Question au Gouvernement n° 1942 :
Politique de l'emploi

10e Législature

Question de : M. Grandpierre Michel
- COM

Question posée en séance, et publiée le 7 novembre 1996

M. le president. La parole est a M. Michel Grandpierre.
M. Michel Grandpierre. Monsieur le ministre du travail et des affaires sociales, vous avez annonce, la semaine derniere, la resorption du deficit de la securite sociale pour les annees a venir. Comment pourriez-vous tenir votre engagement avec les plans de licenciements annonces ?
Si un frein n'est pas mis aux suppressions annoncees, 200 000 emplois vont encore disparaitre. Je cite, par exemple: 4 500 a la SNCF; 2 300 a l'education nationale; 3 000 a La Poste; 3 000 chez France Telecom; 8 000 dans les arsenaux; 8 500 au Credit lyonnais dans les cinq prochaines annees; 2 100 chez Moulinex; 4 000 a 5 000 pour Pechiney dans le monde.
Mme Martine David. Tout va bien !
M. Michel Grandpierre. Je peux encore evoquer, en reprenant les chiffres fournis par le comite departemental de la formation professionnelle, de la promotion sociale et de l'emploi de Seine-Maritime pour le premier semestre 1996 a propos des emplois supprimes: 85 chez Vallourec a Deville-les-Rouen; 45 chez Vinko a Dieppe; 105 chez Hispano-Suiza au Havre; 94 chez Christofle a Yainville; 916 chez Renault en Seine-Maritime.
Des dizaines de milliers d'hommes, de femmes, de jeunes sont ainsi sacrifies au profit de la rentabilite financiere !
Quelles mesures allez-vous mettre en oeuvre pour que l'argent serve a l'emploi, car de l'argent, il y en a ?
La publication des 400 plus grosses fortunes professionnelles («Ah» sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique) en temoigne: 91 familles s'accaparent 350 milliards de francs, 35 000 milliards de centimes ! Pour s'enrichir, mieux vaut vendre les machines et les hommes que d'investir dans la production !
Ce que les Francais attendent, y compris pour resorber le deficit de la securite sociale, ce sont des mesures concretes contre le chomage: allez-vous, monsieur le ministre, decider d'un moratoire contre les licenciements, premiere mesure d'urgence pour lutter contre le chomage ? (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et sur quelques bancs du groupe socialiste.)
M. le president. La parole est a M. le ministre du travail et des affaires sociales.
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Monsieur Grandpierre, est-ce aider les Francais que de les conforter dans des raisonnements simplistes et de ne pas leur dire la verite ? (Exclamations sur les bancs du groupe communiste et du groupe socialiste. - Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
M. Jacques Brunhes. Nous disons la verite !
Mme Martine David. Les chiffres sont vrais !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. Vous savez bien que nous faisons des economies de fonctionnement afin de pouvoir investir et de preparer l'avenir des jeunes generations.
M. Michel Grandpierre. Le chomage continue de progresser.
M. le ministre du travail et des affaires sociales. Lorsque nous demandons ces efforts d'adaptation, c'est seulement pour preserver nos entreprises, eviter qu'elles soient reprises par des entreprises etrangeres et faire en sorte qu'elles restent sous pavillon francais.
M. Paul Mercieca. Thomson, par exemple !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. Cela ne devrait pas vous laisser insensibles.
Au lieu d'imaginer des lignes Maginot illusoires, ...
M. Christian Bataille. N'importe quoi !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. ... il vaut mieux essayer de regler les problemes au jour le jour en tenant compte des personnes et en faisant en sorte de preserver leur avenir. C'est cela qui compte et non pas les slogans simplistes...
M. Christian Bataille. Faites des reponses sensees !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. ... qui deforment la verite. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)

Données clés

Auteur : M. Grandpierre Michel

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Emploi

Ministère interrogé : travail et affaires sociales

Ministère répondant : travail et affaires sociales

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 7 novembre 1996

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