Doctorats
Question de :
M. Grandpierre Michel
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M. Michel Grandpierre attire l'attention de M. le ministre de l'education nationale, de l'enseignement superieur et de la recherche sur la situation des jeunes chercheurs qui finissent ou qui ont fini leur doctorat, appeles « doctorants ». L'enfermement du doctorant dans un monde purement academique nuit a son insertion professionnelle et renforce la mauvaise reconnaissance du doctorat par les entreprises du secteur prive. Les carences dans l'encadrement des doctorants et le manque de credits d'equipement, de fonctionnement et de maintenance menacent la dualite enseignement-recherche qui est le fondement meme de l'enseignement superieur. Il est en effet flagrant que le nombre d'enseignants du secondaire sans formation a la recherche, que dans certains laboratoires des doctorants ne font pas le travail au lieu et a la place du chercheur et que, la ou il n'y a pas de probleme en moyens humains, les personnels hautement qualifies recrutes ne peuvent travailler dans de bonnes conditions faute de moyens materiels et financiers. Un autre grave difficulte concerne le financement et la duree de preparation de la these. 19 % environ des theses se font sans financement. La disparite des modes de remuneration des doctorants fait que certains beneficient de l'affiliation au regime general de la securite sociale et d'autres non et que le montant et la duree des bourses, pour ceux qui ont de la chance d'en obtenir, sont tres divers. Enfin, il est observe, s'agissant des debouches du doctorat, une precarisation accrue chez les jeunes diplomes avec une augmentation de postes comme attache temporaire d'enseignement et de recherche (ATER), de sejours post-doctorat ou d'embauches comme maitres auxiliaires dans le secondaire, suite a une diminution sensible du nombre de postes offerts aux concours dans les organismes de recherche et les universites et a la desaffection du secteur prive pour embaucher des personnes titulaires de doctorats. Les debouches reels previsibles pour les prochaines annees sont estimes aux alentours de 6 500 a 7 000 emplois annuels, alors que 9 000 theses sont soutenues chaque annee. De nombreuses associations d'etudiants du 3e cycle reclament des modifications de l'arrete du 30 mars 1992 pour permettre une amelioration de la qualite des formations dispensees et la signature d'un contrat de these pour toute inscription en these comportant : un financement pour une duree de 3 ans et eventuellement une 4e annee correlee a la duree de la these et d'un montant au moins egal a celui des allocations du ministere de l'education nationale ; le benefice de la meme protection sociale que les salaries ; le plafonnement a 2 doctorants par directeur de these et le suivi par un « parrain », personnalite exterieure au laboratoire ; une formation doctorale dispensee par les ecoles doctorales et les centres d'initiation a l'enseignement superieur (CIES) avec creation de postes d'enseignants chercheurs et un renforcement du monitorat. Aussi lui demande-t-il s'il entend prendre en compte ces revendications dans un avenir proche faute de quoi former des personnels hautement qualifies paraitrait inutile a bon nombre de chercheurs et le retour sur le marche du travail de milliers de docteurs risqueraient de faire exploser le systeme vers 1997.
Auteur : M. Grandpierre Michel
Type de question : Question écrite
Rubrique : Enseignement superieur
Ministère interrogé : éducation nationale, enseignement supérieur et recherche
Ministère répondant : éducation nationale, enseignement supérieur et recherche
Date :
Question publiée le 30 décembre 1996