Thomson
Question de :
M. Sarre Georges
- RL
Question posée en séance, et publiée le 31 octobre 1996
M. le president. La parole est a M. Georges Sarre.
M. Georges Sarre. Monsieur le president, mes chers collegues, ce n'est pas sans raison que 72 % des Francais jugent anormale la cession pour un franc symbolique du groupe Thomson. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
Thomson, selon vos propos, monsieur le Premier ministre, ne devait pas etre divise. Vous proposez de le depecer, la partie defense allant a un ensemblier, fabricant de missiles, la partie electronique grand public allant a un marchand de materiels, qui n'est pas au premier rang dans la competition mondiale et meme pas dans son propre pays.
Quitte a mettre 17 milliards de francs dans Thomson SA, que ce ne soit pas a fonds perdus, pour la bonne fortune de Daewoo et de M. Lagardere !
Thomson Multimedia, ce n'est pas une dette comptable.
M. Jacques Masdeu-Arus. Ca ne vaut rien !
M. Georges Sarre. C'est le numero un mondial de la technologie numerique, present sur tous les continents. C'est un atout majeur pour la France. Je vous demande, monsieur le Premier ministre, d'interrompre, tant qu'il est encore temps, ce bradage sans precedent.
Thomson, avec l'effort public de 17 milliards de francs, avec son resultat d'exploitation beneficiaire depuis trois ans, peut rester propriete de l'Etat.
D'ici peu de temps, non seulement Thomson retrouvera son equilibre, mais Thomson vaudra cher, tres cher !
Le debat parlementaire qui a ete annonce doit etre libre; il ne doit pas etre fausse par des manoeuvres hatives. L'assemblee nationale ne doit pas etre mise devant le fait accompli. Ce debat doit intervenir avant que la commission de privatisation ne rende son avis.
Je vous demande donc, monsieur le Premier ministre, avec mes amis des Mouvements des citoyens, d'indiquer les delais dans lesquels cet avis sera rendu et de prendre l'engagement de surseoir officiellement a toute decision avant la publication de cet avis et le debat organise a l'Assemblee nationale. (Applaudissements sur divers bancs du groupe Republique et Liberte et sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le president. La parole est a M. le ministre de l'economie et des finances.
M. Jean Arthuis, ministre de l'economie et des finances. Monsieur le depute, il n'est de richesse que d'hommes. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste.)
M. Jean-Pierre Brard. Staline le disait deja ! (Sourires.)
M. le ministre de l'economie et des finances. Les entreprises ont la valeur des hommes et des femmes qui collaborent quotidiennement a leur reussite. Mais encore faut-il que l'actionnaire soit a la mesure des enjeux. N'avez-vous pas verifie, au cours de quatorze annees de socialisme,...
M. Jean-Claude Bateux. Vous n'avez que ce mot a la bouche !
M. le ministre de l'economie et des finances. ... que l'Etat n'etait pas a sa place lorsqu'il s'occupait des entreprises et qu'il mettait en peril l'emploi. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique. - Protestations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste.)
Si nous voulons respecter les citoyens et la Republique, nous devons d'abord respecter la loi...
M. Jean-Marc Salinier. Et Pacary ? Et la Suisse ?
M. le president. S'il vous plait...
M. le ministre de l'economie et des finances. ... qui a pose des principes pour assurer la privatisation des entreprises. Nous entendons respecter la loi, toute la loi et rien que la loi. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste.) La commission de la privatisation est une institution independante dont vous ne pouvez douter de l'autorite.
M. Georges Sarre. Alors, a quoi sert le debat ?
M. le ministre de l'economie et des finances. Cessez d'entretenir la polemique. Le sort de Thomson et de l'industrie de defense merite mieux.
M. Jean-Pierre Brard. Mieux qu'un franc, en tout cas !
M. le ministre de l'economie et des finances. Il s'agit aussi de l'emploi des personnes qui travaillent dans ces differentes entreprises.
M. Gerard Saumade. Bradage !
M. le ministre de l'economie et des finances. Il n'y a pas de bradage. Il y a un effort de recapitalisation de la part de l'Etat, certes, mais il y aura aussi un effort considerable d'investissement de la part de ceux qui entendent reprendre le controle de ce groupe pour en assurer la prosperite et preserver les emplois. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique. - Protestations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste.)
Auteur : M. Sarre Georges
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Materiels electriques et electroniques
Ministère interrogé : économie et finances
Ministère répondant : économie et finances
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 31 octobre 1996