Question au Gouvernement n° 1780 :
Arsenaux

10e Législature

Question de : M. Le Pensec Louis
- SOC

Question posée en séance, et publiée le 27 juin 1996

M. le president. La parole est a M. Louis Le Pensec.
M. Louis Le Pensec. Ma question s'adresse a M. le Premier ministre.
Cherbourg: 1 900. Brest: 1 900. Lorient: 600. Nantes-Indret: 500. Plus de 6 200 emplois eradiques dans les constructions navales, c'est-a-dire plus d'un quart des effectifs; un cataclysme social brutal.
M. Louis Mexandeau. C'est scandaleux !
M. Louis Le Pensec. Et je ne cite pas les chiffres de la sous-traitance, qui viendront bientot s'ajouter a cette funeste liste.
Ces chiffres, par-dela leur secheresse, ne disent pas la somme de drames humains et de dechirures sociales dans des sites qui vivaient par l'arsenal. Ils ne disent pas non plus le gachis des competences et des savoir-faire, car au-dela des suppressions d'emplois ne se dessine pas une perspective de perennisation de la construction navale francaise.
Nous gardons la conviction que c'est une logique financiere qui a preside a l'elaboration de ce plan, et qu'il eut ete possible de gerer l'affaire autrement.
La loi de programmation militaire parlait d'adaptation et de modernisation de la marine; le Gouvernement a traduit par plan de licenciements; or licencier autant en si peu de temps est ingerable.
Monsieur le Premier ministre, que repondez-vous aux elus nombreux qui, sur le littoral, demandent le retrait et le reexamen de ce plan ? Comment entendez-vous donner corps a l'assurance formulee par le chef de l'Etat qu'il s'occuperait personnellement du devenir de chacun de ces sites ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste.)
M. le president. La parole est a M. le ministre de la defense.
M. Louis Mexandeau. Le Premier ministre s'en fout ! (Vives protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre).
M. le president. Monsieur Mexandeau, mes chers collegues, un peu de calme, je vous prie !
M. le ministre de la defense, et lui seul, a la parole.
M. Charles Millon, ministre de la defense. Monsieur le depute, ayez un peu de memoire ! Il y a un an, quand j'ai pris la responsabilite de ce dossier, j'ai trouve, d'un cote, 15 milliards de francs de recettes et, de l'autre, 22 milliards de charges; et cette situation date de plus de quatorze ans !
Monsieur Le Pensec, je veux bien recevoir des lecons de tout le monde, mais pas de vous ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique. Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
Je rappelle que nous avons le choix entre deux solutions.
La premiere consiste a laisser aller, a creuser le deficit, a assurer la mort lente des chantiers navals francais...
M. Christian Bataille. La faillite des arsenaux, c'est vous !
M. le ministre de la defense. ... et a renoncer a la direction des constructions navales, qui est l'une des entreprises les plus performantes au monde si on en prend soin et si on s'en occupe. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
La seconde, que nous avons choisie, consiste a tracer un plan ambitieux d'avenir pour la DCN, comportant une modification de ses structures, un plan d'exportation et de conquete des marches, une revision du format de l'entreprise.
Je le dis clairement, les salaries n'ont pas choisi la voie de l'immobilisme, que vous voulez conserver, mais celle de la reflexion, de la concertation, de l'avenir. C'est a eux que je m'adresse car ils ont compris qu'ils pouvaient conquerir des marches et faire de la DCN une entreprise competitive sur le plan mondial.
Je le confirme ici, il n'y aura pas de licenciements secs, il y aura prise en compte de chaque situation particuliere; mais il est indispensable, je le repete, de revoir la structure, le mode de fonctionnement et le format de la DCN si on veut lui assurer un avenir. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
M. Christian Bataille. Blabla !
POUVOIR D'ACHAT

Données clés

Auteur : M. Le Pensec Louis

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Armement

Ministère interrogé : défense

Ministère répondant : défense

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 27 juin 1996

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