Trisomie
Question de :
M. Retailleau Bruno
- NI
M. Bruno Retailleau appelle l'attention de M. le secretaire d'Etat a la sante et a la securite sociale sur le depistage « preventif » de la trisomie 21 dans notre pays et de ses derives eventuelles vers l'« eugenisme ». En effet, cette maladie communement appelee « mongolisme » concerne en France environ 50 000 personnes et le risque de donner naissance a un enfant malade devient croissant avec l'age des meres. La trisomie 21 peut etre decelee avant la naissance de l'enfant par une amniocentese mais ne peut, pour l'instant, etre soignee. Ainsi, lorsque l'examen clinique permet de la diagnostiquer, on procede generalement a un avortement a quatre ou cinq mois. Le cout de ce depistage prenatal (operation clinique pouvant, par ailleurs, induire un risque non negligeable d'avortement) est d'environ 2 500 francs, rembourse aujourd'hui exclusivement aux femmes de plus de trente-huit ans. Cette operation etant souvent precede d'un test consistant en un dosage des marqueurs seriques, susceptibles de reveler une possible trisomie 21. Or soigner un enfant trisomique peut « couter cher » a la societe (entre 1 et 2,5 millions de francs). Sous la pression de certains gynecoloques, de feministes et de laboratoires medicaux, le ministere de la sante a donc decide de faire rembourser par la securite sociale l'amniocenthese a toute femme susceptible de donner le jour a un enfant « mongolien », ou inquiete d'une telle eventualite, avec le risque evident qu'elle procede, par la suite, a un avortement. L'eugenisme, c'est-a-dire le fait d'etre « bien ne » (du grec eu-genos), signifie egalement « bonne race » et implique tout ce qui concourt a l'obtenir. Cela peut passer par l'elimination de ceux qui n'entrent pas dans la categorie des gens « normaux » (mais qu'est-ce que la normalite si ce n'est le fait d'etre different des autres ?), avec des arrieres-pensees conscientes ou inconscientes. Certes, afin d'eviter l'accusation de « genocide », ou du moins de « selection », les responsables font une distinction entre un « eugenisme d'Etat » (avortement systematique apres amniocentese obligatoire) qui serait, selon eux, « inadmissible », et la decision individuelle de chaque femme, personnellement confrontee a ce probleme. En realite, cette distinction reste, en theorie, tres abstraite car les deux demarches aboutissent, dans les faits, au meme resultat. Que ce soit a l'echelle meme de la societe, en general, ou au niveau plus personnel et individuel, « l'eugenisme » est inacceptable dans un cas comme dans l'autre ! Connait-on une maniere plus odieuse que de faire disparaitre les malades afin d'eradiquer la maladie ? Ce qu'il faut, c'est la soigner. Il lui demande donc sa position personnelle a ce sujet.
Auteur : M. Retailleau Bruno
Type de question : Question écrite
Rubrique : Sante publique
Ministère interrogé : santé et sécurité sociale
Ministère répondant : santé et sécurité sociale
Date :
Question publiée le 17 février 1997