Marches financiers
Question de :
M. Brunhes Jacques
- COM
Question posée en séance, et publiée le 27 juin 1996
M. le president. La parole est a M. Jacques Brunhes.
M. Jacques Brunhes. Monsieur le Premier ministre, selon les criteres du Bureau international du travail, le nombre des chomeurs a augmente de 163 000 en un an. Il est au niveau de mars 1993 et des dizaines de milliers de suppressions d'emplois sont annoncees dans les secteurs les plus divers.
La precarite explose. La part des salaires dans la valeur ajoutee ne cesse de baisser. Le nombre des smicards est a un niveau jamais atteint.
Comment s'etonner, des lors, du recul de 0,1 p. 100 de la production industrielle et de la diminution de 1,4 p. 100 de la consommation des menages en avril ?
Les termes d'austerite et de rigueur sont devenus impropres: c'est bien d'un cataclysme economique et social qu'il s'agit !
M. Jean-Claude Lefort. Tout a fait !
M. Jacques Brunhes. La France est devenue, monsieur le Premier ministre, sous votre gouvernement, un veritable chantier de demolition ! (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et du groupe socialiste. - Protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
L'option de Maastricht et d'une politique monetariste de soumission aux marches financiers se revele catastrophique.
L'exigence d'arreter ces mouvements fous de capitaux, meurtriers pour l'emploi et dangereux pour le pays, monte. Cela suppose de resister aux marches financiers, dont les pouvoirs considerables ne sont pas une fatalite.
Allez-vous defendre, dans cet objectif, lors du G 7 de Lyon, le principe d'une taxe sur les mouvements speculatifs de capitaux, ainsi que le suggerent des organisations internationales et des economistes, comme le prix Nobel americain James Tobin ?
M. Jean-Claude Lefort. Voila !
M. Jacques Brunhes. Allez-vous enfin prendre, en urgence, des mesures de developpement de notre economie par l'investissement dans le travail et la consommation des capitaux aujourd'hui gaspilles par la speculation ? (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et sur quelques bancs du groupe socialiste.)
M. le president. La parole est a M. le ministre de l'economie et des finances.
M. Jean Arthuis, ministre de l'economie et des finances. Monsieur le depute, je me garderai bien de repondre sur un ton aussi polemique que le votre. (Exclamations sur les bancs du groupe communiste et du groupe socialiste.)
M. Jean-Yves Le Deaut. Vous etes en faillite !
M. le ministre de l'economie et des finances. Il est temps de reconnaitre que notre economie ne peut se developper si elle reste repliee sur elle-meme, sur le champ clos national; nous sommes entres dans une economie globale mondialisee.
Le parti qu'a pris le Gouvernement, sous l'autorite de M. le Premier ministre,...
M. Jean-Claude Lefort. Il n'a plus d'autorite !
M. le ministre de l'economie et des finances... c'est de rendre la France plus competitive, plus attractive,...
M. Christian Bataille. Vous etes en train de l'epuiser !
M. le ministre de l'economie et des finances. ... apte a developper une plus grande valeur ajoutee pour creer des emplois et ameliorer la cohesion sociale.
Le G7, qui va se reunir a la fin de la semaine a Lyon, sous la presidence de M. le President de la Republique, a pour objet de demontrer que la mondialisation peut etre une chance pour tous,...
Mme Frederique Bredin. Surtout pour les chomeurs !
M. le ministre de l'economie et des finances. ... non seulement pour les pays developpes, mais aussi pour les pays en voie de developpement.
Nous allons donc soumettre aux chefs d'Etat et de gouvernement une contribution visant a donner plus de stabilite aux marches, et en particulier plus d'equite aux parites monetaires, ce dont ont besoin les entreprises pour investir et creer des emplois.
Mais nous voulons aussi que les marches financiers soient organises et que des regles prudentielles permettent de prevenir des risques systemiques qui pourraient etre desastreux pour l'economie mondiale et pour la France.
Ce sont toutes ces questions qui seront debattues lors du G7. Nous devons demontrer que nous sommes capables de faire en sorte que cette mondialisation soit bien une chance pour chacun.
Cela signifie que nous devons entreprendre et poursuivre des reformes structurelles, mais que nous devons egalement equilibrer nos finances publiques. Ce serait une illusion de croire que le deficit public et la depense publique contribuent a ameliorer l'emploi. Quand donc comprendrez-vous cela, monsieur le depute ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
Auteur : M. Brunhes Jacques
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique economique
Ministère interrogé : économie et finances
Ministère répondant : économie et finances
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 27 juin 1996