission consultative politique du peuple chinois (CCPPC ou « Senat chinois ») - a effectue une visite en France a l'invitation du Senat au mois d'avril dernier. Ce sejour a ete l'occasion pour le ministre delegue aupres du ministre d'Etat, ministre des affaires etrangeres de souligner avec fermete notre position et notre vive preoccupation aupres de ce dirigeant chinois en charge notamment des questions du Tibet. La France entend continuer en tout etat de cause a agir avec determination par le dialogue et la persuasion en faveur du respect des droits de l'homme au Tibet.
UDC 9 REP_PUB Champagne-Ardenne O