Banque de France
Question de :
M. Dray Julien
- SOC
M. Julien Dray attire l'attention de M. le ministre de l'economie et des finances sur le fait que le gouverneur de la Banque de France, en qualite de president de la commission bancaire, s'est fait le « porte-parole » tres ostensible et zele de l'Association francaise des banques, organe professionnel des banquiers francais. Son propos, particulierement agressif et surprenant, puisque emanant d'une autorite responsable - qui se devait de mieux marquer son autonomie vis-a-vis du lobby bancaire - s'est efforce de designer des « soi-disant » responsables des difficultes des banques francaises. Il a ainsi remis en cause en particulier les conditions de collecte du livret A au nom de pretendues distorsions de concurrence. Au-dela des interrogations que ne manque pas de poser cette convergence « fortuite » des propos du gouverneur et de l'AFB, les menaces prodiguees et la remise en cause des conditions de collecte du livret A constituent, une fois encore, une attaque frontale contre le financement du logement social qui reste pourtant une priorite gouvernementale souvent affichee. Bon nombre d'exemples passes temoignent du fait que les banques ont toujours recupere a leur benefice particulier des fonds collectes pour servir a l'origine des missions d'interet general (cf. Codevi). Le gouverneur de la Banque de France faisait deja la politique economique du pays a travers ses choix monetaires ; s'erige-t-il desormais aussi en president de l'AFB, ministre du logement, maitre a penser des banques francaises... En utilisant ses fonctions officielles pour devenir le petit telegraphiste messager de l'AFB (comble d'ironie pour attaquer La Poste), le gouverneur de la Banque de France, qui ne manque pourtant pas une occasion de rappeler son independance vis-a-vis du Gouvernement, fait montre de bien peu d'autonomie a l'egard de ses collegues banquiers. Dans ce contexte qui destabilise le financement du logement social, le Gouvernement va-t-il « emboiter le pas » du gouverneur de la Banque de France et servir ainsi de sauveur artificiel a des banques francaises, dont les problemes de rentabilite sont explicables par bien d'autres facteurs (dettes immobilieres, comportements commerciaux imprudents) que de simples distorsions de concurrence.
Auteur : M. Dray Julien
Type de question : Question écrite
Rubrique : Banques et etablissements financiers
Ministère interrogé : économie et finances
Ministère répondant : économie et finances
Dates :
Question publiée le 12 août 1996
Réponse publiée le 2 décembre 1996