Question de : M. Boulaud Didier
- SOC
Question posée en séance, et publiée le 29 janvier 1997

M. le president. La parole est a M. Didier Boulaud.
M. Didier Boulaud. Monsieur le president, mes chers collegues, ma question s'adresse a M. le ministre de l'education nationale.
Monsieur le ministre, apres la suppression de 5 000 postes d'enseignants dans le budget de 1997, voici qu'on nous annonce une reduction massive du recrutement de nouveaux professeurs: 20 % de moins qu'en 1996, soit plus de 3 000 postes en moins, agregation, CAPES et CAPET confondus.
Desormais, les choses sont claires: l'education ne reste une priorite du Gouvernement que dans les intentions, tout comme la lutte contre la violence a l'ecole dont on nous rebat les oreilles, sans se donner les moyens d'y faire face.
Ainsi, seulement 400 postes de conseillers principaux d'education et 50 postes de conseillers d'orientation psychologues sont prevus, alors que vous avez ose pretendre que 1997 serait l'annee de l'orientation.
C'est une bien etrange politique d'education que vous menez. Il y a quatre ans que vous etes ministre de l'education nationale et le constat est desormais evident: c'est l'incapacite a prevoir et a anticiper qui caracterise votre ministere. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.) Mais sur ce coup-la, monsieur le ministre, vous aurez du mal a convaincre les syndicats et les enseignants que vous allez enfin regler le probleme des maitres auxiliaires !
Ma question est donc simple: pour vous justifier, qu'allez-vous trouver a dire aux jeunes restes en France et qui n'envisagent pas de devenir boulangers au Japon, a ces jeunes qui, depuis des annees, preparent des concours difficiles a l'universite et voient maintenant les portes se fermer devant eux ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le president. La parole est a M. le ministre de l'education nationale, de l'enseignement superieur et de la recherche.
M. Francois Bayrou, ministre de l'education nationale, de l'enseignement superieur et de la recherche. Il est vrai, monsieur Boulaud, qu'en matiere de difficultes a prevoir ou a organiser l'avenir, vous en connaissez un rayon ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Didier Boulaud. Vous etes ministre depuis quatre ans !
M. le ministre de l'education nationale, de l'enseignement superieur et de la recherche. Je prends donc votre parole pour parole d'expert.
Mais venons-en a des choses plus serieuses.
Lorsqu'on indique, comme vous le faites, que le nombre de postes aux concours est en baisse, il faut aussi avoir le courage de reconnaitre qu'entre le nombre annonce et la realite des recrutements, il y a une difference considerable.
M. Jean-Yves Le Deaut. Allez le dire aux jeunes !
M. le ministre de l'education nationale, de l'enseignement superieur et de la recherche. En realite, l'annee derniere comme les deux annees precedentes, quel que soit le nombre de postes affiche, le niveau du recrutement s'est situe entre 15 000 et 16 000. Autrement dit, les listes de postes aux concours etaient tres fournies, mais le niveau du recrutement a ete beaucoup plus faible.
Nous maintenons cette annee 25 000 postes ouverts aux concours, a comparer aux 15 000 a 16 000 recrutements effectifs des annees precedentes. C'est dire que nous ne faisons que rapprocher l'affichage de la realite. («Bla ! bla !» sur les bancs du groupe socialiste.) C'est une mise au clair de nos methodes de recrutement. Tous ces chiffres, les syndicats, que vous citez, les connaissent parfaitement et ils vous les confirmeront si vous le souhaitez.
Nous sommes, bien entendu, dans un contexte de stabilisation des effectifs.
M. Louis Mexandeau. De reduction !
M. le ministre de l'education nationale, de l'enseignement superieur et de la recherche. Mais il n'est pas vrai qu'il y ait une baisse du recrutement. Les chiffres que je vous communiquerai sous le sceau du ministere l'attesteront. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)