Question au Gouvernement n° 1789 :
Moulinex

10e Législature

Question de : Mme Bassot Sylvia
- UDF

Question posée en séance, et publiée le 27 juin 1996

M. le president. La parole est a Mme Sylvia Bassot.
Mme Sylvia Bassot. Ma question s'adresse a M. le ministre de l'industrie. Elle concerne le groupe Moulinex, dont le nouveau president, M. Blayau, a annonce un plan de restructuration inacceptable qui comporte la suppression de 2 600 emplois en France, ainsi que la fermeture pure et simple des sites de Mamers et d'Argentan.
Dans mon departement, Moulinex emploie 260 personnes a Argentan. Que ce soit dans la Sarthe ou dans l'Orne, le groupe ne peut ignorer ses responsabilites ni rayer deux sites de la carte sans proposer de solutions de remplacement ni expliquer les modalites de mise en oeuvre du plan aux salaries.
Je vous remercie, monsieur le ministre, d'avoir refuse ce plan et je vous demande de vous engager a prendre toutes les mesures qui, d'une facon ou d'une autre, preserveront l'emploi des salaries des sites de Mamers et d'Argentan.
Je vous demande de vous engager a ce que toutes les mesures liees a l'emploi soient mises en oeuvre pour assurer aux salaries de Moulinex une solution autre que le licenciement sec.
Enfin, que comptez-vous faire pour conduire le groupe Moulinex a assurer le reemploi des salaries d'Argentan ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
M. Jean Glavany. Rien !
M. le president. La parole est a M. le ministre de l'industrie, de la poste et des telecommunications.
M. Franck Borotra, ministre de l'industrie, de la poste et des telecommunications. Madame le depute, je comprends l'inquietude qui est la votre devant l'annonce du plan de restructuration de Moulinex en raison de l'importance des suppressions d'emplois et de la suppression de deux sites d'implantation de cette entreprise.
Je veux que vous sachiez que le ministre de l'industrie sera un interlocuteur exigeant pour les dirigeants de Moulinex. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
C'est vrai que l'entreprise est dans une grande difficulte. Elle a probablement un retard de productivite de 25 p. 100 par rapport a ses concurrents. (Meme mouvement sur les memes bancs.) Elle a annonce 700 millions de pertes, dont en fait 600 millions de provisions pour la restructuration a venir.
M. Louis Mexandeau. C'est inacceptable !
Mme Frederique Bredin. Qu'allez-vous faire ?
M. le ministre de l'industrie, de la poste et des telecommunications. Vous permettez que je poursuive ? C'est une affaire suffisamment importante pour qu'on s'exprime. Alors, monsieur Mexandeau, calmez-vous, ce n'est pas bon pour la sante de s'enerver ainsi. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre. - Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)
Voila donc une entreprise qui court le risque de la desindustrialisation.
Qu'on songe a Adidas qui, comme Moulinex, a une notoriete mondiale, qui avait 4 000 emplois industriels. Aujourd'hui, il n'en reste plus un ! Donc tout le monde reconnait la necessite d'une restructuration pour cette entreprise a cause des fautes de gestion qu'elle a accumulees. Est-ce une raison pour l'Etat de rester indifferent a ce qui se passe ? La reponse est non, pour deux raisons.
Au bout du compte, il y aura un plan social. Donc on risque de demander a l'Etat, au titre soit des preretraites, soit de la reduction du temps de travail, d'avoir a financer une partie de ces depenses sociales. Or la vocation de l'Etat, ce n'est pas de payer a guichet ouvert, sans y regarder de pres, le cout social des erreurs de gestion des entreprises privees. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
Mme Frederique Bredin. Concretement, qu'allez-vous faire ?
M. le ministre de l'industrie, de la poste et des telecommunications. En second lieu, un plan comme celui-la doit s'accompagner de la creation d'activites nouvelles. Il faut discuter avec la direction de l'entreprise pour reduire au strict minimum les licenciements necessaires...
Mme Frederique Bredin. Arretez le blabla !
M. le ministre de l'industrie, de la poste et des telecommunications. ... et pour que soient annoncees en meme temps des perspectives de creations.
C'est la raison pour laquelle nous discutons avec le president de Moulinex. Il a tres bien compris cette position. Nous en sommes deja a la deuxieme reunion. Nous poursuivons un objectif commun: sauver Moulinex, sauver le maximum d'entreprises, laisser le substrat industriel de ces entreprises...
Mme Frederique Bredin. Qu'allez-vous faire concretement ?
M. le president. Madame Bredin, je vous prie.
M. le ministre de l'industrie, de la poste et des telecommunications. ... et en meme temps apporter une solution du point de vue de l'amenagement du territoire pour les pays de Loire et la Normandie. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)

Données clés

Auteur : Mme Bassot Sylvia

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Appareils menagers

Ministère interrogé : industrie, poste et télécommunications

Ministère répondant : industrie, poste et télécommunications

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 27 juin 1996

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