Question au Gouvernement n° 1676 :
Rugby

10e Législature

Question de : M. Chollet Paul
- UDF

Question posée en séance, et publiée le 30 mai 1996

M. le president. La parole est a M. Paul Chollet.
M. Paul Chollet. Monsieur le ministre delegue a la jeunesse et aux sports, dans trois jours, le President de la Republique remettra le bouclier de Brennus au vainqueur de la finale du championnat de France de rugby, qui opposera Brive a Toulouse au parc des Princes. Les autres grands clubs, qui avaient nourri de legitimes espoirs et qui ont fait vibrer nos stades pendant tout l'hiver, ont accepte leur sort cruel et rendront unanimement hommage au vainqueur.
De nombreux animateurs de club sont inquiets pour le rugby, pris dans la tourmente du tout-economique, inquiets depuis que l'International Board a abandonne, sous la pression des pratiques de l'hemisphere Sud, le principe premier de l'amateurisme. Certes, ce principe etait largement transgresse, mais l'essentiel etait preserve, et les villes moyennes, avec des budgets modestes, avec l'engagement de toutes leurs forces vives, avec le benevolat des plus modestes, grace a la ferveur des foules qui se rassemblaient, pouvaient pretendre au titre supreme. Le pourront-elles encore demain face aux moyens financiers inabordables des grandes metropoles ?
Ce rugby, sport de contact et d'engagement physique, de jaillissement et d'inspiration, ce rugby, ascenseur social qui fait que celui l'a pratique a un bon niveau est un homme reconnu par la societe qui l'entoure, ce rugby integrateur, qui a su faire de Philippe Sella aux racines familiales peninsulaires lointaines, d'Abdel Benazzi aux racines mediterraneennes proches, des Francais exemplaires devenus de veritables heros nationaux (Applaudissements sur quelques bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique), ce rugby populaire, parce que le prix d'entree des stades est encore accessible a tous, ce rugby va-t-il perdre son ame ? (Rires et applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
Je sais, monsieur le ministre, que c'est au Board, a la Federation, aux clubs eux-memes de prendre leurs responsabilites, mais cette question nous interpelle, vous interpelle a travers le statut associatif, a travers les regles de gestion financiere des clubs, pour preserver quelque part leur specificite francaise liee a notre art de vivre.
Ne faut-il pas, monsieur le ministre, reflechir ensemble sur une loi-cadre du sport, rassemblant des textes epars qu'il convient d'adapter pour garantir un equilibre entre les objectifs des dirigeants, soucieux des valeurs du sport associatif et ceux des financiers, preoccupes de faire fructifier leur capital investi ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre, du groupe du Rassemblement pour la Republique et sur quelques bancs du groupe socialiste.)
M. le president. La parole est a M. le ministre delegue a la jeunesse et aux sports.
M. Guy Drut, ministre delegue a la jeunesse et aux sports. J'ai eu peur un instant, monsieur le depute, que vous ne me demandiez un pronostic pour samedi, ce qui m'aurait fortement ennuye etant donne l'origine geographique de chacune des deux equipes ! (Sourires.)
Vous etes attache aux traditions positives du rugby, moi aussi. Vous etes attache aux valeurs educatives, sociales de la pratique de ce sport, moi aussi. Mais ni vous ni moi n'avons ni le droit ni le devoir de refuser son evolution.
Cela dit, il faut faire preuve de beaucoup de vigilance. Je connais les dangers qui vous inquietent, qui inquietent des milliers de dirigeants et de joueurs a travers le territoire. Je vous propose que, ensemble, comme je l'ai fait depuis quelques mois, nous travaillions a un chantier legislatif pour readapter la loi de 1984 aux contingences et aux necessites du XXIe siecle, notamment en ce qui concerne les financements ou les contraintes europeennes. C'est la premiere chose.
En outre, vous savez qu'autour de votre collegue Aymeri de Montesquiou, s'est cree un groupe de parlementaires, de l'Assemblee nationale et du Senat, amis du rugby, pour reflechir avec les federations - cela interesse aussi les dirigeants sportifs - a la meilleure evolution de ce sport.
Je vous propose enfin que, ensemble, nous reflechissions a ce que pourrait etre un rugby d'espoir plutot qu'un rugby de nostalgie. Il n'en sera que plus attrayant. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)

Données clés

Auteur : M. Chollet Paul

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Sports

Ministère interrogé : jeunesse et sports

Ministère répondant : jeunesse et sports

Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 30 mai 1996

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