Question au Gouvernement n° 1938 :
Afrique

10e Législature

Question de : M. Marchand Yves
- UDF

Question posée en séance, et publiée le 7 novembre 1996

M. le president. La parole est a M. Yves Marchand.
M. Yves Marchand. Ma question s'adresse a M. le ministre des affaires etrangeres et a M. le ministre delegue a la cooperation, au nom de la composante Force democrate de l'UDF. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
Une nouvelle fois, la France va devoir se faire l'avocat de l'Afrique, au nom de la defense non pas de son pre carre mais de la paix et de l'humanisme. Nous pensons que ce serait peut-etre le moment de le rappeler aux Etats-Unis d'Amerique et a M. Warren Christopher, alors qu'au Soudan des millions de personnes sont massacrees, des milliers d'autres deplacees pendant que des dizaines de milliers de femmes et d'enfants sont reduits en esclavage par une junte islamiste a visees terroristes. Dans le meme temps, la region des Grands Lacs, apres le Zaire, le Burundi, le Rwanda, est devenue une veritable poudriere et un million de personnes ont, la encore, ete deplacees.
Le continent africain n'est-il pas en train d'imploser ? Les grandes migrations qui ont lieu actuellement a travers l'Afrique ne prefigurent-elles pas des migrations ulterieures vers l'Europe, tant redoutees par ailleurs par nos compatriotes ?
Dans ces conditions, quelles dispositions la France peut-elle prendre sur le plan international pour assurer la stabilite de l'Afrique, garantie de notre securite ? En outre, ne serait-il pas necessaire de clarifier definitivement notre politique au Soudan et meme, plus largement, sur le continent africain ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
M. le president. La parole est a M. le ministre delegue a la cooperation.
M. Jacques Godfrain, ministre delegue a la cooperation. Monsieur le depute, il est vrai que la France, dans sa tradition d'humanisme, a ete souvent l'avocat de l'Afrique. Vous-meme l'avez ete dans un remarquable rapport sur la situation economique de ce continent, dont je vous remercie.
L'Afrique a des plaies: le Soudan et la region des Grands Lacs, que vous avez cites. L'Afrique a aussi des cicatrices: je pense a l'Erythree, a l'Afrique du Sud, a l'Angola, au Mozambique et au Cap-Vert, autant de pays qui ont su retrouver par eux-memes les chemins de la paix.
L'Afrique n'est donc pas si prete a imploser. L'Afrique francophone, notamment, est dans une situation qui peut etre citee comme exemplaire sur le plan economique, avec des taux de croissance qui depassent 5 %, une inflation maitrisee, et les multiples dispositions qui ont ete prises courageusement par les gouvernements africains de la zone du franc CFA permettent maintenant a cette region d'etre un vecteur economique pour le prochain siecle.
Mais il est vrai que, comme vous l'avez souligne, les plaies sont profondes. En ce qui concerne le Soudan, depuis le coup d'Etat islamiste de 1989, la cooperation francaise est suspendue, l'aide humanitaire francaise va directement aux populations qui souffrent, et la diplomatie francaise est tres active en ce qui concerne le sud Soudan.
S'agissant de la region des Grands Lacs, la France maintient avec force sa proposition visant a constituer une force internationale de securisation a but exclusivement humanitaire pour venir en aide aux populations refugiees ou deplacees. Cette proposition a ete faite a nos partenaires de l'Union europeenne, aux Etats-Unis et aux pays africains, qui doivent eux aussi s'impliquer en tant que voisins directement concernes par ce qui se passe dans l'Est du Zaire. Cette action conjointe se fera avec l'appui de l'ONU et de L'OUA. Toute la communaute internationale a ete sollicitee et demain matin, avec Xavier Emmanuelli, nous participerons a Bruxelles a la reunion extraordinaire des ministres charges du developpement et de l'action humanitaire.
Par la volonte du President de la Republique francaise et du Premier ministre, c'est la France qui, une fois de plus, va montrer aux populations errantes d'aujourd'hui les voies et les chemins de l'esperance. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)

Données clés

Auteur : M. Marchand Yves

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique exterieure

Ministère interrogé : coopération

Ministère répondant : coopération

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 7 novembre 1996

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