Question au Gouvernement n° 2107 :
Jeunes

10e Législature

Question de : M. Bocquet Alain
- COM

Question posée en séance, et publiée le 15 janvier 1997

M. le president. La parole est a M. Alain Bocquet.
M. Alain Bocquet. Ma question s'adresse a M. le Premier ministre.
L'actualite urgente, c'est le chomage et les drames qu'il engendre. Le chomage a augmente de 5 % l'an dernier. La proportion des jeunes de moins de vingt-cinq ans qui en sont victimes approche un tiers. L'emploi est plus que jamais une priorite nationale.
A EDF-GDF, c'est la reduction du temps de travail a trente-deux heures sans perte de salaire qui est en jeu.
Dans les transports urbains, les salaries, qui ont un travail particulierement penible, reclament la retraite a cinquante-cinq ans.
Ce sont des dispositions justifiees, qui ont l'assentiment de deux Francais sur trois.
Comment creer des emplois sans mettre en oeuvre des propositions telles que l'abaissement de l'age du droit a la retraite, la reduction du temps de travail ou l'augmentation du pouvoir d'achat, un des facteurs de la relance ?
Ces questions sont directement liees aux graves difficultes de tres nombreux jeunes, souvent diplomes, qui doivent beneficier d'urgence d'une creation massive d'emplois stables et bien remuneres.
Cet objectif doit devenir pour les entreprises le critere absolu pour recevoir des fonds publics de toute nature. Il ne suffit pas, en effet, de faire des declarations d'intention, comme celle de M. le President de la Republique, qui annonce dans ses voeux pour 1997 qu'elle serait l'annee de la priorite a l'emploi des jeunes; il faut des actes.
Tous attendent des mesures concretes et des engagements precis.
Mais le tir de barrage que votre majorite et le CNPF opposent actuellement a l'aspiration montante a la retraite a cinquante-cinq ans temoigne du contraire. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
Plusieurs deputes du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre. Demago !
M. le president. Mes chers collegues, je vous en prie ! Laissez parler M. Bocquet !
M. Alain Bocquet. Monsieur le Premier ministre, acceptez-vous d'inscrire rapidement a l'ordre du jour de l'Assemblee nationale un debat sur la grande question nationale de l'emploi des jeunes, comme je vous l'ai propose au nom du groupe communiste ? (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et sur quelques bancs du groupe socialiste.)
M. le president. La parole est a M. le ministre du travail et des affaires sociales.
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Monsieur Bocquet, soyez certain que la preoccupation que vous venez d'evoquer a ete au centre des entretiens que nous avons eus au cours de la semaine derniere avec toutes les organisations syndicales.
Je crois pouvoir dire - monsieur le president, vous avez vous-meme presente vos voeux a l'Assemblee - que, s'il y a bien un voeu qui nous reunit tous, c'est celui de voir un plus grand nombre de jeunes Francais trouver leur premiere insertion.
Monsieur Bocquet, retraite a cinquante-cinq ans pour tous les Francais et, dans le meme temps, arrivee de jeunes dans la vie active: nous sentons bien, les uns et les autres, ce que ce parallele a d'illusoire.
Mme Muguette Jacquaint. On n'a pas dit ca !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. Dans un premier temps, cela permettrait peut-etre a des jeunes de travailler; dans un second temps, cela voudrait dire, vous le savez bien, des charges plus lourdes sur les actifs (Exclamations sur les bancs du groupe communiste), c'esta-dire des emplois plus chers, meme si les remunerations demeurent les memes, et, par consequent, a moyen terme, moins d'emplois ! Nous n'avons pas le droit, au moment ou il faut «encercler» le chomage par toute une serie de dispositifs qui se completent les uns les autres,...
M. Jean-Claude Lefort. Il ne s'agit pas de l'«encercler» ! Il faut le combattre !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. ... de laisser le pays rever d'une solution miracle. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
Nous devons, certes, tenir compte de certaines situations. C'est vrai qu'il y a ici ou la des metiers penibles, que des gens ont cotise quarante ans.
Et, dans le dispositif de l'ARPE, on en a tenu compte.
Il est exact aussi que, pour certains, le temps effectif de travail - je pense aux chauffeurs routiers - est incontestablement beaucoup plus eleve que pour d'autres. Mais, pour ceux-la, il y a des solutions, comme la preretraite progressive.
La France est le pays ou le taux d'activite des Francaises et des Francais entre cinquante-cinq ans et soixante ans est le plus bas d'Europe. Cela signifie-t-il que nous pouvons laisser penser qu'a partir de cinquante-cinq ans on n'est plus habilite a avoir sa part dans la vie active et dans la vie professionnelle ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
Franchement, ne cherchons pas, au debut de cette annee, a opposer les Francais avec des slogans qui ne sont pas serieux ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)

Données clés

Auteur : M. Bocquet Alain

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Emploi

Ministère interrogé : travail et affaires sociales

Ministère répondant : travail et affaires sociales

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 15 janvier 1997

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