Question au Gouvernement n° 2232 :
Chomage

10e Législature

Question de : M. Berson Michel
- SOC

Question posée en séance, et publiée le 20 février 1997

M. le president. La parole est a M. Michel Berson.
M. Michel Berson. Monsieur le Premier ministre, tout debat sur l'emploi, tout combat contre le chomage exige une information honnete, fiable et lisible. Or le nombre des demandeurs d'emploi recenses par l'ANPE ne reflete pas la situation reelle du chomage en France. Aujourd'hui, sont a la recherche d'un emploi non pas 3 millions de personnes, comme l'indiquent les statistiques officielles, mais bien de 5 millions, comme l'affirment l'ensemble des economistes. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
Les 280 000 demandeurs d'emploi travaillant moins de 78 heures par mois, les 400 000 CES, les 330 000 chomeurs en stage, les 270 000 chomeurs dispenses de recherche d'emploi sont de vrais chomeurs, que vous oubliez deliberement de mentionner.
Parce que vous etes devenu, monsieur le Premier ministre, un specialiste du «bidouillage» des statistiques ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste. - Protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
Parce que, monsieur le Premier ministre, votre objectif est de limiter coute que coute, par tous les moyens, le nombre des chomeurs a 3 millions.
Le developpement de la flexibilite du travail, l'emergence de la precarite, le decouragement croissant des chomeurs qui abandonnent leur recherche d'emploi vous obligent aujourd'hui a elargir la definition du chomage, dont la realite economique, sociale, humaine a profondement change.
M. Jean-Paul Anciaux. Mensonge !
M. Michel Berson. Etes-vous pret, monsieur le Premier ministre, a reconnaitre la realite du chomage dans notre pays, et a dire la verite aux Francais ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le president. La parole est a M. le ministre du travail et des affaires sociales.
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Monsieur Berson, certaines additions sont faites a partir d'amalgames hautement discutables. On ne peut pas additionner les gens qui sont en formation, ceux qui sont inscrits a l'Agence nationale pour l'emploi et ceux qui sont en periode de transition, car l'amalgame aboutit a des conclusions fort contestables.
Monsieur Berson, vous etes un ancien parlementaire,...
M. Didier Boulaud. Et M. Barrot sera bientot un ancien ministre !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. ... et vous devez avoir le souvenir de polemiques anterieures. C'est a cause de celles-ci que, en 1986, M. Malinvaud a ete charge d'etablir des indicateurs, lesquels servent aujourd'hui a l'INSEE. Il s'agit d'indicateurs durables dans le temps, conformes a la fois aux normes en vigueur dans les autres pays de l'Union europeenne et aux conventions internationales.
M. Didier Boulaud. Blablabla !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. Monsieur le president, vous etiez a l'epoque charge de ces dossiers difficiles, et je vous sais gre d'avoir dote la France d'indicateurs precis en ce domaine.
M. Didier Boulaud. Blablabla !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. Monsieur Berson, on ne peut pas faire du probleme du chomage, notamment du chiffre des demandeurs d'emploi, un sujet de polemique permanent dans une democratie digne. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
Lorsque, certains mois, j'ai annonce des chiffres du chomage en hausse,...
M. Michel Fromet. Aujourd'hui, il y a cinq millions de chomeurs !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. ... je n'ai pas cherche a dissimuler quoi que ce soit. Et quand les chiffres ont ete meilleurs, je n'ai pas cherche non plus a en tirer politiquement parti.
Je considere qu'il s'agit la d'un debat trop serieux pour donner lieu a des polemiques bassement partisanes. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.) Nous avons tous un devoir de verite, envers les Francais. Pour ma part, je m'y tiens rigoureusement. (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)

Données clés

Auteur : M. Berson Michel

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Emploi

Ministère interrogé : travail et affaires sociales

Ministère répondant : travail et affaires sociales

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 20 février 1997

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