Question au Gouvernement n° 1677 :
Trafic

10e Législature

Question de : M. Bocquet Alain
- COM

Question posée en séance, et publiée le 30 mai 1996

M. le president. La parole est a M. Alain Bocquet.
M. Alain Bocquet. Monsieur le ministre de l'interieur, le bilan des infractions a la legislation sur les stupefiants, qui vient d'etre publie, montre une forte augmentation des interpellations, notamment dans les departements frontaliers. Au total, ce sont plus de 7 000 trafiquants qui ont ete apprehendes. Le Nord arrive en tete des departements et l'Ile-de-France en tete des regions. Les chiffres montrent une augmentation notable des consommateurs. En revanche, les saisies de drogue sont en baisse.
La politique de lutte contre le trafic de la drogue est, a l'evidence, un echec. Les populations de ma region protestent contre le role joue par les Pays-Bas: elles ne supportent plus de voir les jeunes gacher leur vie. Mais le trafic se poursuit.
Quelles mesures allez-vous mettre en oeuvre pour faire cesser ce trafic de la mort sur notre territoire ? Quelle cooperation envisagez-vous au plan international afin de mettre un terme a ce commerce, le deuxieme au niveau mondial apres celui des armes ?
S'agissant des soins, la carence de la France est flagrante, puisqu'elle consacre autant de credits a 300 000 toxicomanes que la Suisse pour 30 000. Dans l'ensemble de la region Nord - Pas-de-Calais, les familles et les jeunes sont de plus en plus nombreux a demander l'accueil dans des centres de soins, mais le nombre de places est insuffisant. Notre region abrite 10 p. 100 des toxicomanes alors qu'elle ne beneficie que de 2 p. 100 de l'enveloppe nationale consacree aux soins.
Cette situation est d'autant plus inquietante que la Hollande menace de nous renvoyer 250 toxicomanes du Nord - Pas-de-Calais en bout de course a Rotterdam, alors que les structures d'accueil manquent cruellement.
Monsieur le ministre, quels moyens supplementaires allez-vous mettre en oeuvre pour faire face a cette situation ? (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste.)
M. le president. La parole est a M. le ministre de l'interieur.
M. Jean-Louis Debre, ministre de l'interieur. Monsieur le depute, lorsque je suis arrive place Beauvau, les instructions du Premier ministre ont ete tres nettes et tres fermes: il fallait intensifier la lutte des services de police contre la drogue et contre les trafiquants.
Effectivement, les dernieres statistiques font apparaitre en 1995 une baisse significative des quantites saisies: 27 p. 100 en moins pour le cannabis, 24 p. 100 en moins pour l'heroine. Les deux principaux pays d'approvisionnement sont les Pays-Bas et la Belgique. Par ailleurs, nous avons constate, a la suite de l'action de la police, une augmentation importante du nombre des personnes interpellees: 16 p. 100 de plus que l'annee precedente.
Ces resultats positifs, s'ils sont encourageants, nous incitent a etre toujours plus vigilants. La guerre contre la drogue est une guerre que nous menons de maniere permanente et totale, dans plusieurs directions. Nous avons, nous, maintenu nos controles aux frontieres du nord, et nous faisons pression sur les Pays-Bas pour qu'ils modifient leur legislation. Enfin, pour la premiere fois, nous avons obtenu que s'engage une discussion pour mettre au point une politique europeenne de lutte contre la drogue. Avec nos amis belges, nous negocions la creation de commissariats communs pour essayer de renforcer nos moyens de lutte contre les trafiquants de drogue.
Les resultats sont bons. Mais nous ne nous en satisfaisons pas et nous resterons vigilants sur le plan national tout en continuant a faire pression sur nos partenaires et voisins europeens pour construire ensemble, dans l'espace europeen, une politique europeenne de lutte contre les trafiquants de drogue. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)

Données clés

Auteur : M. Bocquet Alain

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Drogue

Ministère interrogé : intérieur

Ministère répondant : intérieur

Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 30 mai 1996

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