Question au Gouvernement n° 1661 :
Algerie

10e Législature

Question de : M. Van Haecke Yves
- RPR

Question posée en séance, et publiée le 29 mai 1996

M. le president. La parole est a M. Yves Van Haecke.
M. Yves Van Haecke. Monsieur le Premier ministre et monsieur le ministre des affaires etrangeres, les tragiques evenements d'Algerie soulevent une indignation legitime. Saurons-nous cependant repondre a ces actes perpetres au nom de croyances devoyees autrement que par une violence egale qui renforcerait les germes d'intolerance ? La France blessee doit reagir dans la douleur et le recueillement, comme le president de notre assemblee vient de nous y convier, et par un appel unanime a la fraternite et a la paix.
«Pourquoi nous hair ? Nous sommes solidaires, emportes par la meme planete, equipage d'un meme navire. Et s'il est bon que des civilisations s'opposent pour favoriser des syntheses nouvelles, il est monstrueux qu'elles s'entre-devorent.». Vous aurez reconnu, mes chers collegues, cette citation de Saint-Exupery.
C'est pourquoi il faudrait qu'a la suite du rassemblement de ce jour, place du Trocadero, d'autres rassemblements aient lieu en province, avec la participation des eglises et des mouvements religieux, comme des mouvements et associations philosophiques qui representent les familles d'origine etrangere. Il faudrait que, dans chaque classe elementaire et secondaire, soit lu un texte rappelant que le message universel de fraternite et de paix exige de nous tous l'acceptation des differences.
Sous quelle forme, a titre personnel ou de facon officielle, les membres du Gouvernement et le Gouvernement lui-meme pourraient-ils s'associer a ces initiatives ? (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
M. le president. La parole est a M. le ministre des affaires etrangeres.
M. Herve de Charette, ministre des affaires etrangeres. Mesdames, messieurs les deputes, cet assassinat, c'est le mal absolu: des hommes innocents en tous points, cantonnant leur vie a la priere et a la solitude, arraches a leur monastere et, finalement, au bout de deux mois, executes dans les conditions que vous savez.
M. Alain Griotteray. Assassines !
M. Alain Marsaud. Pas executes, assassines !
M. le ministre des affaires etrangeres. De partout montent les protestations. Elles sont venues d'abord de l'Eglise catholique, a laquelle ces moines appartenaient; et nous avons entendu, dimanche, le glas de toutes nos eglises sonner. Elles montent aussi de l'opinion publique. Elles viennent, sous forme de condamnation, du monde entier. Toutes les religions s'y sont associees, y compris la religion musulmane, parce que, en terre d'Islam, toutes les religions et toutes les expressions de la foi ont, par tradition, ete respectees.
Naturellement, cette emotion et cette condamnation s'expriment aussi par la voie officielle de la France. Ce soir, une manifestation aura lieu sur le parvis des Droits-de-l'Homme, a dix-huit heures trente. M. le Premier ministre et de nombreux membres du Gouvernement y seront presents. J'y serai, modestement, moi aussi, cela va de soi.
Vous suggerez, monsieur le depute, qu'un texte soit lu dans les ecoles, les colleges et les lycees pour signifier que notre pays continue a lutter pour les valeurs et les convictions qui le rassemblent de generation en generation.
Je crois que votre proposition est bonne. J'ai ecoute le message du president de l'Assemblee nationale avant la minute que vous avez consacree a une protestation recueillie. Je ne verrais que des avantages a ce que le texte qui vous a rassembles soit lu dans les ecoles de France. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique et sur quelques bancs du groupe socialiste et du groupe communiste.)

Données clés

Auteur : M. Van Haecke Yves

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique exterieure

Ministère interrogé : affaires étrangères

Ministère répondant : affaires étrangères

Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 29 mai 1996

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