Question au Gouvernement n° 1776 :
SMIC

10e Législature

Question de : M. Emmanuelli Henri
- SOC

Question posée en séance, et publiée le 26 juin 1996

M. le president. La parole est a M. Emmanuelli.
M. Henri Emmanuelli. Monsieur le Premier ministre, on disait le chomage en legere baisse: il remonte ! On croyait le taux de chomage a 11,9 p. 100 de la population active: il etait a 12,3 p. 100 fin avril, ce qui represente 3 145 000 chomeurs repertories !
Malgre les efforts permanents de l'ANPE pour brouiller les chiffres (Protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique), ceux-ci font aujourd'hui irruption dans la realite comme un desaveu cinglant de votre politique economique, caracterisee par un prelevement sans precedent de 130 milliards de francs sur les menages qui a entraine un effondrement de la consommation et, par voie de consequence, une chute de notre taux de croissance, lequel n'atteindra que 1 p. 100 cette annee.
Ne croyez-vous pas, monsieur le Premier ministre, qu'il est temps de reagir, de vous souvenir,...
M. Jean-Luc Reitzer. Vous aussi !
M. Henri Emmanuelli. ... entres autres, que «la feuille de paie n'est pas l'ennemie de l'emploi», comme le proclamait M. Chirac, de vous en souvenir en reevaluant le SMIC, qui concerne aujourd'hui 2 370 000 personnes, bien au-dela du strict seuil legal ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste. - «Demagogie !» sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
M. le president. La parole est a M. le ministre du travail et des affaires sociales. (Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Monsieur Emmanuelli (Protestations sur les bancs du groupe socialiste)...
M. le president. Je vous en prie, chers collegues ! Si le ministre du travail ne devait pas repondre sur les problemes d'emploi, qui devrait le faire ?
M. le ministre du travail et des affaires sociales. ... vous me donnez l'occasion d'expliquer comment, chaque annee - et vous ne l'ignorez pas - l'INSEE, a la suite d'une enquete aupres de 75 000 menages, fait une estimation du nombre de Francais travaillant ou voulant travailler. Il s'agit d'un autre mode de calcul que celui pratique par l'ANPE...
M. Christian Bataille. Donnez-nous le mode d'emploi !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. ... qui, en effet, ne prend en compte que les personnes effectivement inscrites.
M. Christian Bataille. Vous avouez !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. Quel est le premier enseignement de cette enquete de l'INSEE ? Que la population presente sur le marche du travail a tres fortement augmente entre mars 1995 et mars 1996.
Plusieurs deputes du groupe socialiste. C'est faux !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. Comment cela s'explique-t-il ?
D'abord, l'evolution demographique amene naturellement 140 000 personnes de plus sur le marche du travail tous les ans. Et, comme l'annee 1994 a ete une annee de reprise, 160 000 personnes ont en outre souhaite s'inscrire dans l'espoir de trouver un emploi.
Plusieurs deputes du groupe socialiste. Ce n'est pas vrai !
M. Christian Bataille. Vous ne le croyez pas vous-meme !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. Les chiffres de l'INSEE prouvent donc que nous avons globalement plus de personnes qui, compte tenu de l'amelioration constatee en 1994, ont exprime le souhait d'avoir un emploi. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le president. Mes chers collegues, laissez le ministre s'exprimer, je vous en prie !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. Cela etant, monsieur Emmanuelli, dans le meme sondage, il est dit que l'on a cree 220 000 emplois salaries de mars 1995 a mars 1996. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.) Il faut lire les rapports de l'INSEE entierement ! Et il faut me laisser repondre, parce que c'est un sujet important qui interesse les Francais et que ceux-ci preferent des reponses claires au brouhaha provoque par ceux qui oublient qu'entre 1991 et 1993 il y a eu 600 000 chomeurs de plus ! (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique. - Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)

Données clés

Auteur : M. Emmanuelli Henri

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Salaires

Ministère interrogé : travail et affaires sociales

Ministère répondant : travail et affaires sociales

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 26 juin 1996

partager