Question de : M. Bardet Jean
- RPR
Question posée en séance, et publiée le 30 octobre 1996

M. le president. La parole est a M. Jean Bardet.
M. Jean Bardet. Monsieur le ministre des affaires etrangeres, le President Jacques Chirac vient de faire une visite d'Etat au Proche-Orient, ou il a pu redefinir la politique de la France dans une region du monde ou notre pays a toujours joue un role historique.
Le grand merite de Jacques Chirac a ete, comme il l'avait annonce avant son depart, de tenir le meme langage quel que soit le pays visite. Il peut se resumer ainsi: la paix contre les territoires.
Particulierement attentif aux evenements de cette region que je connais bien, puisque je m'y suis rendu dernierement a plusieurs reprises, j'ai pu constater aupres de mes interlocuteurs le desir qu'ils ont que la France joue un role - et, a travers elle, l'Europe - dans une reprise de la dynamique du processus de paix.
Ma question sera donc simple: pouvez-vous, monsieur le ministre, nous dresser un bilan du voyage du President de la Republique au Proche-Orient et nous indiquer les perspectives qu'il ouvre pour la paix ? Une paix est absolument necessaire a tous les habitants de cette region - je pense, bien entendu, aux Israeliens, mais aussi aux Palestiniens et aux Irakiens dont l'etat actuel de denuement economique ne peut que faire craindre des debordements incontroles ulterieurs. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et sur quelques bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
M. le president. La parole est a M. le ministre des affaires etrangeres.
M. Herve de Charette, ministre des affaires etrangeres. Monsieur le depute, le President de la Republique s'est rendu dans six pays du Proche-Orient - Israel, la Syrie, la Jordanie, le Liban, les territoires palestiniens et l'Egypte - ou il a delivre le message de la France. Celui-ci tient en quatre points.
Premierement, il faut renouer les fils de la paix dans cette region eprouvee, qui, il y a quelques mois encore, croyait voir se dessiner a l'horizon la paix pour tous.
Pour cela - et c'est le deuxieme point - il convient de respecter les accords qui ont ete conclus a Oslo, a Madrid et a Taba, et, en particulier, de respecter les deux principes qui figurent en filigrane dans tous ces textes: le principe de l'echange de la terre contre la paix ainsi que celui de l'autodetermination des Palestiniens.
Troisiemement, la France est attentive aussi bien aux legitimes preoccupations de securite des Israeliens qu'a celles, tout autant legitimes, de paix et de developpement de leurs voisins.
Quatriemement, la France et l'Europe estiment desormais - et c'est un message que le President de la Republique a repete tout au long de son deplacement - qu'elles ont un role a jouer dans cette region pour faciliter le processus de paix.
Mesdames, messieurs, ce voyage a ete un succes considerable. Il a ete un succes populaire et mediatique. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Louis Mexandeau. Fantastique ! On n'avait jamais vu ca !
M. le ministre des affaires etrangeres. Mesdames, messieurs les deputes du groupe socialiste, le sort de cette region ne vous interesse sans doute pas ? (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.) Si vous aviez ete, comme je l'ai ete moi-meme, temoins de l'enthousiasme emouvant des Palestiniens, vous ne seriez pas en train de ricaner sur vos bancs ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
Le President de la Republique a ete ecoute avec une tres grande attention par l'ensemble des dirigeants de la region,...
Mme Veronique Neiertz. Et vous, ou etiez-vous ?
M. le ministre des affaires etrangeres. ... y compris en Israel, en depit des declarations qui avaient precede sa venue - le President israelien et le Premier ministre israelien ont ecoute avec beaucoup d'attention le message de la France et lui ont fait un bon accueil. L'autorite de la France dans cette region s'en est trouvee considerablement accrue.
Enfin, je constate que, malgre les rumeurs, malgre certains propos, les quinze ministres europeens des affaires etrangeres, reunis hier a Luxembourg, ont decide de designer d'un commun accord un envoye special europeen pour suivre le processus de paix au Proche-Orient. Ce geste demontre de facon precise l'exactitude et la justesse du message francais, anticipateur de ce que sera la volonte europeenne. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)