Question au Gouvernement n° 1756 :
Moulinex

10e Législature

Question de : M. Mexandeau Louis
- SOC

Question posée en séance, et publiée le 20 juin 1996

M. le president. La parole est a M. Louis Mexandeau. (Huees sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
M. le president. Je vous en prie !
Seul M. Mexandeau a la parole.
M. Louis Mexandeau. Il y a quelques semaines, je posais a M. le ministre de l'industrie, de la poste et des telecommunications ici present, une question simple: le Gouvernement francais peut-il assister sans reagir et sans intervenir a l'evolution inquietante de l'entreprise Moulinex et de ses sites situes en Basse-Normandie et dans l'Ouest ? (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.) Car au coeur des preoccupations du personnel, il y avait d'abord l'emploi.
Detail cruel: le 15 fevrier, M. Fillon m'avait fait une reponse rassurante. Il doit savoir aujourd'hui de quoi je parlais lorsque j'evoquais l'inquietude des salaries et la necessite de sauvegarder les sites, elements indispensables de l'amenagement du territoire.
La reponse, preparee dans le plus grand secret, vient de nous etre assenee, brutale, inacceptable: trois sites fermes, Argentan, Mamers, Mondeville, 1 800 emplois supprimes dans l'Ouest. Bref, une restructuration a l'americaine, au nom de la seule rentabilite financiere, qui ne tient pas compte de l'immense drame humain provoque par cette chirurgie sauvage.
Toute une population est en etat de choc. Combien de femmes parmi ces futurs licencies qui, parfois, sont seules a rapporter un salaire, soit parce qu'elles sont seules au foyer, soit parce que le mari est au chomage ? Sait-on que leur salaire depasse a peine 6 000 francs par mois, apres quinze ou vingt ans a l'usine ? Pas de quoi garnir sa cuisine de comblanchien !
Alors, monsieur le ministre de l'industrie, si l'on refuse que Moulinex ne libere la femme que pour la conduire a l'ANPE, allez-vous, comme votre ministre delegue M. Fillon le demande, refuser ce plan de licenciement et contraindre la direction de Moulinex a faire de nouvelles propositions ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le president. La parole est a M. le ministre de l'industrie, de la poste et des telecommunications.
M. Franck Borotra, ministre de l'industrie, de la poste et des telecommunications. Monsieur le depute, je crois avoir deja repondu clairement a la question que vous avez posee: dans l'etat actuel des choses, le plan annonce par Moulinex n'est pas acceptable pour les pouvoirs publics. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et sur plusieurs bancs du groupe socialiste.)
En toute honnetete, messieurs les socialistes, vous auriez pu applaudir tout a l'heure quand j'ai repondu a la premiere question qui m'a ete posee. Je trouve dommage que vous ayez l'applaudissement selectif... (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
Mme Veronique Neiertz et M. Alain Le Vern. Passez aux actes !
M. le president. Un peu de calme !
M. le ministre de l'industrie, de la poste et des telecommunications. J'ai bien entendu ce qu'a dit M. Mexandeau sur les consequences de nature sociale et en termes d'amenagement du territoire qu'entrainent de telles restructurations dans des regions industriellement peu riches.
C'est la raison pour laquelle l'Etat ne peut etre absent de la negociation qui s'engage. Ce matin, nous avons recu pour la premiere fois le president de Moulinex. Nous sommes decides a mener cette negociation, en liaison permanente avec M. Barrot, pour que la restructuration qui s'impose, malheureusement, permette de sauver l'entreprise et d'eviter des consequences trop dommageables au plan social et sur l'amenagement du territoire.
Le ministere de l'industrie va analyser, de maniere tres precise et concrete, le plan de redressement. Avec le ministre des affaires sociales, nous allons examiner, ligne a ligne, le plan social. En particulier, nous tenons a ce que soient pris en compte la reduction et l'amenagement du temps de travail pour limiter le nombre d'emplois touches et faire en sorte qu'il n'y ait pas de licenciements secs.
Enfin, compte tenu de l'importance de cette region, nous sommes disposes a mettre en place des moyens importants en termes de reconversion en impliquant la Sodie, d'un cote, et en obligeant, de l'autre, l'entreprise a creer des emplois en developpant la sous-traitance, pour eviter la desertification industrielle.
Nous sommes decides a aller dans ce sens. Je le repete, nous serons un interlocuteur tres exigeant pour la direction de Moulinex. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et sur quelques bancs du groupe socialiste.)

Données clés

Auteur : M. Mexandeau Louis

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Appareils menagers

Ministère interrogé : industrie, poste et télécommunications

Ministère répondant : industrie, poste et télécommunications

Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 20 juin 1996

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