Personnel
Question de :
M. Bariani Didier
- UDF
Question posée en séance, et publiée le 27 novembre 1996
M. le president. La parole est a M. Didier Bariani.
M. Didier Bariani. Monsieur le ministre de l'interieur, les agressions perpetrees de plus en plus frequemment contre la police, les veritables appels au meurtre lances recemment a son encontre sous couvert de creation artistique et de liberte d'expression, le viol insupportable d'une femme policier - parce qu'elle est policier -, donnent l'impression d'une remise en cause de l'ordre civique.
La vague de suicides dans la profession est impressionnante, soixante-trois policiers s'etant malheureusement donne la mort depuis le debut de l'annee. Une marche silencieuse de solidarite est organisee ce soir a dix-huit heures a l'initiative de nos collegues Alain Marsaud et Michel Voisin, devant le monument aux morts des policiers morts en service.
En atteignant ceux qui ont pour mission d'assurer la securite, on a l'impression que l'on cherche a toucher l'ensemble des citoyens, a les inquieter, a les destabiliser dans leur vie personnelle, dans leur vie familiale, voire dans leur vie professionnelle.
Sans doute la police peut-elle parfois, comme tous les autres corps investis d'une mission publique, connaitre des manquements, des defaillances ou des problemes d'organisation de son temps de travail. Mais, a l'evidence, on ne sera a meme de prendre les dispositions necessaires que si la police se sent moins vulnerable dans sa mission, confortee et reconnue dans son role, soutenue psychologiquement dans les situations humainement eprouvantes, et cela particulierement dans les quartiers sensibles.
C'est pourquoi je vous demande, monsieur le ministre de l'interieur, de bien vouloir m'indiquer les mesures que vous comptez prendre pour que la police puisse accomplir sa mission dans des conditions normales dans un Etat republicain. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
M. le president. La parole est a M. le ministre de l'interieur.
M. le ministre de l'interieur. Monsieur le depute, la fonction de policier est une fonction difficile et delicate.
Jamais je ne laisserai injustement attaquer ou calomnier des policiers. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
Chaque fois qu'il y aura de telles attaques, je reagirai.
A ma demande, le garde des sceaux a, depuis dix-huit mois, fait ouvrir ou ordonne quatorze enquetes ou instructions judiciaires en vue de poursuivre des outrages ou des diffamations a l'egard de policiers.
Qu'on le sache: nous continuerons a agir ainsi ! (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
Par ailleurs, une reforme tres importante est en cours. Cette reforme, que j'ai voulue, concerne les cycles de travail de la police.
Dans la quasi-totalite des departements ont ete mis en place des comites techniques paritaires qui doivent statuer sur les cycles de travail: il s'agit de passer du cycle 3-2 au cycle 4-2. Il ne s'agit pas de travailler plus, mais de travailler differemment. Ainsi que l'ont montre tous les rapports des medecins, le cycle 3-2 a des consequences tres graves sur la vie du fonctionnaire.
Aujourd'hui, dans toute la France, une trentaine de comites techniques paritaires ont deja choisi de changer de cycle. Cette reforme se fait lentement, sereinement, sans tapage, mais elle va transformer la vie au sein de la police nationale. («Ah !» sur plusieurs bancs du groupe socialiste.) Eh oui, messieurs les socialistes, je reviens sur vos erreurs !
Par ailleurs, depuis dix-huit mois nous developpons une concertation sans precedent avec la police.
M. Christian Bataille. C'est de l'autosatisfaction !
M. le ministre de l'interieur. Au printemps dernier, a l'occasion d'une tournee dans toute la France, le directeur general de la police nationale ainsi que les directeurs des differents services de police ont dialogue avec pres de 10 000 fonctionnaires. Pour ma part, j'ai recu les 2 200 commissaires de police - c'etait la premiere fois que cela se faisait - pour examiner avec eux comment on peut pratiquement ameliorer la vie quotidienne des fonctionnaires dans les commissariats. J'ai recu l'ensemble des responsables des unites de CRS pour voir comment ameliorer les conditions de travail dans leur unite. J'ai augmente les vacations des assistantes sociales et des psychologues pour aider les policiers.
Bref, le ministere de l'interieur, avec l'ensemble des directeurs, a engage un dialogue social (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste), qui doit permettre a la police de travailler mieux et dans de meilleures conditions, donc d'ete plus efficace. Cela vous est completement egal, messieurs les socialistes, vous qui avez brade la police pendant quatorze ans ! (Protestations sur les memes bancs.) Nous, nous faisons en sorte qu'elle reste une police nationale, republicaine et efficace ! (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
Auteur : M. Bariani Didier
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Police
Ministère interrogé : intérieur
Ministère répondant : intérieur
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 27 novembre 1996