UEM
Question de :
M. Gremetz Maxime
- COM
Question posée en séance, et publiée le 7 novembre 1996
M. le president. La parole est a M. Maxime Gremetz.
M. Maxime Gremetz. Des slogans simplistes, M. Barrot en a de fameux ! («Tres bien !» sur les bancs du groupe communiste et du groupe socialiste. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
Monsieur le Premier ministre, les Francaises et les Francais expriment avec raison leur colere contre les sacrifices que vous leur imposez avec la mise en oeuvre du traite de Maastricht et la marche forcee vers la monnaie unique. Ils n'acceptent pas la baisse de leur pouvoir d'achat, l'amputation des budgets sociaux. Ils n'acceptent pas que l'Etat supprime des milliers d'emplois dans la fonction publique. Ils n'acceptent pas les privatisations, la dereglementation et les delocalisations qui conduisent a des suppressions massives d'emplois.
Avec votre politique, monsieur le Premier ministre, les jeunes, pour la premiere fois dans notre pays, vivent plus mal que leur parents, ce qui est tout simplement inacceptable.
Neanmoins, vous etes parfois contraint de prendre en compte l'opinion publique et le puissant mecontentement des jeunes, des chomeurs, des salaries et des retraites. Ainsi, l'action des cheminots et des usagers vous a oblige a reporter votre projet de loi sur la SNCF. La population et les salaries de Valeo ont impose une solution francaise pour leur entreprise. De meme, 60 % des Francaises et des Francais vous ont contraint a accepter un debat sur Thomson.
Malheureusement, nous le savons bien, malgre la protestation et les luttes, vous persistez dans le choix de la soumission aux marches financiers speculatifs et a la Bundesbank. Avec l'arrimage du franc au mark, la mise en oeuvre des criteres de convergence pour la monnaie unique brade la France, ses atouts, ses industries, ses technologies et ses regions.
Le peuple francais, monsieur le Premier ministre, veut etre consulte sur ce qui engage la France, sa liberte, sa souverainete, sa maniere de vivre et sur son avenir.
M. Jean-Luc Reitzer. La question !
M. Maxime Gremetz. Monsieur le Premier ministre, allez-vous entendre l'exigence exprimee par sept Francais sur dix ? Allez-vous, comme s'y s'etait engage le President de la Republique, consulter le peuple francais par voie de referendum sur le passage a la monnaie unique ? N'attendez pas, monsieur le Premier ministre, que cette exigence s'impose contre vous. (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste.)
M. le president. La parole est a M. le ministre de l'economie et des finances.
M. Jean Arthuis, ministre de l'economie et des finances. Monsieur le depute, en matiere de formules simplistes, vous etes un maitre !
Vous vous etes interroge sur le devenir des jeunes, et telle est bien la vraie question. Mais avons-nous d'autres perspectives a offrir a nos jeunes que d'avoir a rembourser nos dettes collectives parce que nous aurions laisse deriver le deficit public ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
Nous ne devons pas nous payer de mots, monsieur le depute. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste.)
M. Maxime Gremetz. Allez-vous consulter ?
M. le ministre de l'economie et des finances. Nous devons mettre de l'ordre dans nos finances publiques. C'est ainsi que l'on construit l'avenir. Cessez donc de mettre en accusation l'euro et la monnaie unique.
Nous voulons reduire nos deficits publics parce que nous n'avons pas d'autre choix.
M. Maxime Gremetz. Consultez !
M. le ministre de l'economie et des finances. Vous mettez, semble-t-il, en opposition le passage a la monnaie unique et la souverainete nationale.
M. Didier Boulaud. Vous l'avez bradee !
M. le ministre de l'economie et des finances. Mais, dites-moi, la souverainete nationale peut-elle s'accommoder du deficit public chronique et d'un endettement public massif ? Il n'est pas de liberte, il n'est pas de souverainete dans le surendettement. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
M. Maxime Gremetz. Allez-vous consulter ?
M. le ministre de l'economie et des finances. Monsieur le depute, les Francais se sont prononces par voix de referendum au mois de septembre 1992. Le choix a ete fait. Il nous appartient d'etre consequents.
Nous avons besoin de stabilite, notamment en matiere monetaire. Nous avons besoin de parites monetaires, de parites de changes qui nous donnent les taux d'interet les plus faibles possible. C'est cela qui permettra le retour de la confiance, de l'investissement, de la croissance et de l'emploi. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
Auteur : M. Gremetz Maxime
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politiques communautaires
Ministère interrogé : économie et finances
Ministère répondant : économie et finances
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 7 novembre 1996