Reunion : horticulture
Question de :
M. Vergès Paul
- RL
M. Paul Verges souhaite attirer l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la peche sur la situation extremement difficile des planteurs de geraniums de la Reunion, production dont l'essence entre dans la confection des parfums et eaux de toilette. Cette production traditionnelle doit faire face a une concurrence, essentiellement d'Egypte et de Chine. En 1992, la France a achete a la Chine 38 tonnes de geranium a 161 F. Elle s'est aussi approvisionnee a Madagascar, au Kenya et en Afrique du Sud, tandis que les Comores ont recemment manifeste l'intention de s'implanter sur le marche francais. Les consequences d'un tel etat de fait sont multiples : l'ecoulement de la production reunionnaise se fait de plus en plus difficilement : a la fin de l'annee 1992, la cooperative agricole d'huiles essentielles de Bourbon (CAHEB), qui a pour charge de recolter la production et de la commercialiser, avait en stock 27 tonnes d'essence. Ce stock est reste stationnaire jusqu'a maintenant. La cooperative, dans la mesure ou elle ne peut ecouler son stock, est incapable de remunerer le kilo d'essence de geranium a son cours normal a la Reunion : elle le paie 231 F au lieu de 580 F. La production, marquee par le rythme des cyclones, est en chute reguliere : 20 tonnes en 1988, 14 tonnes en 1989, 17,5 tonnes en 1992. La production d'essence de geranium se maintient depuis 1985 a un niveau trois fois inferieur a celui de la fin de la decennie 70. Le nombre de producteurs baisse regulierement : en 5 ans, 500 planteurs de geranium ont abandonne la terre, le nombre total de producteurs etant actuellement estime a 1 500. Dans le difficile contexte social reunionnais, ou le chomage depasse les 37 p. 100, des familles s'accrochent au travail de la terre pour ne pas dependre de l'assistance. On ne peut accepter l'agonie du secteur du geranium. Compte tenu, par ailleurs, du fait que la Reunion est le seul territoire de la Republique, voire de la Communaute europeenne, ou est cultive le geranium, des mesures s'imposent pour defendre et maintenir cette production. Il lui demande s'il n'estime pas necessaire de faire examiner le fonctionnement et la gestion de la CAHEB en vue d'arriver a une meilleure efficacite et rentabilite de cet organisme ; s'il n'est pas necessaire de mettre en application les dispositifs de la circulaire n 92-01 du ministere de l'agriculture relative aux mesures specifiques adoptees en faveur des departements d'outre-mer dans les secteurs des fruits, des legumes, des plantes et des fleurs et qui precisent les conditions nationales de mise en oeuvre des dispositions communautaires prises dans le cadre de POSEIDOM. Cette circulaire prevoit, en effet, l'attribution d'une aide nationale estimee a 3 974 francs par hectare pouvant etre appliquee dans le secteur du geranium. Enfin et surtout, il lui demande s'il n'est pas necessaire et urgent de mettre fin au systeme discriminatoire concernant l'application dans les DOM du RMI pour les agriculteurs et son remplacement par l'extension des memes conditions d'attribution utilisees en metropole. Le systeme actuellement applique ecarte du benefice du RMI 80 p. 100 des agriculteurs reunionnais ; ces derniers ne peuvent beneficier de cette disposition sociale quand ils cultivent 7 hectares ponderes contre 3 en metropole. Il souhaiterait savoir si le Gouvernement doit faire jouer en faveur de l'essence de geranium reunionnais, premierement, la preference nationale et, deuxiemement, la preference communautaire et s'il envisage de rencontrer tres rapidement les representants syndicaux des planteurs de geranium de la Reunion pour discuter avec eux des mesures d'urgence a prendre pour aider et sauver cette production.
Auteur : M. Vergès Paul
Type de question : Question écrite
Rubrique : Dom
Ministère interrogé : agriculture et pêche
Ministère répondant : agriculture et pêche
Signalement : Question signalée au Gouvernement le 30 mai 1994
Dates :
Question publiée le 10 mai 1993
Réponse publiée le 6 juin 1994