Question au Gouvernement n° 2127 :
Afrique

10e Législature

Question de : M. Brard Jean-Pierre
- COM

Question posée en séance, et publiée le 16 janvier 1997

M. le president. La parole est a M. Jean-Pierre Brard.
M. Jean-Pierre Brard. Monsieur le Premier ministre, la crise dans l'est du Zaire et dans la zone des grands lacs a demontre a quel point la politique menee par votre Gouvernement avait porte prejudice a notre pays. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
Vous soutenez un tyran corrompu, M. Mobutu, dont le peuple souffre.
La semaine derniere, dans les rues de Bangui deux soldats francais sont morts...
Plusieurs deputes du groupe du Rassemblement pour la Republique. Assassines !
M. Jean-Pierre Brard. ... et l'on a denombre des dizaines de victimes dans la population de la capitale centrafricaine.
Qu'il s'agisse des soldats francais ou des dizaines de victimes civiles, cela releve de votre responsabilite. (Vives protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
M. Charles Ehrmann. Lamentable !
M. Jean-Pierre Brard. Dans le journal La Croix un officier francais declare que, si les troupes francaises se retiraient, les forces fideles au president ne resisteraient pas deux heures face aux mutins. Il a meme ajoute que tous les bons elements etaient de l'autre cote. Mais voila: vous avez rompu avec la politique de decolonisation dans laquelle le general de Gaulle (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre) avait engage la France, donnant un nouveau rayonnement a notre pays. Vous avez renoue avec les pires traditions coloniales. (Protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
Aujourd'hui, vous soutenez en Republique centrafricaine M. Patasse, president rejete par son peuple. Mais voila, M. Patasse est a votre devotion, a votre botte, monsieur le Premier ministre. (Memes mouvements.)
M. le president. Allons ! Un peu de calme !
M. Jean-Pierre Brard. Aussi bien ne voulez-vous pas entendre le peuple centrafricain et les partis politiques qui expriment ses aspirations. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre. - Claquements de pupitres.) Il faut rompre avec cette politique, monsieur le Premier ministre.
La question que je pose est simple. («Ah !» sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
M. le president. Voila qui tombe bien ! (Sourires.)
M. Jean-Pierre Brard. Je constate, monsieur le president, que vous etes tres attentif, ce qui ne m'etonne pas. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
M. le president. Je suis attentif a mon chronometre ! (Sourires.)
M. Jean-Pierre Brard. Monsieur le Premier ministre, allez-vous continuer a appuyer des chefs d'Etat discredites, plus interesses par leurs comptes en Suisse que par le developpement de leur peuple ?
Allez-vous renoncer a faire intervenir l'armee francaise quand les peuples veulent se saisir de leur destin ? (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et sur divers bancs du groupe socialiste.)
M. le president. La parole est a M. le ministre delegue a la cooperation.
M. Jacques Godfrain, ministre delegue a la cooperation. Monsieur Brard, je pensais, en entendant le debut de votre question, que vous alliez, au moins, rendre hommage aux deux soldats francais, morts pour la paix... (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.) Puisque vous avez omis de le faire...
Un depute du groupe du Rassemblement pour la Republique. Ils ont ete assassines !
M. Jean-Pierre Brard. J'ai dit qu'ils etaient vos victimes !
M. le ministre delegue a la cooperation. ... je le fais moi, malgre vous, et au nom de toute cette assemblee.
M. Jean-Pierre Brard. C'est votre responsabilite !
M. le ministre delegue a la cooperation. Permettez-moi egalement de vous dire que tous les presidents de l'Afrique francophone ont ete elus au suffrage universel. Par notre intervention, pour assurer la paix et la mediation en Republique centrafricaine, nous avons manifeste notre respect et notre defense du suffrage universel.
M. Jean-Michel Ferrand. Les communistes ne savent pas ce que c'est !
M. le ministre delegue a la cooperation. Je precise donc que les quatre chefs d'Etat africains actuellement charges de la mediation ont tous ete elus au suffrage universel et que l'armee francaise qui se trouve a Bangui est une armee d'interposition, pour eviter le pire.
Pour terminer, permettez-moi d'ajouter que, si l'armee francaise n'etait pas intervenue lors de la premiere mutinerie, des centaines de civils auraient ete tues. De toute la communaute internationale, Organisation de l'unite africaine - Nations unies, Etats-Unis, Japon, Union europeenne - nous sont d'ailleurs parvenus des temoignages de remerciement et meme de felicitation.
M. Jean-Pierre Brard. Ce n'est pas vrai !
M. le ministre delegue a la cooperation. Que le groupe communiste condamne l'intervention francaise ne m'etonne pas. Il n'empeche que cette intervention tend a assurer la pacification des esprits et la democratie. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)

Données clés

Auteur : M. Brard Jean-Pierre

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique exterieure

Ministère interrogé : coopération

Ministère répondant : coopération

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 16 janvier 1997

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