Zaire
Question de :
M. Fuchs Jean-Paul
- UDF
Question posée en séance, et publiée le 13 novembre 1996
M. le president. La parole est a M. Jean-Paul Fuchs.
M. Jean-Paul Fuchs. Mesdames, messieurs, en ce moment des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de personnes agonisent au Zaire. Elles meurent de faim, du cholera ou de dysenterie. Il est scandaleux que la communaute internationale ne soit pas encore intervenue. Il est scandaleux que certains pays europeens, que les Etats-Unis aient semble si longtemps indifferents. Peut-on, dans ces conditions, croire en l'homme, en sa sagesse, en son sens de la solidarite ?
Ce n'est pas le moment d'etablir les responsabilites accumulees en vingt-cinq ans dans cette region, dans ce «chaudron». De plus, il est tres difficile de predire l'avenir, mais il faut agir ! Il faut sauver des enfants, des femmes et des hommes innocents. Monsieur le ministre des affaires etrangeres, pourquoi la communaute internationale est-elle paralysee ? Que fait la France ? Que va-t-elle faire ? Il y va de notre dignite. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique et sur divers bancs du groupe socialiste et du groupe communiste.)
M. le president. La parole est a M. le ministre des affaires etrangeres.
M. Herve de Charette, ministre des affaires etrangeres. L'emotion que vous venez d'exprimer, monsieur le depute, est celle de tous les membres de cette assemblee, celle du peuple francais. C'est aussi celle du Gouvernement, n'en doutez pas.
Un million de femmes, d'enfants, d'hommes, chasses de leurs camps de refugies ou de leurs villages par la guerre, par les troubles, errent, la peur au ventre, sur les chemins de l'Afrique centrale et personne ne sait quelle est exactement leur situation aujourd'hui parce que les cameras de television n'ont pas acces a cette region. Mais lorsqu'elles seront les temoins de cette situation, l'emotion sera grande, je n'en doute pas.
Depuis maintenant une semaine, le President de la Republique, le Gouvernement et moi-meme frappons a toutes les portes pour que la communaute internationale intervienne. La France a marque qu'elle etait volontaire pour participer a l'operation avec des forces propres a assurer la securite des organisations non gouvernementales, des organisations humanitaires. Vous deplorez la lenteur des reactions. Comment dire le contraire ? Neanmoins, a l'heure ou nous parlons, les choses progressent plus vite, me semble-t-il. Il n'est que temps d'ailleurs. L'Espagne, puis l'Italie, la Hollande, l'Irlande, qui preside l'Union europeenne, ont marque leur determination. Bien entendu, c'est d'abord de l'Afrique que nous attendons la principale initiative, car c'est d'elle qu'il s'agit.
Enfin, nous pensons que la participation des Etats- Unis est indispensable dans la mesure ou chaque membre de la communaute internationale doit assumer ses responsabilites. J'espere que, dans les heures qui viennent, nous aurons les reponses que nous attendons, que le Conseil de securite pourra enfin se reunir et prendre la decision qui s'impose au regard des valeurs qu'ici meme nous defendons toujours ensemble. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
Auteur : M. Fuchs Jean-Paul
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique exterieure
Ministère interrogé : affaires étrangères
Ministère répondant : affaires étrangères
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 13 novembre 1996