Question écrite n° 48318 :
Porcs

10e Législature

Question de : Mme Royal Ségolène
- SOC

Mme Segolene Royal attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de la peche et de l'alimentation sur l'inquietude des habitants de Tauche-Sainte-Blandine (Deux-Sevres) face au projet d'installation d'une porcherie industrielle de 800 truies sur le territoire de leur petite commune. Cette delocalisation de productions intensives bretonnes et l'epandage correspondant de tonnages tres eleves de lisier fait peser des risques importants sur la qualite de l'air (nuisances olfactives), du sol et de l'eau, au moment ou, dans le meme secteur, est lancee par les professionnels une operation de protection des ressources en eau potable sur le bassin du Lambon, pour inciter les agriculteurs a modifier leurs pratiques d'epandage d'engrais. Elle lui demande donc quelles garanties peuvent etre donnees a la population locale quant a la maitrise des effluents, afin que la zone soit preservee des desequilibres environnementaux dont souffre la Bretagne saturee. Par ailleurs, les promoteurs du projet mettent en avant les chances de developpement economique que constituerait, pour la region, cette implantation. A court terme, des emplois pourraient, en effet, etre generes dans l'elevage industriel lui-meme et dans les ateliers locaux d'abattage et de decoupe. Mais des couts individuels et collectifs sont egalement previsibles a long terme : pertes d'emplois dans les petites porcheries (etouffees par la concurrence et la pression a la baisse des prix liee a l'intensification de la production), dans les activites hotelieres et commerciales liees au tourisme vert dans une region aux atouts indeniables et dans les cooperatives (pertes en cereales a traiter du fait de la valorisation sur place des productions locales) ; devalorisation des patrimoines immobilier et foncier ; investissements de depollution et de protection de la qualite de l'eau ; effets externes en termes de qualite de vie, etc... Mme Segolene Royal souhaiterait donc avoir des informations sur les etudes d'impact qui ont pu etre realisees en la matiere, faisant clairement apparaitre, au-dela des seuls interets economiques, le solde net pour la collectivite des effets directs et indirects a long terme d'un tel projet. Elle s'interroge, enfin sur l'opportunite de reproduire en Deux-Sevres le modele intensif breton. L'experience bretonne des elevages concentrationnaires de porcs eleves en batteries ne temoigne-t-elle pas de la necessite d'une desintensification ? Des solutions existent, qui permettent de reconcilier emplois agricoles et environnement. En effet, ne doit-on pas preferer au projet en cours la multiplication de petites unites de production de porcs lourds, nourris a partir des aliments issus de l'exploitation et eleves en semi-liberte, sans nuisance excessive ? Cette option serait plus conforme au projet agricole departemental et permettrait l'installation, souhaitee par tous, de jeunes agriculteurs. L'interet de la region est, en outre, de miser sur des productions de qualite, a une epoque ou la clientele des charcutiers et bouchers exprime de plus en plus un besoin en salaisons et viandes de qualite, labellisees et clairement identifiees. L'agriculture excessivement intensive remise brutalement en cause par le scandale de la vache folle doit conduire a une prise de conscience et a des modifications de comportement, dont ne temoigne pas ce projet.

Données clés

Auteur : Mme Royal Ségolène

Type de question : Question écrite

Rubrique : Elevage

Ministère interrogé : agriculture, pêche et alimentation

Ministère répondant : agriculture, pêche et alimentation

Date :
Question publiée le 17 février 1997

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