Pharmacie
Question de :
M. Lefort Jean-Claude
- COM
Question posée en séance, et publiée le 19 juin 1996
M. le president. La parole est a M. Jean-Claude Lefort.
M. Jean-Claude Lefort. Monsieur le ministre de la sante, la semaine derniere, le journal L'Humanite («Ah !» sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique)...
M. Daniel Picotin. C'est une reference !
M. Jean-claude Bahu. Voila qui promet d'etre interessant !
M. Jean-Claude Lefort. ... que chacun d'entre vous lit pour etre bien informe (Rires), revelait que l'entreprise Roussel-Uclaf avait decide d'abandonner la mise au point d'une molecule tres prometteuse dans le traitement du cancer du sein. Pourquoi ? Parce que le developpement de ce medicament ne rapporterait «que» de 500 a 800 millions de francs. Pour la direction, ce n'est pas suffisant. Ce cancer provoque chaque annee 10 000 deces en France, 58 000 en Europe et 200 000 dans le monde, mais ce constat n'entre pas dans son raisonnement.
La logique financiere passe avant l'interet general. Telle est la cruelle verite de cette societe, de notre societe.
L'Etat, par definition, a de grandes responsabilites en la matiere. Aussi, monsieur le secretaire d'Etat, je vous demande, comme les organisations qui manifesteront jeudi prochain a midi, de mettre un terme a ces pratiques inacceptables.
Il ne s'agit pas, dans le cas present, d'une affaire de droit prive. Il s'agit de la sante publique, de l'interet general, de l'interet national. D'ailleurs, de l'argent public est verse a cette entreprise.
Que comptez-vous faire pour obtenir que l'on developpe la recherche sur cette molecule prometteuse dans la lutte contre le cancer ? (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et du groupe socialiste.)
M. le president. La parole est a M. le secretaire d'Etat a la sante et a la securite sociale.
M. Herve Gaymard, secretaire d'Etat a la sante et a la securite sociale. Oui, la lutte contre le cancer est une priorite de sante publique du Gouvernement. Oui, l'innovation therapeutique, la recherche et le developpement dans l'industrie pharmaceutique sont parmi les axes de notre politique.
Votre question, monsieur Lefort, appelle plusieurs observations.
Premierement, la recherche pharmaceutique consiste a «cribler» des molecules dans un but therapeutique. Au bout de quelques annees, certaines molecules deviennent des medicaments et d'autres non, le plus souvent pour des raisons scientifiques.
La recherche medicale n'obeit donc pas a une loi fataliste...
M. Jean-Claude Lefort. Mais financiere !
M. le secretaire d'Etat a la sante et a la securite sociale. ... mais a un reel souci de sante publique.
S'agissant du cas particulier que vous evoquez, la molecule de Roussel-Uclaf, les etudes toxicologiques ne sont pas terminees. La molecule n'a pas encore ete administree a l'homme, dans le cadre de l'experimentation. Mais le Gouvernement, dont la priorite est de donner un cadre favorable au progres therapeutique, ne voit pas pour sa part d'empechement a ce qu'une telle molecule soit developpee.
Deuxiemement, il nous faut preserver et accroitre la capacite de recherche et de developpement en France. De ce point de vue, le centre Roussel-Uclaf de France, qui esst l'un de ses trois centres les plus importants dans le monde, a un plan de travail et de recherche bien garni, puisque vingt programmes sont en cours d'elaboration.
Monsieur le depute, le Gouvernement est donc pleinement vigilant sur cette question importante. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
M. Jean-Claude Lefort. Et la molecule ?
Auteur : M. Lefort Jean-Claude
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Recherche
Ministère interrogé : santé et sécurité sociale
Ministère répondant : santé et sécurité sociale
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 19 juin 1996