Question au Gouvernement n° 1853 :
Elections legislatives

10e Législature

Question de : M. Emmanuelli Henri
- SOC

Question posée en séance, et publiée le 17 octobre 1996

M. le president. La parole est a M. Henri Emmanuelli. (Exclamations sur de nombreux bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
Je vous en prie, mes chers collegues, laissez s'exprimer M. Emmanuelli.
M. Henri Emmanuelli. J'ai bien l'intention de m'exprimer, monsieur le president !
Monsieur le Premier ministre, vous avez declare, a Montpellier, que le president du Front national etait, je vous cite, «visceralement raciste, antisemite et xenophobe», qu'il fallait le combattre politiquement et que vous etiez vis-a-vis de ce parti «tout a fait etranger a toute forme d'accord politique, d'indulgence ou de complaisance».
Plusieurs deputes du groupe du Rassemblement pour la Republique. Et cela, Mitterrand ne l'a jamais dit !
M. Henri Emmanuelli. Force est de constater que le president du RPR que vous etes egalement est beaucoup plus ambigu dans le cadre du second tour de l'election legislative de Gardanne (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre), qui verra s'affronter le candidat de toute la gauche et celui du Front national. (Protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise.)
M. le president. Un peu de calme, chers collegues ! Poursuivez, monsieur Emmanuelli.
M. Henri Emmanuelli. Votre formation politique, comme d'ailleurs son alliee dans la majorite, ... (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et le groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
M. Henri Emmanuelli. ... se garde de prendre parti, se refugiant dans un faux parallelisme entre le parti communiste et le Front national...
M. Jean Ueberschlag. Le parti socialiste n'accepte-t-il pas les voix du Front national ?
M. Henri Emmanuelli. ... au mepris de l'histoire de notre pays (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre) et au prix d'une comparaison que n'aurait certainement pas approuvee le general de Gaulle. (Nouvelles exclamations sur les memes bancs.)
M. le president. Un peu de calme, je vous en prie !
M. Henri Emmanuelli. Je dis a l'adresse de ceux qui ecoutent et nous regardent a la television que, pour l'instant, je suis dans l'impossibilite de m'exprimer a cause des vociferations que fait entendre la majorite dans cet hemicycle. (Protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
M. Pierre Lellouche. C'est vous qui avez cree le Front national !
M. le president. Un peu de calme, je vous en prie, mes chers collegues !
M. Henri Emmanuelli. Merci, monsieur le president.
Ma question sera la suivante, monsieur le Premier ministre: qui est le vrai M. Juppe; le Premier ministre ou le president du RPR ?
M. Pierre Lellouche. Et qui est le vrai Mitterrand ? Qui a fait le lit du Front national ?
Plusieurs deputes du groupe du Rassemblement pour la Republique. Emmanuelli pyromane !
M. Henri Emmanuelli. Ou, si l'on prefere: que s'est-il passe dans votre esprit, monsieur le Premier ministre, sur le chemin qui va de Toulon a Gardanne, en passant par Montpellier ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste. - Exclamations et huees sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
M. Patrick Ollier. Voyou ! Provocateur !
M. Rene Couveinhes et M. Jean Ueberschlag. Qu'il nous parle du chemin de Sete !
M. le president. La parole est a M. le ministre de l'interieur. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre. - Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Jean-Louis Debre, ministre de l'interieur. Monsieur Emmanuelli, je suis surpris que vous posiez dans cet hemicycle une telle question.
Permettez-moi de vous rappeler que toute campagne electorale est regie par des regles strictes, prevues par le code electoral. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
Le Gouvernement n'a pas, en tant que tel, a prendre parti, a l'Assemblee nationale, en repondant a une question d'actualite, devant les cameras de television, en faveur de tel ou tel candidat a une election qui doit se derouler dans quelques jours. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Pierre Lequiller. Tres bien !
M. le ministre de l'interieur. Je vous suggere simplement de relire le code electoral et de le respecter. Le Gouvernement, quant a lui, le respectera ! (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Christian Bataille. Tartufe !
M. Michel Berson. Zero pointe !

Données clés

Auteur : M. Emmanuelli Henri

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Elections et referendums

Ministère interrogé : intérieur

Ministère répondant : intérieur

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 17 octobre 1996

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