Question au Gouvernement n° 1792 :
Aide au developpement

10e Législature

Question de : Mme Moreau Louise
- UDF

Question posée en séance, et publiée le 27 juin 1996

M. le president. La parole est a Mme Louise Moreau.
M. Charles Ehrmann. Quatrieme femme pour l'UDF !
Mme Louise Moreau. Ma question s'adresse a M. le ministre des affaires etrangeres.
Dans son recent rapport annuel, l'UNICEF souligne une fois de plus l'ecart effrayant du developpement entre les peuples. Les enfants des pays pauvres paient la misere de facon intolerable. Au Nord comme au Sud, les inegalites entre pauves et riches ne cessent de grandir et menacent la cohesion sociale dans de nombreuses nations.
A l'occasion de l'assemblee generale de l'OIT, le President de la Republique a annonce l'attachement de la France a une mondialisation maitrisee, dans laquelle tous les pays peuvent trouver leur compte, moyennant un echange de droits et de devoirs. Il a souhaite que le niveau de l'aide publique aux pays les plus pauvres soit un des themes majeurs du prochain sommet du G 7.
Monsieur le ministre, pouvez-vous nous preciser quelle sera la position defendue au G 7 par le gouvernement francais pour soutenir l'aide au developpement dont depend, en particulier, l'amelioration de la situation de l'enfance dans le monde ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
M. le president. La parole est a M. le ministre des affaires etrangeres.
M. Herve de Charette, ministre des affaires etrangeres. J'ai deja eu l'occasion de repondre hier a une question portant sur ce sujet et de rappeler les chiffres qui montrent, en effet, que l'aide au developpement est a la baisse dans l'ensemble du monde, que seuls la France et le Japon, les deux pays qui sont en tete, continuent a consacrer une part significative de leur produit national brut a l'aide aux pays les plus pauvres.
Je vous confirme, madame le depute, que cette situation n'est pas bonne. C'est la raison pour laquelle le President de la Republique a demande d'inscrire ce sujet a l'ordre du jour de la reunion des pays les plus riches du monde a Lyon.
Quelle doctrine allons-nous exprimer a cette occasion ? Elle repose sur trois idees fortes: la premiere, c'est que l'on ne peut pas, comme on nous le demande, prendre pour cible les institutions multilaterales qui font de l'aide au developpement et, sous pretexte de les reformer, vouloir en realite les detruire. Nous voulons reconstituer leur capacite de financement pour qu'elles puissent poursuivre leur action.
Deuxiemement: il faut maintenir, developper le montant de l'aide publique des pays riches qui vont aider les pays les plus pauvres du monde, parce que ces pays ne peuvent pas aller sur les marches financiers, ni emprunter comme peuvent le faire les pays riches pour leur developpement. Ils ont donc besoin du soutien et du support des pays les plus riches du monde.
Enfin, il faut s'adapter aux changements et cela signifie trois choses. Premierement, un certain nombre de pays qui etaient pauvres sont entres dans la categorie des pays qui peuvent desormais acceder aux marches financiers. Il faut concentrer l'aide internationale sur les pays les plus pauvres pour leur permettre d'acceder, enfin, a cette categorie-la.
Deuxiemement, les pays emergents, ceux qui commencent a devenir riches, ceux dont on voit, en Asie et ailleurs, la puissance se developper, doivent apporter leur contribution, comme nous-memes devons le faire, au soutien des pays les plus pauvres.
Enfin, il faut renforcer les moyens internationaux pour l'aide aux pays les plus pauvres, qu'il s'agisse de l'attribution au FMI de ressources nouvelles pour reevaluer et reechelonner les dettes des pays les plus pauvres ou du renforcement des moyens dont dispose l'Association internationale pour le developpement, moyens qui, forcement, annee apres annee, s'epuisent.
Telles sont, madame le depute, les lignes d'action que la France defendra a l'occasion du G 7. A Lyon, les sept pays les plus riches du monde ne pourront pas faire autrement que de s'engager, sur la proposition de la France, a aider les peuples les plus pauvres du monde. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)

Données clés

Auteur : Mme Moreau Louise

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Cooperation et developpement

Ministère interrogé : affaires étrangères

Ministère répondant : affaires étrangères

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 27 juin 1996

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