Question écrite n° 2677 :
Defense et usage

10e Législature

Question de : M. Kiffer Jean
- RPR

M. Jean Kiffer attire l'attention de M. le ministre de la culture et de la francophonie sur la situation preoccupante qui resulte de l'utilisation de plus en plus rare de la langue francaise a l'UNESCO. A titre d'exemple, lors d'un colloque organise recemment par cette organisation internationale attachee aux Nations unies, et dont le siege est a Paris, il etait fait obligation aux participants de s'exprimer en anglais, la traduction simultanee n'etant pas assuree. Or il lui rappelle qu'en vertu de l'article 1er de la resolution no 2 de l'assemblee generale des Nations unies, le francais et l'anglais sont les deux seules langues qui aient le double statut de langue officielle et langue de travail dans tous les organismes des Nations unies tels que l'UNESCO et qui doivent donc, en principe, y etre utilisees de facon equivalente. Pour autant, la situation du francais n'a cesse de se degrader depuis une quinzaine d'annees, pour devenir aujourd'hui une langue minoritaire dans les debats officiels et meme dans la redaction de documents dependant de la Place de Fontenoy. Plusieurs raisons peuvent etre attribuees a ce declin de notre langue : en premier lieu, la politique de recrutement du personnel qui, en principe, obeit a des regles de quotas, afin d'assurer une representation equitable a chaque pays, a ete detournee de son objectif initial pour des raisons d'opportunite (domicile proche, disponibilite immediate, etc.). Les ressortissants francais ont ete largement favorises au niveau des services de maintenance, de secretariat, des techniciens, alors qu'aux echelons plus eleves en hierarchie (au niveau des decideurs), les quotas ont joue en faveur d'autres pays. En second lieu, le maintien sous condition dans leurs postes des ressortissants britanniques et americains detaches au siege avant le retrait officiel de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis a contribue a renforcer l'influence anglo-saxonne. Effectivement, l'importance de la cotisation qu'ils versaient jadis leur a permis d'acceder a des responsabilites a un haut niveau de decision et d'execution qu'ils ont, par consequent, conservees. En outre, ces hauts-fonctionnaires beneficient le plus souvent d'un traitement tres complaisant, afin de faciliter une eventuelle reintegration de leur pays d'origine. Enfin, le precedent gouvernement n'a pas su soutenir les divers projets qui visaient pourtant a promouvoir le francais dans le monde. Le projet d'enseignement des langues du « programme Unesco-Tchernobyl », a propos duquel notre langue a reussi l'exploit d'evincer l'anglais comme langue pilote des operations de formation, n'a recu qu'un soutien tardif et purement moral de la part de l'ancien secretariat d'Etat a la francophonie. La plupart des reformes linguistiques qui avaient pour but d'introduire les langues nationales dans les systemes educatifs de certains Etats d'Afrique francophones, sont restees « lettre morte ». Or, a un moment ou le nombre de rapports, ecrits en anglais, mais emanant d'experts originaires de pays francophones, est en nette progression, le francais se serait vu « protege » par un systeme educatif bilingue coherent, reposant sur la langue nationale africaine et le francais. En consequence, il lui demande, compte tenu de ce qui precede, quelles mesures il entend prendre afin de remedier a cette situation pour le moins inquietante.

Données clés

Auteur : M. Kiffer Jean

Type de question : Question écrite

Rubrique : Langue francaise

Ministère interrogé : culture et francophonie

Ministère répondant : culture et francophonie

Dates :
Question publiée le 21 juin 1993
Réponse publiée le 30 août 1993

partager