Question de : M. Gascher Pierre
- RL
Question posée en séance, et publiée le 26 juin 1996

M. le president. La parole est a M. Pierre Gascher.
M. Pierre Gascher. Monsieur le president, ma question s'adresse a M. le ministre du travail et des affaires sociales. Elle concerne le plan de restructuration de la societe Moulinex, dont les consequences sont inacceptables.
Nomme il y a seulement quatre mois, l'actuel president-directeur general a d'ores et deja decide, sans aucune concertation, la fermeture de deux sites: Argentan et Mamers.
M. Jean-Claude Lefort. Il faut privatiser !
M. Louis Mexandeau. Quatre sites sont touches en tout !
M. Pierre Gascher. Solidaire des salaries, des elus locaux et des populations concernees, je ne peux admettre cette decision. Elle plonge dans le desarroi pres de 700 familles. Elle frappe de plein fouet le potentiel industriel de deux bassins de vie deja durement touches par la crise.
Moulinex, a Mamers, est non seulement le premier employeur, mais aussi l'une des deux seules activites industrielles de cette ville de 6 000 habitants. Sa fermeture marquerait sans nul doute le declin inexorable de toute une partie du nord de la Sarthe. C'est pourquoi il est imperatif que la mobilisation soit forte.
Je sais, monsieur le ministre, votre determination. Je ne meconnais pas les contraintes economiques auxquelles sont soumises les entreprises. Mais ces entreprises ont aussi une dimension sociale que d'aucuns oublient un peu trop facilement.
M. Jean-Claude Lefort. Mais il faut privatiser !
M. Pierre Gascher. Je rappellerai le mot du general de Gaulle: «Le seul combat qui vaille est celui de l'homme.»
Monsieur le ministre, je puis vous assurer de mon total soutien. Ma question est double: que comptez-vous faire contre les premices du plan social annonce par Moulinex et pour le redeploiement du tissu economique mamertin ? (Applaudissements sur divers bancs du groupe Republique et Liberte, du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
M. Louis Mexandeau. Moulinex n'interesse pas le ministre, ni M. Juppe !
M. le president. La parole est a M. le ministre du travail et des affaires sociales.
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Monsieur Gascher, j'ai recu longuement hier le president de Moulinex. Il est bien evident qu'avant meme de discuter, de debattre d'un plan social, il faut parler strategie, et strategie d'avenir.
J'ai demande au president de Moulinex d'explorer, avant de presenter un plan social, toutes les possibilites autres que celles du licenciement.
Nous avons parle amenagement du temps de travail, reclassement interne et externe. Nous avons parle creation d'activites nouvelles,...
M. Didier Boulaud. C'est du pipeau !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. ... actions de formation ou de reconversion.
Une premiere reunion de negociation aura lieu demain entre la direction et les partenaires sociaux sur les mesures d'amenagement et de reduction du temps de travail permettant de diminuer le nombre de licenciements.
M. Laurent Cathala. C'est du pipeau !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. Monsieur Gascher, je mesure la gravite, pour le site de Mamers, de la decision d'arreter la production. Il faut tout faire pour maintenir une activite sur le site. Je l'ai demande au president de Moulinex. Certes, les salaries de Mamers doivent se voir proposer des postes dans d'autres usines...
M. Louis Mexandeau. Ou ?
M. le ministre du travail et des affaires sociales. ... mais ce qui importe, de maniere generale, c'est de permettre a une activite de se maintenir (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe socialiste et du groupe communiste), de preserver un socle solide, a partir duquel nous pourrons batir une reindustrialisation.
Il est regrettable, que des entreprises comme Moulinex n'aient pas defini, depuis quelques annees, une gestion previsionnelle de l'emploi (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste) et qu'on ait repousse les problemes d'annee en annee. Voila les vraies causes de la situation actuelle. Mais nous allons, tous ensemble, essayer de trouver des solutions ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)