Aide au developpement
Question de :
M. Guillaume François
- RPR
Question posée en séance, et publiée le 26 juin 1996
M. le president. La parole est a M. Francois Guillaume.
M. Francois Guillaume. Monsieur le Premier ministre, a la fin de cette semaine se reuniront a Lyon les chefs d'Etat ou de gouvernement des sept pays les plus riches du monde.
A leur programme figure a nouveau le probleme des pays en voie de developpement. Certains d'entre eux continuent a s'appauvrir, ce qui cree une situation moralement intolerable et politiquement dangereuse, et alimente l'immigration clandestine, en Europe et tout particulierement dans notre pays.
Il faut bien se rendre a l'evidence. Faute d'aider les populations a vivre sur place, elles viendront toujours plus nombreuses chercher chez nous ce qu'elles ne trouvent pas chez elles.
Pour redresser des situations economiques et sociales tres inquietantes, en Afrique notamment, on nous propose a nouveau d'user du remede trop classique de l'allegement de la dette. Or ses effets ne seront que temporaires, si on neglige de s'attaquer a la cause profonde de la dette, a savoir l'anarchie des prix mondiaux des matieres premieres, qui penalise les pays producteurs exportateurs.
Conscient de la necessite d'aller au-dela des mesures traditionnelles, je soutiens de longue date un plan d'organisation des marches mondiaux des produits agricoles. Les pays producteurs de cafe s'en sont inspires pour reguler l'offre de leur production, retrouver des prix plus remunerateurs et, par la meme, des recettes d'exportation leur donnant acces a des importations de biens d'equipement, gage de retour a la prosperite.
Monsieur le Premier ministre, l'autorite qu'a acquise en peu de temps le President de la Republique sur la scene internationale...
M. Michel Grandpierre. N'exagerons rien !
M. Francois Guillaume. ... l'autorise a mon sens, au nom de la France, a defendre mieux que jamais la cause du tiers monde lors du sommet de Lyon.
La France entend-elle presenter une proposition originale allant dans le sens d'un developpement durable et coordonne au profit des pays les plus pauvres de la planete ? (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et sur quelques bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
M. le president. La parole est a M. le ministre des affaires etrangeres.
M. Herve de Charette, ministre des affaires etrangeres. Monsieur le depute, vous avez raison d'exprimer ici avec force a quel point, dans le monde d'aujourd'hui, l'egoisme croissant des nations riches devient insupportable pour les nations les plus pauvres du monde. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
Le fait est que, aujourd'hui, l'aide aux pays du tiers monde, de la part des nations riches, decroit annee apres annee.
Quelques chiffres temoignent de la verite tragique que j'exprime devant vous.
L'aide de l'Union europeenne, en incluant la contribution de chacune des nations, represente 31 milliards de dollars. Celle du Japon, 14 milliards de dollars. L'aide des Etats-Unis, 7,5 milliards de dollars. La part propre de la France, au sein de l'Union europeenne, est de 8,5 milliards de dollars.
La France et le Japon sont les deux nations qui consacrent la part la plus importante de leur PNB aux pays les plus pauvres du monde.
M. Jean-Claude Lefort. 0,5 p. 100 pour la France !
M. le ministre des affaires etrangeres. Tous les autres sont derriere; en particulier, la part americaine ne cesse de se reduire d'annee en annee.
M. Christian Bataille. Vous aurez du mal a nous convaincre !
M. le ministre des affaires etrangeres. Cet egoisme est devenu insupportable. C'est la raison pour laquelle le President de la Republique a decide d'inscrire l'aide au tiers monde a l'ordre du jour de la reunion du G7. Et je signale au groupe socialiste qui s'agite que, de son temps, telle n'etait pas la dimension de l'action internationale de la France. (Protestations sur les bancs du groupe socialiste. - Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
L'un des grands sujets du G7 a Lyon sera donc la reconstitution de la capacite des pays riches a soutenir l'action des pays pauvres, qu'il s'agisse de preter, de regler le sort des pays les plus endettes ou, evidemment, de s'occuper du niveau des prix des matieres premieres.
J'ai bien note l'importance que vous-meme attachiez a ce probleme. Sachez que l'ensemble de ces questions constituera l'un des axes majeurs de la presidence francaise au G7 a Lyon, a partir de jeudi. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
M. Jean-Claude Lefort. Nous voila rassures !
Auteur : M. Guillaume François
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Cooperation et developpement
Ministère interrogé : affaires étrangères
Ministère répondant : affaires étrangères
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 26 juin 1996